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DOSSIERS 24 avril 2024

Les cadeaux de Noël 2004 d'Altamusica
© Pierre Bretagnolle

A l'approche de fêtes de fin d'année accourant au grand galop, Altamusica a voulu donner un petit coup de pouce à ceux qui ne savent pas trop quoi offrir à leurs amis mélomanes au milieu de la pléthore des références disponibles sur le marché français. Voici donc une avalanche de CD et DVD qui nécessiteront quelques deniers. A tous nos internautes-lecteurs, un très Joyeux Noël !
 

Le 17/12/2004
Propos recueillis par Yannick MILLON
 
  • La sĂ©lection cadeaux de GĂ©rard Mannoni
  • La sĂ©lection cadeaux de Mehdi Mahdavi
  • La sĂ©lection cadeaux de Thomas Coubronne
  • La sĂ©lection cadeaux de Yutha Tep
  • La sĂ©lection cadeaux de Yannick Millon



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  • Un monument de granit

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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • Champagne de circonstance



    Concert du Nouvel An 2004
    Oeuvres de Johann Strauss père et fils, Joseph Lanner, Josef et Eduard Strauss.
    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Riccardo Muti
    Enregistrement : 2004

    DVD Deutsche Grammophon 073 097-9

    Qui dit fêtes de fin d'année dit forcément Concert du Nouvel An. Dans un dossier, nous dressions il y presque trois ans un panorama des grands Concert du Nouvel An disponibles en CD et DVD. Sans être du niveau – loin de là, même ! – des références citées à cette occasion, le millésime 2004, qui célébrait le bicentenaire de la naissance du père de la dynastie Strauss, s'est avéré plutôt une bonne surprise, et une prestation bien supérieure aux trois autres qu'avait dirigées Muti en 1993, 1997 et 2000. Le Danube, la Marche de Radetzky, rondouillards et bien sonnants, croulent sous la routine, mais l'ensemble du programme présente un nombre non négligeable de pièces rarement jouées, que le chef défend avec une belle énergie : ouverture des Dentelles de la Reine, suprêmement élégante et racée, avec ses flûtes et ses violons de satin ; marche introductive Es war so wunderschön toute de panache. Le chef italien se paie le luxe de se lâcher dans une virtuosité exaltante – polkas rapides Eislauf, Mit Vergnügen ! et Im Sturmschritt – et même de trouver le ton juste dans certaines pièces de demi-caractère comme la Champagner-Polka. Par rapport aux précédents concerts Muti, l'orchestre joue tout seul avec beaucoup plus d'aisance que par le passé quand le chef se relâche. Et que dire de la captation sinon qu'elle est un modèle de présence sonore et visuelle, même si les plans de l'indéboulonable Brian Large ne surprennent plus personne depuis longtemps ? Les bonus du DVD ont des allures d'annexe de l'office du tourisme autrichien mais proposent de bien belles images et un dépaysement pas désagréable. Rendez-vous le 1er janvier 2005 à 11h pour le concert Maazel !



     
    Vent de nouveauté



    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Les 9 symphonies
    Barbara Bonney (soprano)
    Birgit Remmert (alto)
    Kurt Streit (ténor)
    Thomas Hampson (basse)
    City of Birmingham Symphony Chorus
    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Sir Simon Rattle
    Enregistrement : 2002

    5 CD EMI classics 7243 5 57445 2 4

    Aucune des incursions des baroqueux dans le corpus symphonique beethovénien n'avait vraiment convaincu. Harnoncourt, particulièrement, peinait à y imprimer une tension régulière et n'évitait pas les tunnels au milieu de moments absolument grisants. Puis Sir Simon Rattle décida de se lancer à son tour à l'assaut de partitions parmi les plus célèbres de l'art musical. Cette fois, la réussite est grandiose, et il s'agit ici de la grande intégrale philologique, somptueusement enregistrée, avec un Philharmonique de Vienne presque méconnaissable de rebond, d'incisivité, un orchestre lifté et dégraissé à souhait, avec un pupitre de vents somptueusement mis en lumière et équilibré. L'énergie, l'intelligence de l'analyse, le motorisme, la rythmique endiablée et les articulations cassantes de Rattle ont prodigué une cure de jouvence à des symphonies qui de demandaient que cela. A ce titre, la 2e symphonie est l'une des plus belles de toute la discographie, l'Eroica l'une des plus enthousiasmantes. Seul le Finale de la 9e – mais est-ce un scoop ? – résiste au chef britannique. Les effets particulièrement plébéiens et vulgaires, assumés comme tel par le Choeur symphonique de Birmingham vous donneront sans doute la nausée, mais l'intégrale est assurément le choix prioritaire parmi les versions récentes. Chapeau bas, Sir Simon !



