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| ENTRETIENS |
20 avril 2024 |
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Il y a 2 ans, vous avez réalisé l'intégrale des quatuors de Beethoven en 5 concerts sur une semaine. Qu'en gardez-vous ?
Comme un monument à gravir, comme une première expérience. C'était notre première intégrale. Nous l'avons programmée de nouveau cette année, plusieurs fois et de manière aussi compacte qu'à Besançon. C'est un bain de musique. Il est toujours très agréable de se plonger dans l'esthétique d'un compositeur et de ne plus en bouger pendant une semaine ou 15 jours. Je pense que l'expérience montre que nous avons compris où étaient les écueils, à nous d'y faire face la prochaine fois. |
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Au cours de ces deux premières années de concert de l'intégrale Haydn, on peut constater que vous avez choisi des tempi rapides. Est-ce une volonté de contraste ou le respect de l'écriture de Haydn ?
L'esthétique baroque, l'interprétation baroque et l'influence de ces musiciens de haut niveau ont un peu changé la vision de l'interprétation de la musique de cette époque. On ne peut plus jouer comme on le faisait avant avec une manière un peu lourde, un peu cadrée. À cette époque, l'improvisation, la légèreté du fait de la forme et de la longueur des archets aboutissait à une projection rapide du son avec des mouvements rapides plus dansants, plus caustiques. |
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Cette intégrale Haydn va durer 5 ans. Comment pendant cette longue période garder la ligne directrice que vous vous êtes fixés ?
Nous gardons tout le temps le contact avec cette musique. L'année prochaine, nous allons sans doute jouer les opus 77 et 55. Ils sont déjà programmés et nous allons vivre avec pendant 9 mois le temps de concerts isolés. Le mois de septembre est alors consacré à une véritable immersion dans cette musique. |
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Est-ce qu'une telle immersion, une telle présence ne risque pas de " polluer " le reste de votre discours musical ?
Au contraire, pour nous c'est une grande chance de pouvoir jouer cette musique, et encore une fois, le Quatuor Ysaye va ressortir renforcé de cette expérience, avec des bases de quatuor et une esthétique de cette époque que peu de Quatuors ont la chance de posséder. |
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La composition des quatuors de Haydn s'étend sur une longue période et comporte un nombre considérable de pièces, rendant sans doute difficile la composition d'un programme sur 5 ans comportant 4 à 5 concerts par an de 3 quatuors chacun. Pourquoi ne pas avoir choisi l'ordre chronologique ?
On ne pouvait pas faire une intégrale chronologique qui, pour le public, aurait été bien difficile à digérer avec pendant près de 2 ans un Haydn proche du divertissement italien avec une basse continue et un premier violon qui chante. Au milieu de sa vie et jusqu'à la fin, Haydn est en train de définir le canevas du quatuor moderne.
Nous avons voulu montrer à chaque concert un éclairage de sa composition, comment les choses évoluent, avec un quatuor du début, puis médian, puis de la fin. Les opus 20 programmés cette année sont le socle des quatuors modernes. Tout le monde va rebondir sur ce cadre Mozart, Beethoven, Brahms jusqu'aux compositeurs d'aujourd'hui. |
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Cinq années d'intégrale, c'est aussi l'expression de la durée dans le temps de votre formation. Depuis deux ans, François Salque a remplacé Marc Coppey dans un ensemble par nature très fusionnel. Peut-on considérer que la période d'adaptation est terminée ?
Lorsque l'on coopte un nouveau membre, c'est généralement quelqu'un qui est pétri de la même culture, le la même approche du répertoire. François Salque avant de nous rejoindre avait fait beaucoup de quatuor aux États-Unis Il avait cette vibration pour le quatuor.
Bien sûr, quand quelqu'un change, tout change. C'est le miroir qui vous reflète qui change, vous ne vous voyez plus à travers lui de la même façon, c'est un équilibre à reconstruire. Son arrivée a libéré les espaces et a permis à certains membres de s'affirmer un peu plus et nous arrivons à un équilibre que nous avions rarement atteint. |
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Avez-vous déjà pensé au terme de cette intégrale ? Une nouvelle intégrale ? Schubert ? Bartok ?
Pour l'instant, nous ne sommes qu'au terme du premier tiers de l'intégrale Haydn, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais si nous devions choisir, nous préférerions Bartok.
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2 disques pour découvrir l'art du quatuor :
Gabriel Fauré : Quatuor & quintette pour piano & cordes avec Pascal Rogé, Decca
-André Boucourechliev : Quatuor III / Miroir 2 / Archipel II, Aeon |
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