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DOSSIERS 28 mars 2024

Jordi Savall,
Ange ou Démon ?

© Matthieu Blanchin d


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Pour saluer la réédition d'une large partie de ses enregistrements chez Naïve et une activité discographique soutenue pour Alia Vox, Altamusica se propose de tracer un portrait en ombres et lumières du très essentiel violiste et chef catalan Jordi Savall.

 

Le 09/06/2001

  • Portrait en ombres et lumières
  • Entretien avec Jordi Savall
  • Les irremplaçables de Jordi Savall (I)
  • Les irremplaçables de Jordi Savall (II)
  • Une Vierge magnifique
  • Concert à crédit
  • Hespérion XXI, laboratoire d'art et d'essai



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  • Un monument de granit

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      (ex: Harnoncourt, Opéra)



  • Concert à crédit

    L'Ange & le Diable est un programme de concert que Jordi Savall a beaucoup donné, en particulier en compagnie de son acolyte Ton Koopman, autrefois aussi hirsute que Belzébuth. Fin avril dernier, il y revenait en compagnie de Rolf Lislevand et Michael Behringer au Théâtre du Palais-Royal, mais on ne sait quel succube lui a tordu l'archet ce soir-là.



    Combien d'instrumentistes peuvent s'ennorgueillir d'avoir tiré de l'oubli, mieux, redonné vie à un instrument de musique ? Très peu. Jordi Savall est pourtant de ces rares élus. En même temps que son collègue Wieland Kuijken, Savall a reconstruit une technique, des styles et surtout redonné une voix à un instrument, la viole, dont précisément le registre naturel est si proche des Voix humaines.

    Quoiqu'on fasse, on s'acquitte un peu de cette dette à chaque concert où l'on va entendre le Maître Catalan frotter son instrument d'élection comme d'autres une lanterne magique. Mais Savall a-t-il des vœux qui n'auraient pas été exaucés ?

    Toujours est-il qu'il n'a cessé de démultiplier ses activités ces dernières années : emploi du temps surchargé de concerts avec quatre formations différentes, deux à trois disques l'an, tournées, festivals, en plus de quoi il s'est lancé dans le métier d'éditeur.

    Lui reste-t-il quelque latitude pour éprouver sa viole autrement que comme une compagne que l'on a aimée passionnément ? Voilà plus de cinq ans qu'il ne lui a pas offert de nouveau répertoire, recyclant sans cesse les mêmes pièces. Le concert d'avril dernier plaide pour l'adultère.

    Et si son intelligence musicale inaltérable le dispense de travail dans des pièces essentiellement monodiques ou aux tempi modérés ( par exemple au concert de l'été dernier en Tarentaise), ses doigts le trahissent lorsque les démonstrations virtuoses de Marais et Forqueray assiègent le pupitre.

     
    Au Palais-Royal, le Maître a violé la justesse d'une quantité d'accords impressionnante, a laissé son instrument marmonner si bas jusqu'à se faire couvrir d'un simple théorbe ; là-dessus sa main gauche semblait glisser sur la touche comme si un diablotin l'a lui avait savonné.

    Bien sûr, l'acoustique mate et aride du Théâtre n'a pas aidé. Et après tout, les plus grands ne peuvent-ils avoir des jours sans ? Dans ce cas, on lui pardonnera d'autant plus difficilement d'avoir retrouvé la grâce le temps d'une Rêveuse ou d'unRecercada d'Ortiz en bis.

    Quand on a vraiment l'archet patraque, il vaut mieux tout rater, même les morceaux faciles. En revanche, on échoue aux pièces difficiles bourrées d'accords périlleux et de traits foudroyants (La Leclair) quand on a laissé trop longtemps sa viole esseulée.

    À dieux et diables ne plaisent que le désamour se prolonge, on y perdrait tout simplement le plus grand apôtre des sept cordes frottées. Mais si c'était réellement le cas, il sera peut-être temps que le Maestro se dévoue à la direction d'orchestre où il excelle tant (1). Autrement, il pourrait épuiser son crédit angélique que le public n'a pas, cette fois-là, trop renâclé à payer.


    (1) en atteste ses récentes Vêpres de la Vierge de Monteverdi à la Cité de la Musique.

    Vendredi 27 avril – Théâtre du Palais Royal de Paris

    Marin Marais (1656-1728)
    Prélude, & Muzettes
    Suite d'un Goût Etranger (Extraits du Quatrième Livre -1717)

    Robert de Visée (ca. 1660-1732)
    Les Sylvains de M. Couperin - pour Théorbe seul

    Jacques Duphly (1715-1789)
    La Forqueray -pour Clavecin seul

    Antoine Forqueray (1672-1745)
    Portraits Musicaux extraits des Pièces de viole avec la basse continue (1747)

     

    Eric SEBBAG
  • Portrait en ombres et lumières
  • Entretien avec Jordi Savall
  • Les irremplaçables de Jordi Savall (I)
  • Les irremplaçables de Jordi Savall (II)
  • Une Vierge magnifique
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