     
    Jardin secret



    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Les 32 sonates pour piano
    Stephen Kovacevich, piano
    Enregistrement : 1992-2003

    9 CD EMI classics 7243 5 62700 2 2

    Décidément, EMI a décroché le jackpot. Après Beethoven symphoniste, Beethoven pianiste. Avec le quatuor à cordes, la sonate pour piano est le genre dans lequel le Maître de Bonn a livré le plus profond de lui-même. Si les symphonies sont la face grand public de la montagne Beethoven, les sonates et les quatuors en sont le jardin secret. Le corpus fondamental de la littérature pianistique que représente l'ensemble des 32 sonates trouve en Stephen Kovacevich un interprète proche de l'idéal. Cherchant à mettre en relief les géniales structures formelles – sans le côté purement intello de l'hérmétique Brendel –, le pianiste allemand, idéalement partagé entre lecture analytique et physique, évite tout pathos, tout excès sentimental au profit d'un jeu limpide, éminemment rythmique et franc, d'une clarté digitale assez phénoménale. Aucune sonate ne lui résiste et les célèbres sautes d'humeur du compositeur ont rarement été aussi bien caractérisées. Les dernières sonates sont un véritable testament, un manifeste de modernité pianistique – l'Opus 111, à ce titre, vous clouera à votre fauteuil, entre les fulgurances de son premier mouvement et la tendre poésie aux confins du silence de son Arietta. Un pendant parfait à l'intégrale des symphonies par Rattle. Et un grand bravo à Joseph Kerman pour sa notice du livret qui retrace de manière linéaire le parcours créateur du compositeur de manière fort habile !



     
    Les fulgurances d'Elektra



    Richard Strauss (1864-1949)
    Elektra
    Eva Marton (Elektra)
    Brigitte Fassbender (Clytemnestre)
    Cheryl Studer (Chrysothémis)
    Franz Grundheber (Oreste)
    James King (Egisthe)
    Orchestre de l'Opéra de Vienne
    direction : Claudio Abbado
    mise en scène : Harry Kupfer
    Enregistrement : 1989

    DVD Arthaus DVD 100048

    Dans un univers futuriste, aux éclairages crus qui donnent un air possédé aux Atrides, dans des décors de roche minérale, autour d'une immense statue de bronze d'Agamemnon vacillée de son socle, Harry Kupfer délivre une Elektra fulgurante – à l'image de l'entrée en matière avec la chute brutale du rideau qui vous plonge instantanément dans le drame –, à la direction d'acteurs proprement ahurissante. Aux antipodes des ténèbres irrespirables d'un Mitropoulos, Abbado expose Elektra en pleine lumière, jusqu'à l'aveuglement. Sa direction à l'impitoyable lucidité joue de l'éclairage à nu des motifs dans des tempi cursifs et un climat particulièrement électrique. Cette nouvelle manière d'aborder l'opéra, sans le poids écrasant de ses prédécesseurs, lui vaudra une volée de bois vert aux saluts, les mauvais coucheurs du poulailler, privés de direction mammouthesque, vomissant alors leur rage. Qu'importe ! L'Orchestre de l'Opéra de Vienne, vertigineux, délivre autant de moments suffocants, y compris dans des passages lyriques qui bénéficient des plus belles cordes du monde. Une distribution de haut vol achève de donner à cette captation son côté incontournable : Clytemnestre hallucinée et complètement hystérique de Brigitte Fassbender, tout en Sprechgesang au bord de la rupture ; Chrysothémis irradiante de jeunesse comme aucune autre de Cheryl Studer, dans une leçon de chant absolue ; Oreste inquiétant et tourmenté du très sonore Franz Grundheber ; Egisthe d'un James King exposant vaillamment les derniers feux d'une voix immense ; et même si Eva Marton n'aura jamais la rage ni surtout la voix d'une Varnay, elle est une Elektra crédible et souvent bouleversante. L'état, au bord de la défaillance, dans lequel elle et Abbado se présentent aux saluts achèvent de prouver à quel point l'oeuvre est l'une des plus épuisantes du répertoire opératique. Un must de l'opéra capté en DVD !



