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ENTRETIENS 28 mars 2024

Leonard Slatkin : un Américain à Paris
© Roger Picard

À un mélomane auquel il serait demandé de citer le nom de quelques chefs qui comptent outre-Atlantique, celui-ci penserait sans doute à Ozawa, Levine, Salonen ou Tilson Thomas. Pas à Leonard Slatkin qui est pourtant l'un des chefs les plus expérimentés de sa génération. Attaché à la culture de son pays, il n'en est pas moins amoureux de la France et de Paris, où il vient régulièrement diriger l'Orchestre national de France.
 

Le 12/04/2000
Propos recueillis par Stéphane HAIK
 



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  • Que pensez-vous de la nomination de Kurt Masur à la direction musicale de l'Orchestre national de France, cet orchestre que vous connaissez bien ?

    Je suis convaincu que la désignation d'un chef aussi expérimenté que Kurt Masur était le meilleur choix que l'on puisse faire pour l'Orchestre national. Cet orchestre français a un passé glorieux, une réputation à l'étranger qu'il faut entretenir constamment ; Masur lui apportera un souffle nouveau et une discipline héritée de l'Ecole allemande. Sans oublier le répertoire qui va non pas changer, car le National doit conserver ses caractéristiques et ses atouts, mais se diversifier : je pense bien sûr au répertoire allemand, que Masur connaît sur le bout des doigts, pour l'avoir joué aux quatre coins du monde depuis des décennies, que ce soit à New York, à Londres ou à Leipzig.

     
    Ne pensez-vous pas que le National risque tout de même d'y perdre un peu de ses couleurs, si caractéristiques du "son français" ?

    Attendons un certain temps avant de porter la moindre appréciation sur l'éventuelle métamorphose de l'Orchestre national. Je ne crois pas sincèrement que l'on assiste à une perte d'identité.

     
    Comment définiriez-vous justement le son, les couleurs de cet orchestre ?

    Existe-t-il d'ailleurs un "son français", un "son allemand" ou un "son américain" ? Je pense que la question est difficile à trancher. Prenez le cas des pupitres de cuivres : ils ressemblent beaucoup aujourd'hui aux sonorités des cuivres américains, même si les cors français ont un vibrato plus large. Quant au répertoire de l'orchestre français, comme de tous les orchestres d'ailleurs, je ne suis pas certain qu'il soit bon de le limiter à quelques" partitions fondamentales" qui seraient jouées "en boucle" : un orchestre français ne peut pas jouer que de la musique française, pas plus qu'une formation britannique ne doit faire de son répertoire national son unique centre d'intérêt.

     
    En octobre prochain, vous serez le chef principal de l'Orchestre symphonique de la BBC, tout en poursuivant votre étroite collaboration avec l'Orchestre Philharmonia. Un nouveau défi ?

    Le fait de passer d'un orchestre à l'autre me plaît énormément. Ce sont deux orchestres qui n'ont ni la même histoire, ni les mêmes spécificités. Avec l'Orchestre symphonique de la BBC, je vais avoir l'opportunité de tenter des expériences nouvelles, de me pencher davantage sur la musique de notre temps, car je crois que cet orchestre est particulièrement curieux, sans conservatisme. Une chance.

     
    Cela fera donc le troisième orchestre dont vous avez la charge, avec l'Orchestre symphonique national de Washington ! Quelle est la "position" de cet orchestre face aux autres phalanges américaines ?

    C'est un bon orchestre, mais qui n'entre pas non plus dans la catégorie des "Big Five", à laquelle appartient l'Orchestre philharmonique de New York ou l'Orchestre symphonique de Boston. Je dirais que l'Orchestre de Washington fait partie d'un second groupe, aux côtés notamment des orchestres de Houston et de San Francisco. Cela dit, toutes ces notions de classification sont très relatives, cette mesure tenant compte essentiellement des moyens financiers dont bénéficient ces formations, non du réel potentiel musical dont elles disposent.

     
    Estimez-vous que cette hiérarchie soit aussi largement entretenue par les médias américains ?

    Difficile à dire. De toute manière, les critiques musicaux américains n'ont plus l'influence dont ils pouvaient jouir autrefois, alors que les critiques cinématographiques continuent d'être des prescripteurs. Après tout, un compte rendu écrit et publié après un concert ne peut par définition exercer la moindre influence ! Les journalistes musicaux ne sont peut-être pas toujours conscients de cette réalité (sourires).

     
    Certains critiques américains n'ont par contre pas oublié que vous êtes le fils de Felix Slatkin, le fondateur et premier violon du Quatuor de Hollywood ! Cet héritage est-il lourd à porter ?

    C'est un honneur pour moi que de porter le nom de Slatkin. Le Quatuor de Hollywood, dans les années cinquante, incarnait merveilleusement une certaine tradition américaine, même si ma famille est originaire de Russie. À la dissolution du Quatuor, il est un peu tombé dans l'oubli, mais aujourd'hui, je suis heureux de constater qu'il a retrouvé sa place historique auprès des mélomanes, grâce aux rééditions discographiques (n.D.L.R. : édition du Quatuor de Hollywood chez Testament).

     
    Avant de fonder le Quatuor de Hollywood, votre père avait beaucoup fréquenté les orchestres des studios d'Hollywood dans les années quarante.

    C'était l'Orchestre de la 20 th Century Fox à la grande époque du cinéma hollywoodien. La musique de films, vous savez, était en général d'une haute qualité, avec des compositeurs venus d'Europe, comme Korngold ou Rozsa. Et c'est sans doute d'ailleurs l'une des meilleures formations qu'un musicien d'obédience classique pouvait acquérir.

     


    QUELQUES REPERES DISCOGRAPHIQUES (BMG)
    Bartok : Concerto pour orchestre + Le Mandarin merveilleux - Orchestre symphonique de Saint Louis
    Britten : Variations Enigma - Orchestre philharmonique de Londres
    Copland : musique de films - Orchestre symphonique de Saint Louis

     

    Le 12/04/2000
    Propos recueillis par Stéphane HAIK


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