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DOSSIERS 26 avril 2024

Des offrandes musicales
© Pierre Bretagnolle

Les marchés du disque et du livre classiques sont, paraît-il, perpétuellement enrhumés. En guise de modeste contribution pour sauver un capitalisme qui lui est cher, altamusica propose de le soutenir en demandant à ses lecteurs d'offrir des CD et des livres à leurs amis. Et puisqu'il faut aider les ventes à gonfler, pourquoi ne pas offrir aussi des disques à ses ennemis ?
 

Le 20/12/2000

  • Les cadeaux d'Olivier BERNAGER
  • Les cadeaux de StĂ©phane HAIK
  • Les cadeaux de Mathias HEIZMANN
  • Les cadeaux de Antoine LIVIO
  • Les cadeaux de Françoise MALETTRA
  • Les cadeaux de GĂ©rard MANNONI
  • Les cadeaux de Michel PAROUTY
  • Les cadeaux de Roger TELLART
  • Les cadeaux de Philippe VENTURINI



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  • L'art de la symphonie

  • Un monument de granit

  • Les cadeaux de NoĂ«l 2013 d'Altamusica

    [ Tous les dossiers ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  • 4 disques Ă  offrir Ă  des amis




    Dimitri Chostakovitch
    Symphonie n°15 en la majeur op.141
    Orchestre de Cleveland, Kurt Sanderling (direction)
    1 CD Erato 2292 45815-2 (1991)


    Sans doute une des plus grandes symphonies de Chostakovitch et assurément la moins bien comprise. Il n'est que lire les commentaires qui l'accompagnent pour constater le désastre : "Réminiscences de l'enfance", "Sérénité totale", "Musique d'un cartoon de Tex Avery" et autres terribles contresens. Comment ne pas traduire ce sourire de façade en rictus le plus crispé ? Et puis, d'ailleurs, quel sourire ? Celui du premier mouvement ? Il ne faut pas être bien malin pour entrevoir derrière ces citations grotesques de l'ouverture de Guillaume Tell, ces grincements cuivrés et cette désinvolture flûtée, le désespoir le plus abyssal. Tout de blanc vêtue, la mort se fait encore plus dangereuse.

    Quant au finale, long "Adagio", il se dissout dans un asphyxiant silence, ponctué de cliquetis de percussions à paralyser d'effroi. Ardent défenseur de cette symphonie dont il parfaitement compris le double sens, Kurt Sanderling, interprète exceptionnel de Chostakovitch, signe un de ses plus grands disques. Si cet enregistrement n'est plus disponible, le précédent, effectué en 1978 à la tête de l'Orchestre symphonique de Berlin (Berlin Classics) est tout aussi recommandable et
    terrifiant.

     
    Domenico Scarlatti
    Vingt-deux sonates pour clavecin
    Pierre HantaĂŻ (clavecin)
    1 CD Astrée Auvidis E 8502 (1992)


    Scarlatti est un des plus grands compositeurs pour clavier : en une poignée de minutes, sur une paire de pages musique, il construit des mondes sonores fous d'imagination, feux d'artifice d'intelligence, de malice ou de tendresse. Bien plus que des mises en doigts, des apéritifs ou des bis pour virtuoses en quête d'effets, ces sonates brillent par leur invention et leur fantaisie. Elles demeurent pourtant scandaleusement absentes des programmes des clavecinistes et des pianistes. Raison de plus pour s'enivrer des vingt-deux doses du plus capiteux des nectars que nous sert d'un trait Pierre Hantaï. Derrière l'autorité digitale et intellectuelle resplendit la plus riche galerie que l'on puisse rêver.




