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DOSSIERS 26 avril 2024

Les cadeaux de Noël 2007 d'Altamusica

C'est devenu une tradition. Chaque année, pendant l'avent, Altamusica donne un petit coup de pouce à ses lecteurs qui souhaiteraient offrir des cadeaux musicaux à leurs proches et leurs amis, en opérant une large sélection de CD, DVD et livres que ses rédacteurs jugent particulièrement appropriés pour l'occasion.
Joyeux Noël à toutes et à tous !

 

Le 20/12/2007

  • Les cadeaux 2007 de Mehdi MAHDAVI
  • Les cadeaux 2007 de GĂ©rard MANNONI
  • Les cadeaux 2007 de Thomas COUBRONNE
  • Les cadeaux 2007 de Michel LE NAOUR
  • Les cadeaux 2007 de Yannick MILLON



  • Les 3 derniers dossiers

  • L'art de la symphonie

  • Un monument de granit

  • Les cadeaux de NoĂ«l 2013 d'Altamusica

    [ Tous les dossiers ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • In Memoriam Toscanini



    Arturo Toscanini – In Memoriam
    CD1 : Concert du 8/11/1952
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Symphonie n° 8 en fa majeur op. 93
    Richard Wagner (1813-1883)
    Tannhäuser, ouverture et bacchanale
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    La Forza del destino, ouverture
    CD2 : Concert du 31/01/1953
    Robert Schumann (1810-1856)
    Manfred, ouverture
    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    Guillaume Tell, passo a sei
    AntonĂ­n Dvořák (1841-1904)
    Symphonie n° 9 en mi mineur op. 95, « du Nouveau Monde Â»

    NBC Symphony Orchestra
    direction : Arturo Toscanini
    Enregistrements : New York, Carnegie Hall

    2 CD Tahra TAH 624-625

    À l'occasion d'une discographie comparée de la 2e symphonie de Sibelius, nous exprimions récemment notre regret devant le silence qui a accompagné le cinquantième anniversaire de la disparition du maestrissimo Arturo Toscanini. Nous tenterons donc de réparer cette injustice en consacrant deux sélections au père de la direction d'orchestre moderne.

    La firme Tahra, qui ne mérite décidément que des louanges, est ainsi parmi les seules à avoir proposé en cette année 2007 qui s'achève une parution toscaninienne d'intérêt majeur : un album In Memoriam paru en février, consacré aux concerts radiophoniques new yorkais avec le NBC Symphony du 8 novembre 1952 et du 31 janvier 1953, donnés in extenso.

    Captées deux jours avant les enregistrements studio RCA, l'ouverture de la Force du destin et la 8e de Beethoven en reprennent les principales caractéristiques, avec sans doute un rien moins de précision maniaque mais une liberté un peu plus grande. Principale différence, la reprise du premier mouvement de Beethoven, omise en live, sauf par un malheureux hautboïste qui a dû passer un sale quart d'heure à l'issue du concert !

    Mais au-delĂ  d'un Rossini stylĂ© Ă  faire pâlir tous les baroqueux de la terre et d'une Ouverture de Tannhäuser largement connue, ce sont surtout le Schumann et le Dvořák du CD2 qui font le prix de cette publication. De mĂŞme ardeur que la version studio de 1945 mais dans une prise de son nettement prĂ©fĂ©rable, l'ouverture Manfred prend Ă  la gorge, vĂ©ritable combat de Titan, d'un Ă©lan ravageur, d'une tension Ă  couper le souffle, en insoutenables coups de boutoir.

    Clou du spectacle, une Symphonie du Nouveau Monde proprement cataclysmique, d'une poigne phénoménale, enregistrée elle aussi deux jours seulement avant la gravure officielle mais d'une urgence cette fois largement supérieure, entre martèlements forcenés et crescendi paniques – les timbales dans la coda du Finale. Des témoignages d'un maestro de 86 ans à connaître impérativement !