     
    Mahler par un Boulez allemand



    Gustav Mahler (1860-1911)
    Les 9 symphonies + Adagio de la 10e
    Juliane Banse (soprano, 2e)
    Christiane Boesiger (soprano, Mater gloriosa, 8e)
    Alessandra Marc (soprano, Magna Peccatrix, 8e)
    Christine Whittlesey (soprano, 4e)
    Margaret Jane Wray (Una poenitentium, 8e)
    Cornelia Kalisch (mezzo-soprano, 2e, 3e)
    Eugenie Grunewald (alto, Maria Aegyptiaca, 8e)
    Dagmar Peckova (alto, Mulier Samaritana, 8e)
    Glenn Winslade (ténor, Doctor Marianus, 8e)
    Anthony Michaels-Moore (baryton, Pater Ecstaticus, 8e)
    Peter Lika (basse, Pater Profondus, 8e)
    EuropaChor Akademie
    Freiburger Domsingknaben
    Aurelius-Sängerknaben Calw
    SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg
    direction : Michael Gielen
    Enregistrement : 1988-2003

    13 CD Hänssler classic CD 93.130

    Un Boulez allemand : voilà comment est perçu sous nos latitudes le chef d'orchestre Michael Gielen, l'un des meilleurs techniciens d'orchestre outre-Rhin. Fuyant la médiatisation, Gielen a toujours préféré travailler en profondeur avec des orchestres de seconde catégorie, qu'il a souvent réussi à faire sonner comme les phalanges les plus prestigieuses de la planète. Et c'est à tout juste une heure de route de notre frontière orientale qu'il a façonné l'orchestre de la SWR de Baden Baden und Freiburg en une des machines mahlériennes les plus au point. Et cela s'entend d'emblée. Les textures sont claires, l'intonation impeccable, le rendu instrumental impressionnant de précision. A l'opposé d'un Bernstein, le chef allemand privilégie toujours la construction sur le sentiment, sans pour autant que son Mahler en sonne froid. Mais chez lui comme chez Boulez, l'émotion vient d'ailleurs. Aussi analytique que celui du chef français au niveau purement instrumental, le Mahler de Gielen est son négatif quant à sa conception. Autant celui de Boulez est solaire et exalté, autant celui de Gielen sonnera lunaire et sombre. La somme rassemblée, incroyablement homogène, ne souffrira que d'une 6e symphonie trop souvent dénervée. Car le reste de l'intégrale est de très haut niveau – une superbe 5e, une 8e chambriste au pari entièrement réussi, servi par une solide équipe de solistes, un Adagio de 10e pétrifiant, une 7e, une 9e modernistes et grinçantes. Et le coffret propose d'excellents solistes vocaux et parmi les plus beaux choeurs qu'on ait entendus dans ces oeuvres, particulièrement dans une Symphonie des Mille revisitée, à la polyphonie transparente et diaphane. Un magnifique cadeau de Noël.



     
    Pour vivre heureux, vivons cachés !



    Alexander Zemlinsky (1871-1942)
    Le Roi Candaule
    Robert Brubaker (le Roi Candaule)
    Nina Stemme (Nyssia)
    Wolfgang Schöne (Gygès)
    Mozarteum Orchester Salzburg (musique de scène)
    Deutsches Symphonie Orchester Berlin
    direction : Kent Nagano
    Enregistrement : 2002

    2 CD Andante Great Operas AN 3070

    Salzbourg 2002, le nouveau directeur du festival Peter Ruzicka inaugure son mandat avec un Don Giovanni très controversĂ©, mais aussi avec une redĂ©couverte fondamentale, celle du dernier opĂ©ra de Zemlinsky, le Roi Candaule, dans le cadre d'une sĂ©rie consacrĂ©e Ă  la rĂ©habilitation d'opĂ©ras de compositeurs dĂ©clarĂ©s « dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s Â» par le IIIe Reich. L'intrigue, signĂ©e Gide, manifeste symboliste sur l'Ă©phĂ©mère du bonheur, son partage, mais aussi parabole sur la vanitĂ© et l'arbitraire, est ardemment dĂ©fendue par un Nagano exaltant tout autant les influences mahlĂ©riennes que la modernitĂ© d'une partition souvent proche de Berg. Le Deutsches Symphonie Orchester de Berlin est ici un partenaire on ne peut plus acquis Ă  sa cause. Le plateau, royal pour une pareille renaissance, marquera la première incursion mĂ©morable de Nina Stemme dans le grand circuit international, avant son Isolde de Glyndebourne. Robert Brubaker est un Candaule humain et touchant dans sa faiblesse, Heldentenor splendide de ton – une denrĂ©e rare –, Wolfgang Schöne un Gygès noir de timbre, Ă  la terrible brutalitĂ©. Une très belle redĂ©couverte, illustrĂ©e comme toujours chez Andante par une iconographie abondante et bien documentĂ©e.



