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ENTRETIENS 29 mars 2024

Jean-Pierre Le Pavec rêve d’une nouvelle salle

Le cru 2009 du festival de Saint-Denis, qui fêtait son quarantième anniversaire, vient de s’achever. Il s’est révélé une fois encore l’un des plus somptueux de France. Jean Pierre Le Pavec qui le dirige en fait le bilan, en rêvant d’une nouvelle salle d’un millier de places dans l’Île Saint-Denis, dans le cadre de la construction de la Cité du Cinéma de Luc Besson.
 

Le 08/07/2009
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • Vous avez eu un fidèle, le chef Riccardo Muti, puis une star, Pierre Boulez, et des lectures, notamment avec Patrice Chéreau…

    Le Requiem de Verdi avec Riccardo Muti puis la venue de Boulez dirigeant la Messe glagolitique de Janáček, enfin la découverte d’un jeune chef, Vassily Petrenko, ont décliné un programme dense auquel il faut ajouter le spectacle autour du fleuve Niger, oratorio de world music qui a très bien marché.

     

    Quarante ans, aviez-vous imaginé un programme anniversaire ?

    Non, mais une quarantaine de concerts, tous d’un très haut niveau.

     

    Quel est votre public ?

    Nous avons accueilli 55 000 spectateurs, ce qui est plus que les autres années. Nous comptons le streaming, c’est-à-dire la diffusion en direct sur Internet de concerts. Nous avons eu déjà 20 000 internautes qui se sont connectés avant la 9e symphonie de Beethoven, qui sera diffusée gratuitement jusqu’à fin juillet. Nous avons eu 2 000 spectateurs payants en plus.

     

    Quelle politique pour l’avenir ?

    Sir Colin Davis va revenir, Muti également. Dans les prochaines années, Pierre Boulez, qui avait juré de ne jamais diriger dans une église, sera à nouveau présent. Je lui ai dit, en manière de plaisanterie, que je lui offrais ainsi le paradis. Il a semblé, avec son sens de l’humour, en être convaincu. Nous n’avons pas encore fixé de date, mais il est très chaleureux, notre contact a été très humain, très sûr, et il a été intéressé par l’acoustique de la basilique. Il a donné une magnifique interprétation, plus spirituelle que religieuse, de la Messe glagolitique de Janáček.

     

    Outre les stars, quelles valeurs nouvelles promettez vous ?

    Nous avons eu des valeurs confirmées comme Seiji Ozawa ou Kurt Masur, mais également Daniel Harding et bien d’autres chefs et interprètes magistraux. J’ai par exemple interrogé Paavo Järvi, futur directeur de l’Orchestre de Paris, pour savoir quels sont les chefs qui émergent. Il m’a répondu Vladimir Jurowski et Mikko Franck. C’est avec un réseau qu’on construit une programmation.

    Autre exemple, la soprano Marina Poplavskaïa, chanteuse russe explosive depuis sa Desdémone dans un Otello mémorable à Salzbourg avec Muti. Je l’avais entendue à Londres en Tatiana d’Eugène Onéguine. Muti m’avait parlé de sa personnalité étonnante. Dans les Cloches de Rachmaninov que nous avons données, elle avait une présence étrange. Elle n’avait jamais chanté en France et j’espère qu’elle va revenir. C’est le principe d’un festival de repérer de nouveaux talents.

     

    Y a-t-il des passerelles entre le festival et votre série des Grandes Voix aux Champs-Élysées ?

    Des passerelles oui, parce qu’il y a des familles d’artistes. Dans les stars des Grandes Voix figurent Rolando Villazón, Juan Diego Flórez ou Natalie Dessay. Ils ont chanté aux Grandes Voix. Flórez a chanté à Saint-Denis voilà quinze ans. Mais Saint-Denis est fondé sur les chefs et les Grandes Voix, comme leur nom l’indique, sur les chanteurs et le plaisir du chant. Les chefs constituent la colonne vertébrale de Saint-Denis. Les deux activités sont complémentaires.

     

    Quel rêve pour Saint-Denis ?

    Une salle de mille places ou un peu plus pour proposer du piano d’une manière plus importante. Dans la basilique, l’acoustique ne s’y prête pas. Le violon, le violoncelle, la voix passent, mais pas le piano. Dans les différents projets que met en œuvre Luc Besson pour sa Cité du Cinéma, à l’Île Saint-Denis, figure un ensemble de salles de spectacles. Les Archives de France vont s’y installer aux côtés d’un complexe touristique. Si dans ces différents lieux se construit un complexe d’un millier de places, j’en serai ravi.

     

    Le Salon de musique à la Maison de la Légion d’honneur ne convient-il pas ?

    Pour le récital David Fray, c’était bien, mais cette salle a une petite jauge. On ne peut pas y loger un orchestre complet. Pour des musiques du monde qui plaisent à l‘ensemble des institutions culturelles d’une l’agglomération de 400 000 habitants, cela ne suffit pas.

     

    Les habitants de Saint-Denis viennent-ils au festival ?

    Beaucoup de spectateurs viennent de la région nord et de Saint-Denis. Nous faisons un important travail en amont auprès des collèges et lycées. Des élèves vont au Théâtre des Champs-Élysées ou à Pleyel. Nous faisons ce travail en liaison avec les enseignants, profs de musique, d’histoire, de français. Les jeunes vont aux générales.

    Un exemple : à Saint-Denis, Ophélie Gaillard a offert un concert dans la basilique. Il y avait environ 900 jeunes d’ici, beaucoup d’origine musulmane, qui n’étaient jamais entrés dans cet édifice. Au bout d’un moment, on leur demande de venir avec leurs parents. Ils viennent. On fait cela depuis dix ans. Le public parisien, quand on affiche Muti ou Boulez, n’a pas besoin d’être convaincu. Saint-Denis, ce n’est pas encore le Lubéron… mais on y travaille !

     

    Le 08/07/2009
    Nicole DUAULT


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