     
    Le feu et la glace



    Toscanini – Tchaïkovski, his greatest live recordings (1941-1954)
    Piotr Ilitch TchaĂŻkosvki (1840-1893)
    Symphonie n° 6 en si mineur op. 74, « PathĂ©tique Â»
    Casse-Noisette, suite d'orchestre op. 71a
    Concerto pour piano n° 1 en sib mineur op. 23
    Vladimir Horowitz, piano
    Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie
    La TempĂŞte, ouverture-fantaisie op. 18
    Le VoĂŻĂ©vode, ballade symphonique op. 78
    Symphonie Manfred op. 58
    Alexandre Borodine (1833-1887)
    Symphonie n° 2 en si mineur, « Ă‰pique Â»

    NBC Symphony Orchestra
    direction : Arturo Toscanini
    Enregistrements : New York, Carnegie Hall, 19/04/1941 (op. 78), 25/04/1943 (op. 23), 17/11/1951 (op. 71a), 10/01/1953 (op. 58), 21/03/1953 (R&J), 21/03/1954 (op. 74) ; Studio 8H, 26/02/1938 (Borodine), 12/03/1944 (op. 18).

    3 CD Andromeda ANDRCD 5101

    Toscanini toujours, dans un de ses répertoires de prédilection. Le label économique Andromeda a compilé en trois CD les grands témoignages du maestrissimo sur le vif dans Tchaïkovski. Si le Concerto pour piano avec Horowitz est déjà largement répandu, si la Tempête et le Voïévode font partie des gravures radio jadis couramment disponibles, on découvre avec intérêt une suite de Casse-Noisette de deux jours antérieure à l'enregistrement studio, mais surtout le Roméo et Juliette incomparable et dévastateur de 1953 – préférable à l'enregistrement officiel de 1946 – ainsi que la Symphonie Manfred déjantée de la même année, plus exaltée encore que l'enregistrement mythique de 1949.

    Le coffret propose aussi la dernière Pathétique du maestro, donnée lors de son avant-dernier concert, témoignage fondamental de sa dernière période – avec un Allegro molto vivace beaucoup plus scandé et massif, moins raz-de-marée. Si la seule Pathétique vous est fondamentale, choisissez plutôt le CD Music & Arts (CD-1194) édité l'année passée du concert entier du 21 mars 1954 – avec l'ouverture du Barbier de Séville – dans un son un peu plus clair et prétendument en stéréo. Vous y trouverez notamment une surprise à la fin du troisième mouvement.

    Mais sachez aussi que vous pouvez acquérir ici pour une bouchée de pain une somme tchaïkovskienne nettement plus consistante, à connaître en priorité pour tout amateur d'interprétations à l'opposé des robinets d'eau tiède. En bonus, le coffret adjoint la 2e symphonie de Borodine.



     
    Les ambiguïtés de Johannes Brahms



    Johannes Brahms (1833-1897)
    Symphonie n° 1 en ut mineur op. 68
    Symphonie n° 2 en ré majeur op. 73
    Symphonie n° 3 en fa majeur op. 90
    Symphonie n° 4 en mi mineur op. 98
    Concerto pour piano n° 1 en ré mineur op. 15
    Concerto pour piano n° 2 en sib majeur op. 83
    Krystian Zimerman, piano
    Concerto pour violon en ré majeur op. 77
    Double concerto pour violon et violoncelle en la mineur op. 103
    Gidon Kremer, violon
    Mischa Maisky, violoncelle
    Ouverture pour une fête académique op. 80
    Ouverture tragique op. 81
    Sérénade n° 2 en la majeur op. 16
    Variations sur un thème de Haydn op. 56a

    Wiener Philharmoniker
    direction : Leonard Bernstein
    Enregistrements : Vienne, Musikverein, 1972 (op. 56a), 1981 (op. 68, 80, 81, 90, 98), 1982 (op. 73, 103), 1983 (op. 15), 1984 (op. 83) ; Vienne, Konzerthaus, 1982 (op. 16, 77)

    5 DVD Deutsche Grammophon Unitel Classica 073 4355

    C'est à une véritable avalanche de rééditions de l'important catalogue Unitel que se livre depuis quelques mois le label jaune, qui, après l'intégrale des symphonies de Mahler, s'attaque au legs Brahms de Leonard Bernstein à Vienne, conçu à l'occasion du cent-cinquantenaire de la naissance du compositeur en 1983.

