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ENTRETIENS 18 avril 2024

Mathieu Ganio, nouvelle étoile à l'Opéra de Paris
© Icare

Mathieu Ganio

A sa plus grande surprise, le jeune danseur Mathieu Ganio qui a récemment brillé dans Don Quichotte à l'Opéra Bastille a été nominé étoile. Nomination totalement justifiée au regard des immenses qualités de ce danseur plus que prometteur. Rencontre avec un jeune homme de tout juste vingt ans bourré de talent.
 

Le 02/06/2004
Propos recueillis par Gérard MANNONI
 



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  • Mathieu Ganio, je suppose que vous ne vous attendiez pas à cette nomination ?

    Absolument pas ! C'est quelque chose qu'on attend depuis qu'on est tout petit, pour laquelle on prie le soir dans son lit, pour laquelle on travaille dur tous les jours, mais je ne pensais pas du tout que ça viendrait aussi vite. Ça a été pour moi une surprise complète.

     

    Cette première impression de surprise passée, quelle satisfaction ressentez-vous et quels problèmes cela vous pose-t-il ?

    Je me sens d'abord investi d'une grande responsabilité puisque tout ce que vais faire désormais doit représenter l'Opéra de Paris au plus niveau. Je sais que beaucoup de gens trouvent que j'ai été nommé trop vite. Je dois donc prouver que si je suis là, c'est que je le mérite. Je n'ai plus droit à l'erreur, notamment dans cette Sylphide que je vais danser dans quelques semaines. En revanche, c'est beaucoup de stress et de questionnement en moins. Je n'ai plus à me demander si je vais y arriver ou pas. Je peux me consacrer uniquement à la danse, en toute liberté. J'ai juste vingt ans, donc un large avenir devant moi pour travailler beaucoup de rôles. C'est une nouvelle vie qui commence. J'ai tout à apprendre car je n'ai pas fait de rôles de demi-solistes. Je suis passé directement de corps de ballet à soliste. Je n'ai jamais fait Espada ou le Pas de trois du Lac des Cygnes ou le Pas de deux des vendangeurs de Giselle. C'est cette absence de progression qui risque d'être la plus difficile à assumer.

     

    Justement, comment avez assumé ce changement, car danser un rôle d'étoile, ce n'est pas uniquement être techniquement à la hauteur, c'est aussi entraîner tout le corps de ballet derrière soi ?

    J'ai été aidé par Agnès qui a été adorable. D'abord, elle a tout de suite accepté de danser avec moi, ce qui n'était pas évident pour une grande étoile comme elle. Il fallait qu'elle ait la patience de réapprendre le ballet avec moi. Je n'avais par exemple que quelques notions d'adage. Elle a été très patiente et très gentille avec moi. L'ensemble du corps de ballet m'a aussi beaucoup soutenu. Je me sentais porté par tous, ce qui me faisait oublier la difficulté de la chose et faisait tomber la pression et le trac.

     

    Vous venez juste de commencer à travailler le rôle de James dans La Sylphide. Comment cela se passe-t-il ?

    C'est très différent, très dur, avec beaucoup de petites batteries, mais je crois que c'est a priori plus pour moi que Don Quichotte. Mais on risque de me juger encore plus sévèrement si on pense que je dois y être spontanément meilleur ! Je sais que c'est un grand danger pour moi. Je sais aussi que lorsque l'on est un « espoir Â» on vous trouve mille qualités et que, lorsqu'on est consacré, on vous trouve soudain mille défauts. D'autant que les comparaisons vont être multiples avec de grandes étoiles comme Manuel Legris, Laurent Hilaire ou José Martinez.

     

    Etes-vous prêt à aborder désormais tout le répertoire que danse l'Opéra, y compris les oeuvres les plus modernes comme Forsythe ou Pina Bausch ?

    Ce n'est pas a priori ce à quoi j'ai été préparé, mais je me sens ouvert à tout. Je dois m'y aventurer prudemment, mais je pense qu'à ma génération, et vu l'évolution du répertoire de la compagnie, il n'est pas possible de se cantonner dans le grand répertoire académique. Il faudra voir ce dans quoi je peux me risquer, mais je n'ai aucun a priori, ni aucune réticence concernant les chorégraphes les plus contemporains. Pina Bausch ? Pourquoi pas, tout en sachant que je ne vais pas pouvoir tout absorber en même temps, le classique et les autres. J'aurai sûrement des choix à faire, et je sais que Brigitte Lefèvre m'aidera en me proposant ce qui semblera le plus adéquat pour moi.

     

    Le 02/06/2004
    Gérard MANNONI


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