    Hugues Dufourt (né en 1943)
    Erewhon
    Les Percussions de Strasbourg, Lorraine Vaillancourt (direction)
    1 CD Accord 465 716-2 – (1999)


    Composé entre 1972 et 1976, Erewhon (anagramme de "Nowhere") requiert pas moins de six percussionnistes et cent cinquante (!) instruments issus de tous les continents. Articulée en quatre volets de proportions et de nomenclature différentes, l'oeuvre présente une palette de sons, de climats, de couleurs et de rythmes absolument stupéfiante de diversité. Ce qui pourrait se limiter à une avalanche de coups, à un cataclysme vibratoire, à un déluge de décibels, se révèle une expérience physique et spirituelle très forte. Évidemment, l'impact de ce genre de musique décuple au concert mais l'enregistrement admirable (et formidablement enregistré) des Percussions de Strasbourg permet d'accéder à volonté à une partition rare. Un grand moment.

     
    Igor Stravinsky
    L'Histoire du soldat (a) – Renard (a) – Pulcinella (b) – Le Chant du Rossignol (c)
    Solistes, ensemble instrumental, Charles Dutoit (direction, a), Solistes, Ensemble Intercontemporain (b), Orchestre National de France, Pierre Boulez (direction, b, c)
    1 album de 2 CD Erato " Ultima " 3984-24246-5


    Évidemment, hétéroclite, le programme boîte un peu. On écoutera en priorité les deux chefs-d'oeuvre absolus, L'Histoire du Soldat et Renard, monuments d'humour ravageur et de poésie bâtis sur la prose unique de Ramuz. Stravinsky s'y déchaîne, ose les rythmes et les alliages instrumentaux les plus incongrus. Les interprètes réunis et conduits par Charles Dutoit s'en donnent à coeur joie et nous régalent. La clarté adamantine de la direction de Boulez, qui refuse toute fausse candeur, met admirablement en valeur les verdeurs et pieds de nez de Stravinsky. Un disque qui scintille de mille couleurs.

    1 disque Ă  offrir Ă  un ennemi

    Johann Sebastian Bach
    Variations Goldberg BWV 988 – Les six Partitas BWV 825 à 830 – Ouverture à la française BWV 831 – Fantaisie chromatique et fugue BWV 903 – Concerto italien BWV 971
    Alexis Weissenberg (piano)
    1 coffret de 3 CD EMI Classics 5 74144 2 – (1966/67)


    Il faut vraiment que ce soit quelqu'un que l'on déteste et à qui on souhaite les plus atroces souffrances. S'il n'aime pas Bach et confond sa musique avec celle d'une machine à coudre (ce qui est un bon prétexte), voilà qui devrait à la fois le conforter dans son opinion et le tourmenter. Comment en effet peut-on souffrir (c'est le mot) plus de quelques minutes cette machine infernale qui débite à un rythme industriel des notes de musique comme d'autres des yaourts ou des clous. Et dire que cette pseudo-objectivité, qui empêche toute respiration et nie toute ligne mélodique, fut un temps considérée comme moderne ! Elle l'est comme le sont "Les Temps" dans le film de Chaplin.



     
    1 livre Ă  offrir Ă  un ami




    Johann Sebastian Bach " The Learned Musician "
    Par Christoph Wolff. Edition Norton. 600 pages, 39,95 dollars US.


    Le célèbre musicologue Christoph Wolff, spécialiste mondial de Bach qui officie outre Atlantique, à l'université de Harvard, vient de rédiger pour cette année Bach qui s'achève, un livre essentiel. Articulé en douze chapitres qui épousent la chronologie, il traite aussi bien la vie quotidienne et familiale de l'homme que le travail du compositeur : ses rapports avec la hiérarchie, l'organisation de l'office luthérien, son évolution stylistique, ses préoccupations intellectuelles. Agrémenté d'illustrations, de tableaux, de passionnants appendices et d'un triple index, cet ouvrage est destiné à faire référence pour longtemps. À traduire d'urgence.

    Il est à noter que certains de nos collaborateurs ont choisi les mêmes disques, altamusica a respecté leurs inclinations. Par ailleurs, puisqu'on n'offre pas nécessairement des livres ou disques de parution récente, certains ont carrément préféré des valeurs sûres.

     

    Philippe VENTURINI
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