    Alors parvenu à la pleine maturité, le chef américain défend un Brahms surexpressif et quasi expressionniste, gigantesque coulée de lave qui emporte tout sur son passage, dans une finition pas toujours irréprochable, à l'instar des Beethoven de la même époque. Les tempi très retenus, les violents contrastes, un important rubato, la poussée de chaque élément à son potentiel expressif maximal bousculent les habitudes d'écoute, mais l'engagement total des Wiener Philharmoniker, le brûlant de la pâte sonore abattent toutes les résistances.

    Parmi les moments les plus forts du cycle, on retiendra une 4e symphonie dantesque, monument de rage et de désespoir, une Ouverture pour une fête académique d'une incroyable frénésie, d'incontournables lectures des concertos pour piano avec un Zimerman d'une maîtrise intellectuelle et d'un contrôle digital absolus, et un Finale de Concerto pour violon d'une inextinguible énergie.

    Dans des introductions aux symphonies et aux concertos pour cordes, Bernstein lance quelques pistes sur l'ambiguïté du compositeur, ses zones d'ombre, l'étrange intensité romantique de son langage dans le cadre structurel le plus classique qui soit. Un coffret passionnant de plus, disponible également en volets séparés et toujours filmé par la caméra experte d'Humphrey Burton.



     
    GĂ©niale confrontation des contraires



    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Les 5 concertos pour piano
    Krystian Zimerman, piano
    Wiener Philharmoniker
    direction : Leonard Bernstein & Krystian Zimerman (n° 1, 2)
    Enregistrements : Vienne, Musikverein, 1989 (n° 3, 4, 5), 1991 (n° 1, 2)

    2 DVD Deutsche Grammophon Unitel Classica 073 4269

    Bernstein encore – mais c'est Noël après tout ! –, cette fois au soir de sa vie et dans l'étonnante confrontation, assez improbable au départ dans Beethoven, avec le pianiste Krystian Zimerman. Une rencontre du viscéral et de l'intellect, de l'emportement et du contrôle de soi, de la folie et de la lucidité, de l'excès et de la tempérance, du dionysiaque et de l'apollinien.

    Et contre toute attente, au lieu de se contredire, ces opposés se complètent, se grandissent, s'imbriquent en une forme de quadrature du cercle. Bernstein pousse Zimerman dans ses derniers retranchements – un Adagio de 4e concerto tétanisant –, tandis que ce dernier canalise la générosité parfois excessive du maestro américain – un Empereur d'un bouleversant équilibre.

    En résulte une intégrale des concertos de Beethoven parmi les plus passionnantes, d'un infaillible goût musical, idéalement édifiée entre classicisme et romantisme, d'une perfection formelle impressionnante, et surtout d'une constante inspiration. Bernstein disparu avant d'avoir pu boucler le cycle, c'est Zimerman lui-même qui assurera la direction, depuis le piano et dans des conditions de studio, des 1er et 2e concertos, avec le même succès et toujours porté par un Philharmonique de Vienne en état de grâce.



