1/2 Finale Oratorio
Mercredi 16 septembre, soir – Kursaal
Prokofiev : Alexandre Nevski
Chœur Contraste
BBC Symphony Orchestra
Retour au Kursaal le soir pour l’épreuve avec chœur, qui réserve finalement peu de surprises.
L’illumination mozartienne vespérale de Tomohiro Seyama aura été de courte durée, car le Japonais, qui ouvre la dernière ligne droite avant la Finale, se perd dans une lecture de Nevski asphyxiante de lenteur, qui force les choristes à doubler leurs respirations, qui les empêche de phraser. On manque constamment d’air dans cette pâte sonore plombée et compacte, dépourvue d’aspérités. Le dernier chœur, noyé, est même complètement écrasé.
Domingo GarcĂa, victime la plus incontestable de l’épreuve d’opĂ©ra, propose des masses plus aĂ©rĂ©es, mais aussi une prĂ©cision plus relative dans la vitesse. Du moins se montre-t-il soucieux de balance, de couleur avec le chĹ“ur. Malheureusement, la dynamique de l’orchestre n’est pas assez contenue, et l’exercice choral vire parfois au mime.
Yuko Tanaka trouve la première un excellent tempo, qui avance et tient compte du fait basique que les chanteurs ont besoin de respirer. Sa dramaturgie s’avère efficace et bien construite, toujours d’un bel allant. On peut lui reprocher de bâtonner sans travailler en profondeur, mais l’ensemble roule, avec la violence nécessaire et sans surenchère.
Après la pause, Kazuki Yamada offre sans doute la plus belle performance. Avec un geste petit et concentré, une pâte sonore sans graisse inutile, il instaure un vrai climat, où l’on distingue nettement les tenues de cordes pianissimo. Son geste poing en l’air sur les dissonances très crues vaut tous les discours, et il métamorphose la couleur du chœur en le faisant murmurer l’intervention lointaine sur Peregrinus expectavi. Surtout, sa direction ne vire jamais à la démonstration et évite toute saturation inutile. L’exact opposé de son compatriote qui avait ouvert l’épreuve.
Rossen Gergov est sans doute ce soir le candidat qui propose la lecture la plus idiomatique de la partition, avec un point d’équilibre excellent entre verticalité et horizontalité, avec ce vécu, ces fulgurances tranchées typiques des chefs de l’Est. En comparaison de Yamada, il se situe plus dans l’urgence que dans le climat millimétré. Il est aussi le premier à requérir de la joie et pas seulement de la noirceur, et parvient toujours à ménager l’espace nécessaire afin que le chœur ne soit pas constamment englouti par l’orchestre.
Enfin, Henry Shin s’avère le grand adepte zen des six derniers concurrents, et son premier chœur a quelque chose de Celibidache, de même qu’il conserve une pâte sonore solaire, avec une ampleur sans tension, dans les passages les plus sombres. Malheureusement, certains passages sonnent avec mollesse et un côté béat, « petite maison dans la prairie », tout à fait déplacé.
Ă€ l’issue d’une journĂ©e sans concession, les dĂ©libĂ©rations s’éternisent, et JiřĂ Bělohlávek expliquera que le choix ne s’est pas fait sans de vives discussions ni tensions. Tout naturellement, Kazuki Yamada et Rossen Gergov sont retenus pour la Finale, avec Ă leurs cĂ´tĂ©s, plus Ă©tonnant, le très irrĂ©gulier Tomohiro Seyama.
Complément :
Vidéo ARTE Live Web de l’intégralité de la 1/2 Finale Oratorio
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