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ENTRETIENS 20 avril 2024

Le passé retrouvé (1) : Luciano Berio
© Radio France

En 1974, l'IRCAM (Institut de Recherche et de Coordination Acoustique Musique) en est à ses balbutiements et s'installe à Beaubourg sous la direction de Pierre Boulez. Le compositeur Luciano Berio vient d'accepter d'y collaborer à la demande de Boulez. Un concert doit inaugurer cette collaboration.
(Entretien du 17 octobre 1974 pour Le Quotidien de Paris).

 

Le 12/07/2004
Propos recueillis par Gérard MANNONI
 



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  • Luciano Berio, quel est votre rôle à l'IRCAM ?

    Je suis responsable du département électro-acoustique, qui est un nouveau nom pour la musique électronique. On y développe les anciennes expériences de la musique électronique. C'est une espèce de pont entre le département de recherche vocal et instrumental dirigé par Vinko Globokar et celui des ordinateurs dirigé par Jean-Claude Risset. C'est une espèce de pont car que je ne crois pas possible de concevoir aujourd'hui la musique électronique dans le vieux sens du mot. Elle s'est développée de manière rapide et complexe. On peut poursuivre cette expérience seulement en la rattachant à d'autres domaines d'expérience, les principaux étant naturellement celui des instruments et de la voix et celui de l'ordinateur. Il y aura un corps central de ce département, une installation technique complexe qu'on est en train d'étudier, une sorte de synthétiseur. Mon département va aussi s'intéresser à d'autres domaines qui me passionnent : le langage, la linguistique. Tout va se mettre en place dans les mois à venir.

     

    Comment envisagez-vous la collaboration avec les linguistes ? Que peut-elle apporter de nouveau ?

    En principe, c'est le domaine du département Diagonal qui a entre autres la fonction de coordonner différentes activités. J'y porte beaucoup d'attention car tout ce qui touche à la linguistique m'intéresse. Le champ de recherche est très vaste. Il touche en profondeur certains domaines de la recherche musicale, pas forcément liés aux problèmes de la voix, mais à une espèce d'ontologie musicale et à des problèmes psychophysiologiques d'apprentissage de la musique et du langage à un niveau très élémentaire. Il y a des parallélismes entre les deux.

     

    Pour ce premier concert, quelles oeuvres avez-vous sélectionnées et dans quel esprit ?

    Il y avait des oeuvres plus récentes mais trop chères à monter dans l'état général d'économie mondiale actuelle. J'ai donc opté pour deux oeuvres anciennes et une nouvelle. J'ai choisi deux oeuvres radiophoniques : Visages, de 1961, pour la Radio Italienne et une autre que j'ai composée en juin dernier pour la Radio d'Hilversum. Au milieu, il y aura une oeuvre plus ancienne, Différences, pour cinq instruments et bande enregistrée, créée en 1958-59 et dont la première audition a été dirigée par Pierre Boulez dans le cadre du Mai Musical. Les deux oeuvres radiophoniques ne sont pas destinées à la salle de concert. Elles représentent toutes deux pour moi un champ de recherche très important pour le traitement de l'inflexion et de l'intonation vocales. La substitution des articulations des inflexions vocales a une signification particulière. Il y a une espèce de lutte entre les deux. Certains gestes des intonations prennent la place de la signification complète d'un mot. Les deux oeuvres sont basées sur ce jeu entre inflexion vocale et signification des mots. L'autre oeuvre, Différences, est une tentative d'établir un pont entre le moyen de donner une audition vivante, normale, naturelle, avec cinq musiciens qui jouent de la musique, et leur propre image enregistrée qui peu à peu se transforme. Sur la bande électronique, il y a seulement les sons instrumentaux qui sont traités, transformés, jusqu'à un niveau tel que ce que l'on entend sur la bande n'a par moment plus rien à faire avec les instruments, mais on a vécu le processus musical de cette transformation très poussée. L'intérêt est de découvrir le parcours qui mène d'une situation et l'autre, de mesurer la différence entre les données naturelles des instruments qui jouent et la transformation de ces mêmes instruments par des procédés électro-acoustiques.

     

    Le concert ne doit-il pas aussi comporter une part de discussion, d'explication ?

    Je ne sais pas encore exactement comment cela va se passer. Nous pensons discuter avec Boulez et les musiciens de l'IRCAM de six heures à sept heures, mais il faut nous mettre d'accord sur la manière dont nous allons procéder A sept heures, on fera le concert.

     

    Comment voyez-vous l'avenir de l'IRCAM ?

    Enthousiasmant ! C'est très séduisant car les personnalités qui y collaborent sont vraiment diversifiées. C'est une image du pluralisme du monde d'aujourd'hui. Chacun à un but différent mais aussi une histoire différente. Je pense que cela sera très vivant et très productif.




    A suivre...


    La semaine prochaine : Leonie Rysanek

     

    Le 12/07/2004
    Gérard MANNONI


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