     
    Champagne Ă  l'italienne



    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    La Gazza ladra, ouverture
    Josef Strauss (1827-1870)
    Die tanzende Muse, Polka mazur op. 266
    Franz Schubert (1797-1828)
    Polka (Galopp D. 735)
    Galopp (Ecossaise n° 1 D 735)
    orchestrations : Bruno Maderna
    Joseph Lanner (1801-1843)
    Die Werber, Walzer op. 103
    Johann Strauss I (1804-1849)
    Seufzer-Galopp, op. 9
    arrangement : Max Schönherr
    Johann Strauss II (1825-1899)
    Waldmeister, ouverture
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Kontretanz K 609 n° 1
    Kontretanz K 609 n° 3
    Deutscher Tanz K 605 n° 3 « Die Schlittenfahrt Â»
    Josef Strauss (1827-1870)
    Aquarellen, Walzer op. 258
    Johann Strauss II (1825-1899)
    Freikugeln, Polka schnell op. 326
    Eduard Strauss (1835-1916)
    Carmen-Quadrille, op. 134
    Johann Strauss II (1825-1899)
    Kaiser-Walzer, op. 437
    Johann Strauss I (1804-1849)
    Piefke und Pufke-Polka, op. 235
    Johann Strauss II (1825-1899)
    Furioso-Polka, op. 260
    StĂĽrmisch in Lieb und Tanz, Polka schnell op. 393
    An der schönen, blauen Donau, Walzer op. 314
    Johann Strauss I (1804-1849)
    Radetzky-Marsch, op. 228
    arrangement : Leopold Weninger

    Wiener Philharmoniker
    direction : Claudio Abbado
    Enregistrement : Vienne, Musikverein, 01/01/1991

    1 DVD Deutsche Grammophon 073 4362

    Était-ce l'absence de l'image, témoin unique de la bonne humeur qui régnait en ce 1er janvier 1991 au Musikverein, ou bien l'absence du sourire ravageur, de la gestique tout en élégance d'un Claudio Abbado enjoué comme jamais ? Toujours est-il que la seule version audio de ce concert qui connaît aujourd'hui enfin sa première édition au DVD ne nous avait pas plus emballé que cela lors de l'élaboration, il y a plusieurs années déjà, de notre dossier sur les grands Concerts du Nouvel An en CD et DVD.

    Avec le recul, nostra culpa, nostra maxima culpa, car, sans être exactement du niveau des plus grands crus du genre – Karajan 1987, Kleiber 1989 et 1992, Harnoncourt 2001 et 2003 – ce concert Abbado est tout de même d'un très haut niveau, en raison notamment de l'originalité du programme qui avait au départ laissé indécis les pontes de la tradition viennoise : une ouverture de Rossini, des Schubert orchestrés par Maderna – que diable ! – et trois petits Mozart pour célébrer la première grande opération commerciale, celle du bicentenaire de la mort.

    Pourtant, la Pie voleuse donne le ton, celui du Philharmonique de Vienne de la grande époque, des staccatos de flûte et de violons mêlés en un mouvement génialement sautillant, d'une finition exemplaire malgré les prises de risques, des timbres si typiques, bien affirmés et délicieusement ciselés, mais aussi celui d'un engagement comme un seul homme derrière un chef qui ose tout – Freikugeln, Waldmeister. Une atmosphère latine, pleine de lumière et de soleil, avec certains emballements à la Kleiber, plane sur cette édition qui ravira largement au-delà des amateurs du chef italien. Champagne !



     
    Mein lieber Schwann



    Piotr Ilitch TchaĂŻkosvki (1840-1893)
    Le Lac des cygnes, op. 20
    Version du Théâtre Mariinski (1895)

    Orchestre du Théâtre Mariinski de St-Pétersbourg
    direction : Valery Gergiev

    2 CD Decca 475 7669

    Ballet romantique par excellence, le Lac des cygnes et son univers féerique n'ont guère connu pléthore de grandes versions intégrales au disque. Si le flamboyant Tilson Thomas (Sony) conserve, et de loin, notre préférence pour son dramatisme, ses contrastes, Gergiev défend admirablement la version abrégée conçue pour le Mariinski en 1895, après la disparition du compositeur.

    L'atout majeur de cette nouvelle version discographique est sa profusion de couleurs, et à chaque instant, les magnifiques timbres de l'Orchestre du Théâtre Mariinski sonnent comme une évidence dans cette partition que les musiciens pétersbourgeois ont dans les veines. Les bois, notamment, font des merveilles, renforçant une cohésion orchestrale admirable et magnifiée par la prise de son Decca.

