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ENTRETIENS 26 avril 2024

Paul Meyer souffle un vent de modernité

Portant haut le flambeau de l'école française des vents, Paul Meyer st un touche-à-tout. Sa curiosité ne connaît pas de limites, du répertoire des siècles passés à la musique d'aujourd'hui, dont il est l'un des plus fervents promoteurs, sans oublier la direction d'orchestre. Paul Meyer, versant instrumentiste, a créé Assonance IV de Michael Jarrell, entouré par l'Orchestre de Paris et Sylvain Cambreling, salle Pleyel, à Paris, les 30 et 31 mars derniers.
 

Le 20/04/2000
Propos recueillis par Stéphane HAIK
 



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  • Quelles sont les principales caractéristiques d'Assonance IV ?

    Ce qui ressort d'emblée de cette partition, c'est une virtuosité de tous les instants, comme immuable. Une partition qui est à l'image es précédentes Assonances : une grande complexité rythmique avec de ombreux sons intermédiaires entre les demi-tons qui exigent des doigtés d'une redoutable précision.

     
    Avant de croiser le chemin de Jarrell, vous avez beaucoup travaillé avec Luciano Berio, qui a écrit à votre intention Alternatim. D'où vient ce goût pour la musique de notre temps ?

    J'ai toujours aimé la musique d'aujourd'hui. Déjà il y a quinze ans, j'était essentiel à mon épanouissement de musicien. Il faut rappeler que le répertoire pour clarinette n'est pas illimité ; il est donc important de l'étendre vers de nouveaux horizons. Je dois dire que je n'ai jamais autant de plaisirs que lorsque je découvre, déchiffre, analyse, une nouvelle pièce : c'est un peu comme inventer à chaque fois de nouvelles bases d'interprétation, en l'absence d'antériorité, en contact direct avec le compositeur. C'est le rêve !

     
    Votre génération semble d'ailleurs manifester un intérêt prononcé pour la création.

    C'est vrai, mais vous savez, ma génération porte en elle le syndrome de la " génération sacrifiée " : que vous soyez clarinettiste, pianiste, violoniste ou chef, vous êtes en permanence confronté et comparé aux légendes des temps passés. C'est sans doute très instructif, mais c'est aussi très paralysant. Je ne connais pas un seul chef publiant une intégrale des symphonies de Beethoven qui ne se voit pas opposé à Furtwaenger ou à Toscanini.

     
    Cela pourrait-il signifier que l'intérêt des jeunes interprètes pour la musique d'aujourd'hui relèverait aussi d'une volonté de " positionnement " ?

    Je crois surtout que la jeune génération a elle-même jeté les bases d'un nouveau métier de musicien, avec de nouveaux critères, une organisation différente. Avec plus d'audace, aussi. Par rapport à leurs aînés, les jeunes musiciens s'intéressent par exemple davantage à la musique de chambre. Notre génération a perdu l'individualisme forcené que l'on reprochait fréquemment aux solistes français d'autrefois. Je trouve la situation particulièrement stimulante.

     
    Si l'on affirme que vous vous inscrivez dans une tradition française des vents, cela vous convient-il ?

    J'ai longtemps pensé que j'étais une sorte d'électron libre, sans points d'attache à l'Ecole française. Mais je me suis vite aperçu que ce n'était pas exact. Entre la génération de Louis Cahuzac et la nôtre, il y a une filiation évidente, incontestable : une recherche de la couleur, du timbre, cette fameuse finesse, si appréciée au-delà de nos frontières. L'idée de tradition française me plaît énormément d'ailleurs. Je crois qu'il s'agit d'un label de qualité : il ne faut pas hésiter à le dire haut et fort, et l'association " Les vents français " que j'ai lancée avec quelques amis musiciens participe de cette dynamique. Faire connaître l'Ecole française des vents un peu partout dans le monde, c'est une mission à laquelle je suis très attaché.

     
    En France, ne pensez-vous pas qu'il y ait un paradoxe ? Alors que la clarinette est populaire, les conservatoires ne connaissent toujours pas un afflux très important des jeunes vers cet instrument.

    En fait, je pense que cela traduit un vrai malaise. Les parents continuent de diriger leurs enfants vers des instruments qu'ils jugent nobles. Selon eux, la clarinette n'appartient pas à cette catégorie. Au moment où l'on s'interroge sur les méthodes de démocratisation de la musique classique, il serait bon de souligner les différences de prix entre un piano et une clarinette ! C'est tout simple, mais toujours très éloquent. Au Japon, il y a près de 5 millions de clarinettistes ; en France, il y a encore de la marge.

     
    La direction d'orchestre, que vous pratiquez régulièrement, est-elle pour vous un simple signe d'ouverture d'esprit ou une seconde nature ?

    Une passion dévorante. Mes premiers cours de direction d'orchestre remontent à 1983. La baguette est une extension de ma personnalité : un enrichissement permanent, par rapport bien sûr au répertoire, mais aussi par rapport à ce qu'une communauté de musiciens peut représenter. C'est apprendre les règles et usages de la démocratie.

     
    Souhaiteriez-vous un jour prendre la direction musicale d'un orchestre ?

    J'en rêve. Il y a quelques années, la ville de Mulhouse m'avait suggéré de prendre la responsabilité de l'Orchestre symphonique. Je n'étais pas assez expérimenté pour accepter cette offre exceptionnelle. Aujourd'hui, si l'on me propose un tel poste, je saisis l'occasion immédiatement.

     
    Au point d'abandonner votre carrière de soliste ?

    Abandonner ma clarinette ? Jamais. Entre des activités de soliste, de chambriste et de directeur d'un orchestre, il y a sans doute un équilibre possible, même s'il s'avère de prime abord délicat. Si cela était impossible, alors je mettrais un frein à ma carrière d'instrumentiste.

     

    Le 20/04/2000
    Propos recueillis par Stéphane HAIK


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