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ENTRETIENS 25 avril 2024

James Conlon, à Bastille pour le plaisir

Chef principal de l'Orchestre de l'Opéra de Paris sous l'ère Gall, James Conlon, actuel directeur de l'Opéra de Los Angeles, revient dans la fosse de Bastille pour la reprise du très contesté Simon Boccanegra mis en scène par Johan Simons. Rencontre avec un musicien très occupé depuis son départ de la capitale.
 

Le 12/04/2007
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • Vous êtes new yorkais. Que vous a apporté votre long séjour en Europe et notamment à Paris ?

    Paris a été pour moi bien plus qu'un long séjour. J'ai passé une tranche de vie en Europe, 13 ans à Cologne et 9 ans à Paris. L'Europe faisait partie de mes rêves d'adolescent et elle a joué un rôle majeur dans mon existence. Elle m'a forgé. Depuis mon départ de l'Opéra de Paris, je suis déjà revenu en France, à la tête de l'Orchestre National. Mais c'est la première fois que je dirige à l'Opéra depuis que j'y ai quitté mes fonctions. Je suis très heureux de retrouver ceux que je considère un peu comme ma famille, aussi bien les musiciens, les choristes, les régisseurs de scène que le personnel de l'administration. Heureux de les retrouver alors que je n'ai plus de responsabilités dans la maison. D'ailleurs, maintenant, j'ai décidé de plus rien faire si ce n'est pour le plaisir.

     

    Même de retour aux États-Unis, vous avez gardé des attaches avec la France.

    Mes deux filles vont au Lycée français de New York. Ma fille aînée Luisa y est entrée à l'âge de 4 ans avant de venir poursuivre ses études à Paris. Quant à Emma, 10 ans, elle est née à Paris. Elle est américaine mais dit toujours qu'elle est parisienne. Il n'était pas question qu'elles ne terminent pas leurs études en français. La France existe toujours dans notre vie quotidienne.

     

    Vos filles étudient à New York, mais vous travaillez à Los Angeles et Chicago.

    En dehors de New York, ce sont effectivement les centres de ma vie. Je suis directeur du festival de Ravinia qui est le siège estival de l'Orchestre de Chicago. C'est un intense travail d'un mois avec trois programmes par semaine, soit entre douze et quinze productions, l'équivalent de ce que l'on fait d'habitude au cours d'une saison complète. Je connais bien Ravinia. J'y étais chef invité voilà déjà trente ans, bien avant de prendre mon poste de directeur. Successeur de James Levine et de Christoph Eschenbach, je viens de renouveler mon contrat jusqu'en 2011. En quittant Paris, je m'étais promis de travailler un peu moins, mais en septembre 2006, à la demande de Placidó Domingo, je suis devenu directeur musical de l'Opéra de Los Angeles. C'est un travail passionnant, car c'est une compagnie qui date de moins de vingt ans, et il reste tout à y faire.

     

    Dans la programmation à Los Angeles, quels ouvrages vous tiennent le plus à coeur ?

    Deux choses sont pour moi particulièrement importantes. La première, c'est l'oeuvre de Wagner. Nous venons de donner Tannhäuser et l'an prochain, ce sera Tristan et Isolde. Nous entamerons notre premier Ring en 2009, qui sera mis en scène par Achim Freyer. La deuxième, c'est de donner des opéras de musiciens bannis par les nazis. Ce projet est plus large que celui des simples musiques « dégénérées Â», et nous l'avons appelé « Recovered Voices Â». Il s'agit de faire entendre des compositeurs d'une époque que l'Amérique ne connaît pratiquement pas, tels Zemlinsky, Ullmann, Schreker, Braunfels, Korngold, Schulhoff, Krenek. Je fais la même chose depuis 2004 à Ravinia. Je m'aperçois que le public qui découvre cette musique s'y attache rapidement. L'an prochain à Los Angeles sera programmé un diptyque avec Der Zerbrochene Krug (la Cruche cassée) de Viktor Ullman d'après le texte de Von Kleist, et Der Zwerg (le Nain) de Zemlinsky.

     

    Vous avez toujours affirmé aussi votre passion pour Verdi.

    Cette saison, je dirige cinq opéras de Verdi. J'ai inauguré mes fonctions à Los Angeles avec la Traviata, chantée par Renée Fleming, Rolando Villazón et Renato Bruson, puis il y a eu Don Carlo. En mai, je dirige le Trouvère lors de mon festival de Cincinnati et en juin à Bologne Falstaff avec Ruggero Raimondi. Me voici, entre-temps, à Paris pour Simon Boccanegra, un opéra est un de ceux que j'ai entendus très jeune, bien avant les ouvrages plus populaires de Verdi. Je devais avoir 13 ans. Je l'ai ensuite vu au Met avec des chanteurs tels que Zinka Milanov ou la Tebaldi. Je l'ai dirigé pour la première fois en 1980 avec MacNeil. Et c'est cet opéra que j'avais choisi pour commencer ma première saison à Cologne. Je ne l'ai jamais dirigé à Paris, et comme Gerard Mortier me l'a demandé, ce sera désormais chose faite. Le caractère de cet opéra est extraordinaire, proche de Don Carlo. Plusieurs choses me passionnent : d'abord Simon qui est un être d'une immense humanité, puis la vie privée des personnages qui s'imbrique à l'action politique. On sent les premières traces de l'unité italienne. Enfin, la scène du Conseil est a elle toute seule un vrai chef-d'oeuvre. Simon Boccanegra annonce également Otello, et Paolo est en quelque sorte le prédécesseur de Iago.

     

    La mise en scène de Johan Simons avait été mal accueillie l'an passé. Qu'en pensez-vous?

    Je suis là pour défendre la musique et pour qu'elle transmette son émotion au public. J'ai vu l'an passé une représentation en tant que spectateur. J'ai beaucoup travaillé avec l'équipe de la mise en scène et avec son accord, j'ai fait modifier un certain nombre de choses. Ma règle générale pour la mise en scène, c'est qu'elle respecte la musique. Je suis à la fois ouvert aux innovations et à la critique.

     

    Reviendrez-vous à l'Opéra de Paris ?

    Ce n'est pas prévu pour l'instant. Je n'ai pas beaucoup de temps. Je me consacre à l'opéra de Los Angeles. En dehors de cela, j'essaie d'équilibrer lyrique et symphonique. Et puis, je voyage avec des orchestres, pour le plaisir.

     

    Le 12/04/2007
    Nicole DUAULT


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