    Restent les options de Gergiev, souvent cantonné dans la seule peinture sonore, sans doute par trop indolent et attaché à des coquetteries – ces sons tirés et émollients –, fuyant toute sécheresse comme la peste au risque de perdre du nerf, mais cette manière de faire scintiller la percussion sans dureté, de privilégier des tempi retenus et de faire chanter sans cesse les lignes mélodiques trouvera sans nul doute ses adeptes. Un Lac des cygnes d'une magnifique nostalgie sinon d'un vrai impact dramatique.



     
    L'art de la dissection



    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Symphonie n° 31 en ré majeur K. 297
    Symphonie n° 39 en mib majeur K. 543
    Symphonie n° 40 en sol mineur K. 550
    Symphonie n° 41 en ut majeur K. 551
    Franz Schubert (1797-1828)
    Symphonie n° 4 en ut mineur D 417, « Tragique Â»

    Wiener Philharmoniker (Mozart 31, Schubert)
    Chamber Orchestra of Europe (Mozart 39, 40, 41)
    direction : Nikolaus Harnoncourt
    Enregistrements : Vienne, Musikverein, 10/1983 (Mozart 31), 12/1984 (Schubert), 12/1991 (Mozart 39, 40, 41)
    + Franz Schubert, Mein Traum, film de Norbert Beilharz sur la 9e symphonie de Schubert.

    2 DVD Deutsche Grammophon Unitel Classica 073 4290

    Encore un programme bien stimulant à l'actif des archives Unitel éditées au DVD par Deutsche Grammophon. Pour le bicentenaire de 1991, Nikolaus Harnoncourt avait présenté au public viennois la trilogie des dernières symphonies mozartiennes à la tête de l'Orchestre de chambre d'Europe. Des lectures restées célèbres pour leur sens aigu de l'analyse, leur remise à plat des habitudes de la tradition, et qui n'ont aujourd'hui encore pas pris une ride. Chaque cellule mélodique, rythmique, chaque phrasé est soigneusement repensé en fonction des acquis de la révolution baroque, qui aura redonné un sacré coup de jeune au divin Mozart.

    On reste admiratif devant l'intelligence de la démarche, le questionnement toujours ad hoc du texte musical, et l'aboutissement de la théâtralisation – une 40e symphonie vraiment dramatique, une Jupiter portée par un sens exemplaire de l'équilibre et des dosages, avec une fugue finale parmi les plus jubilatoires. À ce stade d'expérimentation, le manque de couleur personnelle, d'identité de l'orchestre britannique est plus une qualité qu'un handicap.

    Presque une décennie plus tôt, le pape du baroque s'essayait au même dépoussiérage sur la Symphonie Paris avec des Wiener Philharmoniker parfois crispés, pour qui le style Harnoncourt n'était pas encore une évidence. Lente, martiale, scandée de manière impitoyable, brusque aux entournures, cette gravure sans public en heurtera plus d'un ; elle nous est au contraire stimulante.

    De même, la 4e de Schubert aura rarement mérité autant son titre sous la direction d'un Harnoncourt constamment à l'affût du malaise et faisant ressortir comme personne la filiation haydnienne à l'aide d'un orchestre aiguisé comme rarement. Du grand art, qui fait oublier la pauvreté du film bonus sur Schubert, vague délire romantique passablement kitsch sur la 9e symphonie, avec un Orchestre de Baden-Baden d'une laideur sonore repoussante.



     
    La grande tradition



    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Les grandes symphonies (n° 21 à 41)

    Concertgebouw Orchestra Amsterdam
    direction : Josef Krips
    Enregistrements : Amsterdam, Concertgebouw, 1972-1973.

    6 CD Decca 475 8473

    Tout à fait à l'opposé du précédent, le Mozart de Josef Krips, maintes fois réédité, est la plus belle illustration de la tradition symphonique contre laquelle s'est toujours insurgé Harnoncourt. Ici, point de théâtre, de rhétorique, mais plutôt la priorité au beau son, au léché, au brillant et à la rondeur des timbres, à un équilibre apollinien. Ce Mozart bon vivant est infiniment plus léger et solaire, mais aussi plus insignifiant, moins chargé en sous-entendus, en arrière-plans Sturm und Drang.

