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ENTRETIENS 29 avril 2024

Myriam Ould-Braham, vers les sommets
© Agathe Poupeney

Elle est en ce moment la Fille mal gardée au Palais Garnier. Première Danseuse, Myriam Ould-Braham est un fleuron de la plus belle école française de danse. Cette jolie jeune femme semble faussement frêle. Elle a de la force, de l’énergie et de la volonté à revendre. Et la grâce des vraies ballerines…
 

Le 01/07/2009
Propos recueillis par Gérard MANNONI
 



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  • Quel souvenir gardez-vous de l’École de Danse ?

    Je n’y suis resté que trois ans, donc pas assez longtemps pour accumuler les souvenirs ! J’étais d’abord passée par le Conservatoire après avoir commencé la danse avec Yvonne Goubé. Je ne savais pas vraiment alors si ce serait toute ma vie, mais une représentation de la Bayadère alors que j’étais au Conservatoire m’a totalement conquise et décidée.

    Mes premières expériences de scène, je les avais faites à ma toute première école en banlieue, avant même les spectacles du Conservatoire. Et puis, à l’École de danse, j’ai foulé la scène de Garnier pour la première fois lors des démonstrations annuelles. C’était à la fois très stressant et fabuleux car l’Opéra représentait pour moi une sorte d’idéal difficile à atteindre quand je me suis présentée à l’École de Danse. Le premier vrai rôle que j’ai dansé, c’était dans les Deux pigeons, à l’École.

     

    Dans ces premières années de votre carrière, qu’est-ce qui vous attirait dans la danse ?

    La rigueur. Avoir un défi permanent à relever, arriver à surmonter ce qui paraît insurmontable et constater que l’on progresse. C’est dur mais très stimulant. On comprend un peu plus tous les jours. Quand on entre dans le Corps de ballet, il faut vite apprendre à s’assumer seule. On est beaucoup moins encadrée et il n’est pas évident de trouver sa place parmi celles qui sont plus anciennes et ont déjà l’expérience du travail de groupe.

    Je suis assez timide et j’ai trouvé difficile de m’imposer. La première année, on ne fait pas grand chose, mais j’ai eu la chance de remplacer quand même des Sujets car je suis petite et il n’y avait pas beaucoup de remplaçantes capables de prendre la place d’un Sujet petit quand c’était nécessaire. J’ai pu danser ainsi dans la Bayadère les quatre petites du troisième acte, les sœurs siamoises dans les Forains de Roland Petit. J’ai adoré ces premières vraies expériences.

     

    Quand vous êtes-vous sentie plus libre ?

    Quand je suis sortie de la classe des Quadrilles. C’est une classe nombreuse, on y est un peu perdue. Il n‘est pas facile de s’y faire remarquer. Dès que l’on est Coryphée, tout change déjà. Sujet, on est quasiment soliste. Première Danseuse, on a accès à presque tout, en principe. C’est vrai que j’aimerais aujourd’hui danser encore plus souvent, mais je ne peux pas me plaindre des rôles que l’on m’a donnés ces derniers années, puisque j’ai quand même pu être Aurore dans la Belle au bois dormant, Clara dans Casse-Noisette, Kitri dans Don Quichotte, Swanilda dans Coppélia et bien sûr Lise dans la Fille mal gardée.

    Mais le premier rôle où j’ai eu l’impression d’interpréter quelque chose d’important fut Cupidon, dans Don Quichotte, une vraie révélation ! C’était très stimulant. J’étais devant pour la première fois, et je me suis dit que je ne voulais plus être en ligne, ce qui m’a incitée à travailler encore plus, à être encore plus rigoureuse.

     

    Vous sentez-vous totalement classique ?

    Avec mon physique qui est à l’opposé de celui des plusieurs grandes Étoiles actuelles, je me situe davantage dans la tradition des Noëlla Pontois ou Monique Loudières. Je suis plus Juliette, Giselle ou Aurore que d’autres héroïnes qui s’accommodent facilement d’une taille élevée, même si ce critère n’est pas primordial. Les deux spectacles de la Belle au bois dormant que j’ai eu la chance de faire restent une expérience formidable, malgré la difficulté et les pièges de la chorégraphie.

    Il ne faut pas perdre le contrôle de soi-même pour réussir un Adage à la rose sur la grande scène de l’Opéra Bastille où l’on se sent toute petite et isolée, avec cette musique de plus en plus émotionnelle. Et puis, dans ce ballet, tout doit être beau, le moindre pas, le moindre geste. C’est vraiment un hommage à la beauté absolue. J’adore danser ce genre de grands ballets, même s’ils sont très astreignants.

    Je me sens donc plutôt classique, par goût et par formation, mais j’ai pris beaucoup de plaisir aussi aux pièces contemporaines auxquelles j’ai participé, comme Genus de McGregor, Artifact de Forsythe ou Triade de Millepied, sans oublier Béjart et Neumeier, bien sûr, avec notamment Troisième symphonie de Mahler de ce dernier. Parmi mes dernières prises de rôle, il y a eu Olga dans Eugène Onéguine de Cranko, un vrai personnage de théâtre avec de très beaux pas de deux.

     

    Au soir de la première, Isabelle Ciaravola qui était Première Danseuse a été nommée Étoile, avec d’ailleurs votre partenaire Mathias Heymann. Ce n’est pas frustrant quand on est soi-même Première Danseuse, d’en voir une autre nommée devant vous ?

    En tout cas, ce n’était pas une surprise, car des bruits de couloir avaient comme toujours circulé et j’étais contente pour Isabelle qui est une très belle danseuse. Pour Mathias aussi, on savait que cela était imminent, et il le mérite pleinement. Néanmoins, quand Gerard Mortier a annoncé deux nominations, j’ai quand même eu un petit moment de stress, passager.

    Je sais maintenant qu’il faut attendre encore si l’on souhaite me nommer aussi, mais ce n’est pas du tout une obsession. Je n’ai pas l’intention de ne penser qu’à ça, de ne danser que pour ça et d’attendre une nomination chaque fois que je vais en scène dans un premier rôle. Je veux continuer à prendre plaisir à danser ce qu’on me donne, sans arrières pensées.

    Être nommée Étoile ou pas dépend de la qualité de ma danse d’abord, et plus on danse librement et avec joie, mieux on le fait. Je ne sais pas encore dans quoi je serai distribuée la saison prochaine, mais je pense que je participerai aux Casse-Noisette de la période des fêtes et je m’en réjouis à l’avance.




    À voir :
    La Fille mal gardée de Frederick Ashton au Palais Garnier, les 3, 7 et 10 juillet 2009.

     

    Le 01/07/2009
    Gérard MANNONI


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