     
    Somme pianistique indétrônable



    Johannes Brahms (1833-1897)
    Intégrale de la musique pour piano
    Julius Katchen, piano

    6 CD Decca London 455 247-2

    Retour à la musique pour piano, avec un grand classique du disque : l'intégrale du piano seul de Brahms par Julius Katchen. Cela fait presque quarante ans que cette somme enregistrée par Decca à Londres tient le haut du pavé sans jamais avoir subi de réelle concurrence. Katchen a réussi le miracle de concilier rigueur de la forme, clarté polyphonique et art de faire chanter le clavier. Des ardentes sonates de jeunesse aux nombreuses pièces de caractère, des sublimes et trop peu connues Variations sur un thème de Schumann op. 9 aux relents folkloriques ou populaires des Danses hongroises et des Valses, le miracle est partout le même. La poésie à fleur de clavier des Intermezzi op. 117, méditatifs et idéalement suspendus, murmurés comme par une voix immatérielle dans un rubato dosé à la perfection, les contours francs et les élans comme improvisés des Rhapsodies op. 79, le climat doucement mélancolique, la confession nostalgique puis la nonchalance teintée de bien-être des Pièces op. 119, tout y est. Une somme indétrônable et indémodable.




     
    Le divin Schubert



    Franz Schubert (1797-1828)
    Intégrale de la musique religieuse
    Lucia Popp (soprano)
    Helen Donath (soprano)
    Brigitte Fassbender (alto)
    Adolf Dallapozza (ténor)
    Peter Schreier (ténor)
    Dietrich Fischer-Diseskau (basse)
    Choeur de la Radio bavaroise
    Orchestre Symphonique de Radio bavaroise
    direction : Wolfgang Sawallisch
    Enregistrement : 1977-1983

    7 CD EMI classics 5 86011 2

    Retour quelques décennies en arrière et changement de style avec un magnifique coffret consacré à la musique religieuse de Schubert. On perçoit ici très nettement l'évolution d'un style au départ encore sous l'influence de Mozart et Haydn, pour affirmer de plus en plus une monumentalité et un traitement homophonique des choeurs que n'aurait pas dédaigné un Bruckner. Les 6 messes, les nombreux motets, le Stabat Mater, jusqu'à l'oratorio Lazarus, le coffret comprend absolument tout, par celui qui est jusqu'à ce jour LE véritable spécialiste de cet univers : le grand Wolfgang Sawallisch. Le choeur n'a certes pas la plastique avantageuse et ni la ductilité surnaturelle du Collegium Vocale, mais pour un ensemble de cette envergure, le rendu sonore est très soigné, Sawallisch sachant comme nul autre modeler un son qui se fond dans les timbres de l'orchestre. L'Orchestre de la Radio bavaroise, très attentif, accompagne l'ensemble sans jamais tirer la couverture à soi. Enfin, cerise sur le gâteau, Sawallisch a puisé parmi les meilleurs chanteurs d'oratorio de l'époque. La simple lecture des distributions vous fera saliver : Popp est partout sublime, Donath magnifique de timbre, Fischer-Dieskau royal. Le meilleur moyen de découvrir une somme finalement assez peu connue du grand public. Pour commencer, jetez une oreille sur le Kyrie en ré mineur D. 49, un véritable bijou !