    Le discours est étonnamment sage et sculptural – une 40e symphonie tout au plus nostalgique, en rien tragique –, les tempi amples, la respiration large – une 39e symphonie automnale à souhait –, la pâte sonore généreuse, les cordes vibrées avec le plus bel art. Bien entendu, l'arrière de l'orchestre – trompettes et timbales – est savamment entretenu sous l'étouffoir, au profit d'un tapis de cordes parmi les plus luxueux. Des vents sublimes finissent de donner à ces lectures un caractère d'éternité, loin des modes et de la musicologie.



     
    Mozart sous enchantement



    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Die Zauberflöte

    Piotr Beczala (Tamino)
    Dorothea Röschmann (Pamina)
    Detlef Roth (Papageno)
    Matti Salminen (Sarastro)
    Désirée Rancatore (Königin der Nacht)
    Wolfgang Schöne (Sprecher)
    CĂ©cile Perrin (Erste Dame)
    Helene Schneiderman (Zweite Dame)
    Hélène Perraguin (Dritte Dame)
    Gaële Le Roi (Papagena)
    Uwe Peper (Monostatos)
    Bjarni Thor Kristinsson (Erster Priester / Zweiter geharnischter Mann)
    Wilfried Gahmlich (Zweiter Priester)
    Robert KĂĽnzli (Erster geharnischter Mann)
    Solistes du Tölzer Knabenchor (Knaben)

    Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Iván Fischer
    mise en scène : Benno Besson
    décors et costumes : Jean-Marc Stehlé
    éclairages : André Diot
    effets spéciaux : Peter Wilkinson
    Enregistrement : Paris, Palais Garnier, 01/2001

    1 DVD TDK Opéra de Paris DVWV-OPMFP

    Voilà sans doute le cadeau le plus idéal pour les fêtes de fin d'année. Captée en janvier 2001 au Palais Garnier, cette Flûte enchantée mise en scène avec un vrai esprit du merveilleux par le Suisse Benno Besson, disparu en 2006, est un ravissement permanent, avec sa machinerie baroque comme celle qu'ont dû connaître les premiers spectateurs du Theater auf der Wieden. Nulle provocation d'aucune sorte, mais une lecture traditionnelle dans le meilleur sens du terme, pas ennuyeuse une seconde, pleine de magie et d'effets spéciaux de théâtre et avec des décors et costumes parmi les plus somptueux.

    Le plateau compte également ce qu'on peut espérer de mieux à notre époque. Piotr Beczala est un Tamino divinement chantant, radieux, émission di grazia comme on n'en fait plus, Dorothea Röschmann comme toujours un peu inégale mais d'un engagement total et parfois d'une lumière irradiante en Pamina – Tamino mein ! Matti Salminen, malgré les ans, reste un Sarastro tout en bonté et en noblesse, Detlef Roth est un Papageno léger et juvénile.

    Cerise sur le gâteau, le Monostatos idéal et jamais crié d'Uwe Pepper, trois dames aux fortes personnalités et un plateau de Knaben parmi les plus angéliques et soignés qu'on ait entendus. La Reine de la nuit seulement honorable de Désirée Rancatore – mais lors de la retransmission télé, Natalie Dessay n'avait pas fait mieux – et des choeurs poussifs ternissent à peine l'ensemble.

    Iván Fischer soutient ce beau monde sans personnalité folle mais avec un beau respect du plateau et un classicisme de bon aloi. Un DVD des plus attachants, et sans doute la première Flûte à connaître en vidéo.



     
    La première intégrale Mahler moderne



    Gustav Mahler (1860-1911)
    Les 10 symphonies
    Das Lied von der Erde
    Das Klagende Lied
    8 Wunderhorn Lieder

    Arleen Augér (Sy 2), Amanda Roocroft (Sy 4), Christine Brewer, Soile Isokoski, Juliane Banse (Sy 8), Helena Döse (Klagende), sopranos ; Alfreda Hodgson (Klagende), mezzo-soprano ; Birgit Remmert (Sy 3, 8), Jane Henschel (Sy 8), contraltos ; Jon Villars (Sy 8), Peter Seiffert (Erde), Robert Tear (Klagende), ténors ; David Wilson-Johnson (Sy 8), Thomas Hampson (Erde), Sean Rea (Klagende), Simon Keenlyside (Wunderhorn), barytons ; John Relyea (Sy 8), basse.

