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ENTRETIENS 19 avril 2024

Pierre Boulez (IV) :
Les grands projets

Mercredi 3 mai, place Igor Stravinski, sous un radieux soleil de printemps. Pierre Boulez arrive Ă  l'IRCAM avec un bon quart d'heure d'avance, visiblement satisfait que notre entretien puisse commencer bien Ă  l'heure. Le verbe toujours aussi percutant, il Ă©voque BartĂłk et Ravel, ses relations avec les grands orchestres, Bayreuth et ses projets.
 

Le 25/05/2006
Propos recueillis par Yannick MILLON
 



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  • Pierre Boulez (I) : BartĂłk et Ravel

    Pierre Boulez (II) : Les orchestres, Mahler, Bruckner

    Pierre Boulez (III) : Bayreuth et Wagner

    Pierre Boulez (IV) : Les grands projets





    Avez-vous des projets d'opéra à la Bastille ?

    J'en ai parlé avec Gerard Mortier, qui m'a bien sûr invité, mais je n'ai accepté de diriger que quelques concerts symphoniques. À Berlin aussi, Barenboïm a essayé de me convaincre, par le biais des délégués des musiciens, de diriger à la Staatsoper. J'ai dit non à chaque fois, sauf pour De la maison des morts à Aix en 2007, car la pratique de l'opéra prend trop de temps. En général, je tiens à suivre toutes les répétitions scéniques, car si des indications contredisent la musique, on peut alors intervenir tout de suite sans avoir une tragédie à deux semaines des représentations.

    J'ai agi souvent ainsi avec Schlingensief, mais aussi quelquefois avec Stein, et assez rarement avec Chéreau quand il m'a semblé nécessaire et à chaque fois, on a évité des heurts de caractère. Si l'on passe donc trois à quatre semaines à observer les répétitions scéniques avant le début des musicales, cela porte à six ou huit le nombre de semaines à passer dans un théâtre pour une production lyrique. C'est très absorbant, et je ne peux plus exactement me le permettre.

     

    Comment se fait-il que vous abordiez l'oeuvre lyrique de Janaček par son ultime opus, comme naguère Wagner par Parsifal ?

    Chez les compositeurs, les dernières oeuvres sont quelquefois les plus énigmatiques, ce qui est le cas avec De la maison des morts. Voilà un opéra qui n'a pas véritablement d'intrigue. Quatre détenus racontent leur histoire, avec comme fil conducteur ce prisonnier politique qui par son arrivée puis son départ cadre un peu l'action. Il y a aussi la représentation théâtrale des bagnards qui est un numéro à part. C'est une oeuvre curieusement bâtie, à laquelle il m'intéresse de donner un caractère, surtout dans la mise en scène.

    Nous en avons déjà parlé avec Chéreau, et nous sommes tombés d'accord sur le fait que la difficulté dans cet opéra réside dans la manière de faire reconnaître ces personnages qui ont parfois une phrase à dire et ne parlent plus pendant une demi-heure. On ne peut les faire reconnaître par le costume, étant donné qu'ils portent tous le même uniforme carcéral. Il faut donc chercher une attitude, une réaction. Il en va de même pour la musique, où il faut caractériser les personnages avec beaucoup de précision. Je ne peux pas encore vous dire comment je le ferai, car je n'ai pas commencé à travailler la partition, mais je sais déjà que c'est le problème qui me préoccupera le plus.

     

    Que vous inspire l'annonce combinée du maire de Paris Bertrand Delanoë et du ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres de la construction d'un grand auditorium à la Villette d'ici 2012 ?

    Cela me paraît tout à fait indispensable, et je suis heureux qu'on arrive à s'entendre au bout de vingt-quatre ans, car on a parlé de cet auditorium dès 1982, quand on a élaboré pour la première fois le projet de la Villette. On a enfin compris que c'est un élément indispensable à la vie musicale de Paris. La salle Pleyel est une bonne solution d'intérim, voire à long terme pour disposer de deux salles de concert. On dit souvent qu'il y a beaucoup de salles à Paris, mais ce sont des salles de théâtre avant tout : Théâtre des Champs-Élysées, du Châtelet, Opéra Bastille, Palais Garnier, autant de maisons qui ne sont pas faites pour le concert. Les cadres de scène y sont en général beaucoup trop étroits, la façon d'y manoeuvrer est difficile, leur acoustique n'est pas idéale.

    Paris nécessite d'abord une salle de concerts moderne ; en vérité il ne s'agit pas que d'une salle – je l'ai dit très précisément tant au ministre qu'au maire – mais bien autant de l'environnement de cette salle, son côté pédagogique, pas seulement au niveau des conférences, mais déjà au niveau des renseignements que l'on peut trouver à partir d'Internet, d'une discothèque, d'une vidéothèque, afin que les gens puissent se cultiver eux-mêmes. Ce que les musées ont fait depuis vingt à trente ans – vous pouvez vous balader dans le Louvre pendant deux journées entières –, que la musique le fasse enfin !

    À la Cité de la musique, le processus a commencé, il y a une petite médiathèque que Laurent Bayle a inaugurée, il y a le Musée de la musique. Tout cela devrait être étendu de façon à ce que la Cité de la musique mérite vraiment son nom. Pour le moment, elle est unijambiste, elle manque d'appartements, et la seule notion d'auditorium est encore bien trop étroite pour le projet qu'elle suppose.






    Pierre Boulez (I) : BartĂłk et Ravel

    Pierre Boulez (II) : Les orchestres, Mahler, Bruckner

    Pierre Boulez (III) : Bayreuth et Wagner

    Pierre Boulez (IV) : Les grands projets

     

    Le 25/05/2006
    Yannick MILLON


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