Ascanio in Alba
Le plus rare des opéras de Mozart – peut-être pour cette raison réputé impossible à mettre en scène – est une Festa teatrale au livret il est vrai assez abscons et à l'action sinon pauvre, du moins assez peu dramatique. De là à vouloir expérimenter, il n'y a qu'un pas – hélas – vite franchi par le tout jeune David Hermann. Qu'on ne s'y trompe pas en voyant la jaquette du DVD : l'apparition du Faune sur une balançoire devant un rideau rococo n'est qu'une brève citation qui ne saurait faire oublier les clodettes épileptiques de Vénus ou les bergers moustachus se balançant d'un pied sur l'autre en pull écossais rose et vert, une fougère en pot à la main.
L'étrangeté d'Ascagne, « plante » de Vénus, pourquoi pas ? Quant à le faire rouler des yeux ronds au milieu d'un sac de couchage dans lequel il n'arrive pas à tenir debout
Du coup, le spectacle peine à être prenant, et l'originalité quasi archaïque de l'oeuvre souffre d'un univers contemporain ni sobre ni allégorique ni mystérieux.
L'Orchestre du Nationaltheater Mannheim est dirigé avec beaucoup de brio et de couleurs par un Adam Fischer inspiré et cursif, mais le plateau reste assez moyen. Si l'éblouissante Diana Damrau domine de très haut les difficultés du rôle du Faune, on ne peut pas en dire autant de Marie-Belle Sandis, aux prises avec un timbre peu séduisant et une émission sans finesse, sans le charme de la nymphe Silvia. Charles Reid est un peu à l'étroit dans l'agilité d'Aceste, et Iris Kupke n'est pas une Vénus des plus suggestives, mais du moins affiche-t-elle une grande santé vocale.
Reste L'Ascagne de Sonia Prina, voix masculine à s'y méprendre, et présence scénique très engagée, qui parvient presque à rendre les innombrables trébuchements et autres gesticulations de son personnage crédibles. Des choeurs moyens et souffrant très mal les gros plans achèvent de rendre pénible une production que l'on eût souhaitée rafraîchissante.
Thomas COUBRONNE
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Ascanio in Alba, festa teatrale en deux parties, K. 111 (1771)
Livret de Giuseppe Parini
Iris Kupke (Venere)
Sonia Prina (Ascanio)
Marie-Belle Sandis (Silvia)
Charles Reid (Aceste)
Diana Damrau (Fauno)
Christian Banzhaf (Voyager I)
Katharina Vötter (Voyager II)
Chor des Nationaltheaters Mannheim
Orchester des Nationaltheaters Mannheim
direction : Adam Fischer
mise en scène et dialogues : David Hermann
décors et costumes : Christof Hetzer
chorégraphie : Rosemary Neri
préparation des choeurs : William Spaulding
Enregistrement : Salzburg, Landestheater, 03-05/08/2006
1DVD Deutsche Grammophon « Mozart 22 » 073 4229
| | |