    City of Birmingham Symphony Chorus (Sy 2, 8, Klagende)
    Ladies of the City of Birmingham Symphony Chorus (Sy 3)
    City of Birmingham Youth Chorus (Sy 3, 8)
    London Symphony Chorus (Sy 8)
    Toronto Children's Choir (Sy 8)

    City of Birmingham Symphony Orchestra
    Berliner Philharmoniker (Sy 5, 10)
    Wiener Philharmoniker (Sy 9)
    direction : Sir Simon Rattle
    Enregistrements : Birmingham, Symphony Hall, 12/1991 (Sy 1), 05/1997 (Sy 4), 09/1997 (Wunderhorn), 10/1997 (Sy 3), 06/2004 (Sy 8) ; Birmingham, Town Hall, 06-10/1984 (Klagende) ; Watford, Town Hall, 05-06/1986 (Sy 2), 12/1989 (Sy 6) ; Aldenburgh Festival, Snape, 06/1991 (Sy 7) ; Warwick University, Butterworth Hall, 12/1995 (Erde) ; Berlin, Philharmonie, 09/1999 (Sy 10), 09/2002 (Sy 5) ; Vienne, Musikverein, 12/1993 (Sy 9).

    14 CD EMI Classics 5 00721 2

    Un gros cadeau pour finir. Aujourd'hui à la tête de l'orchestre le plus réputé de la planète avec des succès variables, Sir Simon Rattle a débuté dans la province anglaise, à éduquer de A à Z une phalange qu'il a dotée d'un somptueux auditorium. Et l'on a aujourd'hui trop souvent tendance à oublier l'excellence du City of Birmingham Symphony Orchestra, qui jamais ne sonne comme une formation de seconde zone.

    Pour preuve, ces enregistrements où, à l'inverse de nos orchestres français dans le même répertoire, jamais le CBSO n'avoue de limites. Bois soignés, cuivres solides et première trompette conquérante, cordes charnues, percussions idéalement dosées, on redécouvre cette intégrale entamée au début des années 1980 en en mesurant rétrospectivement la modernité.

    À l'heure où triomphait partout le Mahler hyper expressif de Bernstein, Rattle offre des tempi enlevés, un regard beaucoup plus analytique, sans le côté clinique d'un Gielen ou structuraliste d'un Boulez, réussissant même souvent le grand écart entre analyse et expressivité, entre rigueur et intuition. Ainsi, malgré une texture orchestrale toujours fouillée, avec une mise en valeur des timbres et des prodiges de plasticité, jamais on ne perd en ligne de mire le contenu expressif de la musique. Le meilleur exemple en est sans doute le mouvement lent de la 4e symphonie, suspendu, aux frontières du silence et pourtant magnifiquement chanté.

    À nos oreilles infiniment préférable à l'intégrale pauvre en timbres d'Inbal, nous conseillons aux amateurs de finition impeccable ce coffret en priorité, qui comporte en supplément un Klagende Lied de référence et le rare Blumine. D'excellents solistes vocaux, notamment dans une 8e symphonie projetée d'un trait dans la joie et la lumière, un Finale de 6e en course à l'abîme, une 3e bruissante et sauvage, une 9e d'une brûlante intensité avec les Wiener Philharmoniker complètent le tableau.

    Précisons enfin que la 5e – captée lors du concert d'investiture à Berlin en 2002 – et la 10e symphonie sont ici avec les Berliner. Rattle a choisi la version complétée par Deryck Cooke de cette dernière, dans une lecture désabusée, abandonnant d'emblée le combat, mettant en avant chaque mixture de timbres qui annonce l'École de Vienne et traduisant idéalement l'étrangeté mortifère de ce chant du cygne poignant.



     

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