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ENTRETIENS 28 avril 2024

Marc Coppey, le plaisir de jouer comme seul guide

C’est un petit festival qui chaque année devient un peu plus grand : le 57e festival de musique de chambre de Colmar a pour pivot les relations musicales franco-allemandes. Elles se traduisent par un jeu de miroirs entre les artistes qui, sur les deux rives du Rhin, ont façonné leurs identités respectives. Directeur de la manifestation depuis cinq ans, le violoncelliste Marc Coppey s’explique.
 

Le 20/05/2009
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • Qu’est-ce que cela reprĂ©sente pour un violoncelliste comme vous de devenir directeur artistique d’un festival ?

    C’est une affaire d’amitié avec l’association qui a créé le festival mais aussi un attachement profond pour l’Alsace et Colmar, enfin aussi l’envie de faire de la programmation. Quand on est artiste, on a parfois des désirs insatisfaits de jouer certaines œuvres. Ici nous jouons ce qui nous fait plaisir. Enfin, j’essaie de susciter des rencontres entre artistes.

     

    Ce festival est l’une des plus anciennes associations musicales françaises. Comment l’avez vous fait évoluer ?

    La programmation avait lieu jadis en été. Depuis 2005, nous avons mis en place une nouvelle formule avec une résidence d’artistes une petite semaine au printemps. Les musiciens restent présents en permanence afin d’établir un dialogue à la fois entre eux et avec le public. La programmation résulte d’un équilibre entre un thème proposé et ce que les interprètes ont envie de jouer. Je ne vois pas mon rôle de directeur musical comme quelqu’un qui impose mais comme celui qui met en relation ceux qui sont heureux d’être là. L’avantage d’avoir les musiciens sous la main, c’est de programmer dans le même concert une œuvre solo puis tout de suite après une pièce pour quinze musiciens.

     

    Le thème choisi cette annĂ©e est « Allemagne-France sans frontière Â»

    Je choisis toujours des thèmes qui me tiennent à cœur. Il ne s’agit pas d’être exhaustif mais de voyager en compagnie de compositeurs. On avait commencé avec des monographies, bien sûr avec Schubert puisque ce que nous faisons, dix concerts en quatre jours, a pour modèle les Schubertiades. Nous avons évolué. L’an dernier, nous avions joué des musiques slaves. Cette année, le thème est bien sûr en relation avec la situation géographique de Colmar. C’est également une problématique musicale qui m’intéresse depuis l’enfance puisque je suis né à Strasbourg.

     

    Vous auriez pu créer un autre festival à Strasbourg ?

    Il y en a déjà. Mais Colmar est une petite ville, les musiciens y trouvent intimité et convivialité. Nous jouons dans un seul endroit, au Théâtre municipal, une salle à l’italienne avec une acoustique qui n’est pas sèche. Il y a là une chaleur et une proximité avec le public ; un foyer où nous offrons un verre, le café du dimanche matin, le thé de l’après-midi : nous avons développé autant que nous le pouvons des moments de rencontre avec le public.

     

    Les artistes que vous avez choisis sont réunis par des liens d’amitié. Est-ce cela qui donne de la convivialité au festival ?

    Nous avons des liens d’amitié et d’estime artistique sans lesquels on ne peut faire de musique ensemble. Certains sont des habitués comme le flûtiste Philippe Bernold ou le violoniste Tedi Papavrami. Certains viennent pour la première fois, ainsi le violoniste Valeriy Sokolov. Ils sont tous des chambristes, de grands solistes heureux de passer une semaine ensemble pour interpréter des œuvres qu’ils ne jouent jamais.

    Un exemple : je suis ravi de proposer Siegfried Idyll de Wagner dans la version originale en regard avec le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy dans l’arrangement de Sachs, élève de Schoenberg. Le thème du festival se retrouve là. On sait que Debussy est allé à Bayreuth et a rejeté l’influence de Wagner. Mais il n’y aurait pas de Prélude de Debussy sans Wagner. Les rejets sont parfois très féconds.

     

    Vous programmez à la fois des œuvres populaires et des créations ?

    Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns par exemple. Tous les ans, nous faisons quelque chose à l’intention des enfants. La création, c’est cette année une pièce de Marc Monnet, son 2e trio avec piano que je crée avec le violoniste Ilya Gringolts et le pianiste Peter Laul. C’est une œuvre puissante de trente minutes : une vraie grande création à travers laquelle Monnet se renouvelle. Cette pièce est centrale dans la programmation.

     

    Votre vedette de l’année est une diva, Mireille Delunsch. Est-ce parce qu’elle est alsacienne ?

    Elle vient pour les Chansons madécasses de Ravel. Je l’accompagne avec le flûtiste Philippe Bernold et le pianiste Bertrand Chamayou. Elle chante également les Wesendonk-Lieder de Wagner avec le pianiste Peter Laul. Je la connais depuis que je suis gamin. Elle aime l’Alsace et elle est ravie de chanter de la musique de chambre ce dont elle n’a pas souvent l’occasion.

     

    Comment réalisez-vous la programmation ?

    La règle, c’est que je ne veux pas qu’un artiste qui vient à ce festival fasse ce dont il n’a pas envie. La programmation résulte du plaisir de jouer. Ce n’est pas simple, c’est une sorte de tricotage. Mais tous ceux qui viennent sont curieux et aiment travailler beaucoup. On ne peut faire cela, certes, toute l’année, mais ici, il y a un rendez-vous. Nous présentons des choses rares comme l’Andante et variations pour deux pianos, deux violoncelles et cor de Schumann, compositeur qui tient une figure centrale quand on est près du Rhin. Cette pièce demande un très gros travail notamment pour les pianistes.

    Dans le dernier concert, on aura Domaines de Boulez par le clarinettiste Chen Halevi et Klavierstück V de Stockhausen par le pianiste Bertrand Chamayou. Sokolov est ravi d’entreprendre le concerto de Chausson et de faire la fête dans le Carnaval des animaux. Dans le thème, France-Allemagne j’ai souhaité de la musique chorale. Elle est présente avec le chœur d’enfants de la Maîtrise de Paris que dirige Patrick Marco.




    À voir :
    57e Festival de Musique de chambre de Colmar, les Musicales, du 20 au 24 mai 2009, www.les-musicales.com.

     

    Le 20/05/2009
    Nicole DUAULT


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