     
    Legs symphonique



    Johannes Brahms (1833-1897)
    Les 4 symphonies
    + Ouverture pour une fête académique
    Ouverture tragique
    Variations sur un thème de Haydn
    Concerto pour violon (Gidon Kremer)
    Double concerto pour violon et violoncelle (Gidon Kremer et Mischa Maisky)
    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Leonard Bernstein
    Enregistrement : 1981-82

    5 CD Deutsche Grammophon 474 930-2

    Jean Sibelius (1865-1957)
    Symphonies n° 1, 2, 5 et 7
    + Elgar : Variations Enigma (BBC Symphony Orchestra)
    + Britten : 4 interludes marins (Boston Symphony Orchestra)
    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Leonard Bernstein
    Enregistrement : 1982-1990

    3 CD Deutsche Grammophon 474 936-2

    Absents du catalogue français pendant plusieurs années, les derniers témoignages de Bernstein dans Beethoven, Haydn, Brahms et Sibelius sont de retour dans nos bacs sous forme de jolis coffrets plats, à la plus grande joie des mélomanes et très nombreux fans du génial chef d'orchestre. Nous avons choisi de retenir deux coffrets – Brahms et Sibelius – , à nos yeux les plus exceptionnels des quatre sus-cités. Les Brahms sont typiques du dernier Bernstein, exprimant jusqu'à la dernière goutte d'émotion, à travers des sonorités orchestrales musclées et un brassage de la pâte sonore brahmsienne en profondeur, à travers aussi un important rubato expressif, sans que la forme en pâtisse jamais. Un tour de force ! Les Wiener Philharmoniker n'en peuvent plus de couleurs, de tension arc-boutée, particulièrement dans des 1e et 4e symphonie d'anthologie. Le coffret Sibelius est encore plus indispensable, témoignage d'un art unique, fait d'incommensurables prises de risques – le tempo presque arrêté, mais assumé jusqu'à la dernière double croche, du Finale de la 2e symphonie – de moments de déchaînement élémentaire absolument inouïs – la 1e symphonie, tellurique de bout en bout. Encore une fois, le chef américain a trouvé en le Philharmonique de Vienne un partenaire d'exception, qui le suit dans son jusqu'au-boutisme sans faiblir une seule seconde. Des coffrets d'anthologie sur un art de diriger l'orchestre tellement attachant, disparu avec le chef américain.



     
    Déchirement wagnérien



    Richard Wagner (1813-1883)
    Tristan et Isolde
    Gwyneth Jones (Isolde)
    René Kollo (Tristan)
    Hanna Schwarz (Brangaine)
    Gerd Feldhoff (Kurwenal)
    Robert Lloyd (le Roi Marke)
    Choeurs et Orchestre du Deutsche Oper de Berlin
    direction : Jiri Kout
    mise en scène : Götz Friedrich
    Enregistrement : 1993

    2 DVD TDK DV-OPTUI

    Voici pour finir un DVD de Tristan qui ne laissera personne indifférent. La mise en scène assez classique mais au bel impact visuel de Götz Friedrich, l'esthétisme de ses décors géométriques, la nudité des ses espaces resserrent l'action sur les affrontements des héros, les confrontant à leur destin sans élément parasite. On retiendra avant tout la prestation du couple Jones-Kollo – malgré leurs physiques ravagés par les ans, rien moins que crédibles – par sa totale immersion dans le drame wagnérien. Gwyneth Jones, comme toujours, brûle les planches et consume son Isolde devant nos yeux. Aussi tard qu'en 1993, la voix est toujours là, autoritaire, incandescente, surtimbrée, le vibrato ultra-large, les attaques par en dessous monnaie courante. La soprano, celte comme Isolde, dans son extrême déchirement, se paie le luxe d'incroyables tenues non vibrées qui en deviennent autant de moments de vertige, plaies béantes, jusqu'à un dernier Lust tout droit, presque monstrueux mais immensément expressif. Kollo, vaillant mais très usé, ne parvient plus à maîtriser un vibrato devenu énorme, mais sait se faire tendre au II, halluciné au III. Comparses de prestige, la Brangaine au métal inaltéré d'Hanna Schwarz et le Kurwenal solide comme un roc de Gerd Feldhoff marqueront plus que le Roi Marke banal et sans épaisseur de Robert Lloyd. L'Orchestre du Deutsche Opera de Berlin, mené avec beaucoup de professionnalisme et un beau sens de la respiration, sans génie ni travers, par Jiri Kout, porte tout ce monde à bout d'archet. Un DVD émouvant à bien des titres, parmi les dernières incarnations en scène de rôles mythiques par des chanteurs qu'on regrettera, malgré leurs flagrants défauts.




     

    Yannick MILLON
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