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| DOSSIERS |
29 avril 2024 |
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Cinq questions à Enrico Corregia
Enrico Correggia fait partie de ces artistes discrets qui ont nourri leur parcours d'expériences multiples : pédagogue, directeur artistique, compositeur, il écrit actuellement un opéra, Solaris, et un requiem sur des poésies de Dylan Thomas. Son oeuvreLa nuit obscure a été donnée mercredi dernier dans le cadre du festival Présences.
La musique est souvent considérée comme d'abord au service du divertissement et du plaisir, qu'en pensez-vous ?
Je ne peux pas considérer la musique au service du divertissement et du plaisir. La musique, la vraie musique, est philosophie, religion, pensée. Comme disait Cesare Pavese, l'art est une défense contre les offenses de la vie. Je ne pourrais pas être artiste si l'art ne remplissait pas mon existence. Pour s'amuser, il y a beaucoup d'autres choses plus banales.
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La musique a longtemps eu une fonction sociale. Pour vous, est-ce encore le cas, ou la création musicale vous semble-t-elle avoir un tout autre but ? Si c'est le cas, pourriez-vous résumer le moteur de votre travail artistique ?
Je ne crois pas que la musique ait une fonction sociale. J'écris seulement pour moi, car je sens l'envie d'écrire, et car écrire est ma raison d'être.
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La disparition des écoles dominantes n'a sans doute pas supprimé le jeu des influences. Dans votre parcours, quels compositeurs ont compté particulièrement et pour quelles raisons ?
Dans mon parcours artistique, les compositeurs qui ont compté particulièrement sont Scelsi et surtout Ligeti, pour la raison qu'ils n'ont pas suivi la mode dominante mais seulement leur inspiration créant de la musique tout à fait nouvelle et humaine.
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Comment vivez-vous le désintérêt relatif du public traditionnel de la musique classique, comme du "grand public", pour la création contemporaine ?
Je vis très mal le désintérêt du public pour la musique contemporaine, car je suis aussi organisateur de concerts. Mais je pense que la faute incombe au public, mais aux compositeurs d'aujourd'hui qui pensent être des génies pour l'unique raison qu'ils écrivent de la musique. Je garde une grande confiance dans le public. Quand j'obtiens cinq minutes d'applaudissements pour ma pièce Galaxies à l'auditorium de la Radio de Turin, devant une audience de mille personnes, j'ai l'impression d'avoir écrit une oeuvre valable. La question est que la musique contemporaine manque souvent de générosité. Avec notre ensemble on a joué centaines de pièces contemporaines, mais à la fin de l'exécution, il ne nous restait qu'un un grand vide dans notre esprit.
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Compte tenu de cette désaffection relative, à quelles conditions économiques êtes-vous confronté dans votre création ?
Comme je l'ai dit précédemment, La question économique ne m'intéresse pas.
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