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ENTRETIENS 26 avril 2024

Michel Plasson,
de Versailles Ă  la Bastille

© Flâneries de Reims

Première hors normes jeudi soir : Michel Plasson dirige l’Orchestre de Paris devant le bassin de Neptune à Versailles avec le ténor Roberto Alagna. 7500 spectateurs sont attendus. Au programme, des œuvres du répertoire français. Une manière, pour le maestro qui a dédié l’essentiel de sa carrière artistique à Toulouse, de passer par Versailles, avant la Bastille.
 

Le 08/07/2009
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • L’Orchestre de Paris va jouer en plein air Ă  Versailles. L’effectif sera-t-il normal ?

    Oui, il est celui d’un concert symphonique. L’orchestre n’a pas été renforcé, triplé, comme cela se fait à Vérone par exemple. Le concert est amplifié, sonorisé. C’est indispensable puisque sur le bassin de Neptune, il n’y a pas de conque, pas de renvoi acoustique. La prise de son est assurée pour le public et pour une diffusion sur France 2 et sur Mezzo.

     

    Vous aimez diriger en plein air ?

    J’ai dirigé dans de plus grands espaces, à Vérone où il y a 20 000 spectateurs. À Orange, il y en a 7 000, et l’acoustique est formidable. Pour jouer ainsi en plein air, il faut de l’expérience. Elle n’est pas inutile dans pareil cadre, avec peu de répétitions. De même, un concentré de professionnalisme est indispensable : l’orchestre l’a. Il est rapide et nous nous connaissons bien. Nous avons fait ensemble une tournée au Japon qui reste dans ma mémoire.

     

    Quel programme avez-vous choisi ?

    Roberto a choisi des airs d’opéras français, un patchwork avec Grétry, Gluck, Bizet, entrecoupé d’ouvertures comme celles du Corsaire de Berlioz, de Mireille de Gounod, ainsi que la Marseillaise de Berlioz. Un régal de choses plaisantes.

     

    Que représente Roberto Alagna pour vous ?

    Il est toute l’Italie quand il chante en italien et toute la France quand il chante en français. Il a le style de ténor demi-caractère et, dans un certain répertoire, il est sans égal. Certes, il butine toutes sortes de musique. Mais c’est sa vie, son affaire…

     

    Vous aimez beaucoup Mireille ?

    J’aime beaucoup Gounod. Mireille est un chef-d’œuvre. Elle fait l’ouverture de l’Opéra de Paris à la rentrée. C’est un très bon choix. Je l’avais enregistrée voilà très longtemps avec Mirella Freni, Alain Vanzo, José Van Dam, Gabriel Bacquier. Nicolas Joel a choisi Inva Mula. C’est aussi un bon choix. Elle a la voix facile, légère, la souplesse et la délicatesse.

     

    Pourquoi Mireille est-elle donnée si rarement ?

    Le rôle est très difficile à chanter. Je me souviens que Mirella Freni m’avait dit qu’elle ne voulait pas le chanter sur scène. Le caractère un peu régional de l’œuvre lui a aussi fait du tort. Et puis les Français ne se préoccupent guère de leur patrimoine. Ils ont un vrai manque de curiosité. Quand j’ai dirigé, du temps de Rolf Liebermann, le Faust de Gounod dans la mise en scène de Lavelli, certains journalistes m’ont dit qu’il fallait bien en parler mais que cela aurait été beaucoup mieux si on avait joué le Faust de Busoni !

     

    Que faut-il faire pour sauvegarder ce patrimoine ?

    Il y a un grand chantier à ouvrir en faveur de la musique française. Je compte d’ailleurs attirer l’attention du nouveau ministre de la Culture sur la musique en danger. En Allemagne, il y a 180 orchestres, en France une vingtaine seulement !

     

    Vous avez lutté contre l’uniformité des orchestres ?

    À une époque, un orchestre était le visage d’un chef d’orchestre qui restait longtemps à sa tête. Aujourd’hui un chef est là quelques semaines par an. On n’a plus le culte du répertoire.

     

    Vous allez faire votre grand retour à l’Opéra de Paris pour Werther ?

    Ce sera la première fois que je dirigerai à Bastille. Hugues Gall me l’avait proposé plusieurs fois mais j’étais dans le souvenir de Garnier qui est l’un des plus beaux opéras du monde et qui sonne comme un Stradivarius. J’aurais dit oui à Gall pour Garnier, mais j’ai dit non pour Bastille. Cette fois, comme Nicolas Joel prend l’Opéra en mains et que nous sommes liés d’amitié, j’ai accepté. C’est maintenant ou jamais.

    Cela me plaisait de diriger Werther que j’adore avec une distribution splendide puisque Jonas Kaufmann sera Werther, Sophie Koch Charlotte et Ludovic Tézier Albert. Certes, Bastille est un bien grand vaisseau pour une pièce intime. Mais cela devrait aller, d’ailleurs cela s’est déjà fait. L’orchestre, je l’ai dirigé jadis. Les musiciens ne sont pas les mêmes. Mais dans tous les orchestres parisiens se trouvent des musiciens qui ont travaillé avec moi à Toulouse.

     

    Vous vous passionnez pour l’Union pour la Méditerranée. Qu’en est-il ?

    Ce ne peut pas être qu’un projet politique. C’est un projet culturel. Pour rapprocher les cultures, les hommes, le seul langage est la musique. Daniel Barenboïm avec son orchestre dans lequel il fait jouer des Israéliens et des Palestiniens a réussi un projet formidable. L’Union pour la Méditerranée est plus large encore. Cela rassemblera de la Grèce à l’Espagne toute la Méditerranée. Le projet avance.

     

    Vous dirigez souvent en dehors de la France ?

    Oui, même à Pékin, où j’ai inauguré avec le Roi d’Ys de Lalo cette formidable bulle en titane qui a coûté 45 milliards d’euros, le complexe musical aux trois salles, sur la place Tian’anmen. Je retourne d’ailleurs en Chine bientôt.

     

    Le 08/07/2009
    Nicole DUAULT


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