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ENTRETIENS 28 mars 2024

Nemanja Radulovic, la cinquième saison de Vivaldi

Le plaisir, la joie, l’enthousiasme, c’est ce que l’on ressent à l’écoute des Quatre saisons réimaginées par le violoniste franco-serbe de vingt-six ans Nemanja Radulovic. Avec son ensemble anticonformiste Double Sens, il interprète avec fraîcheur le chef-d’œuvre archi-rebattu de Vivaldi à la salle Gaveau le 7 décembre.
 

Le 05/12/2011
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • Votre enregistrement est le mille et unième des Quatre saisons de Vivaldi. Pourquoi cette nouvelle version ?

    J’ai longtemps refusé de jouer et d’enregistrer cette œuvre tant il existe d’excellentes versions baroques et modernes. Un jour, je suis tombé dans le panneau. J’ai pris la partition et j’ai découvert la liberté que Vivaldi laisse aux interprètes. Chacun peut jouer sa musique à l’aune de son imagination. C’est ce que j’ai fait.

     

    Avec quels interprètes ?

    Ma formation d’orchestre de chambre Double sens. Elle réunit quinze musiciens serbes, français et d’autres nationalités. Ils font tous partie de loin ou de près de ma famille : ils constituent le bonheur d’être et de jouer ensemble. Nous habitons aux quatre coins de l’Europe et nous nous retrouvons pour des concerts.

     

    Cet enregistrement est le premier que vous faites en studio ?

    Oui, j’avais un peu peur. J’avais toujours fait des gravures en live et je craignais de perdre de la fraîcheur. L’enregistrement en studio est très différent du concert. On peut réfléchir, revenir. Le concert, c’est l’instant. L’enregistrement en studio permet de mieux structurer les choses et de se remettre en question.

     

    Pourquoi ce concert Ă  Gaveau ?

    C’est la première grande salle en France où j’ai joué quand j’ai passé le concours Long-Thibaud. J’y viens tous les ans et m’y sens très bien.

     

    Quelle originalité dans votre approche des Quatre saisons ?

    D’abord, il faut les jouer avec le cœur et l’émotion. Autant dans le phrasé, les tempi que l’articulation ou les pizzicati qui ne sont pas écrits sur la partition, les quinze artistes ont proposé des interprétations avant de se mettre d’accord. Nous voulions laisser une trace de notre époque avec tout ce qui nous entoure aujourd’hui comme les changements climatiques.

    Aujourd’hui on considère qu’iI n’y a plus de saison ! Je n’ai pas voulu caractériser chaque saison. Dans le troisième mouvement du Printemps, lors du lever du soleil, quand la partition indique un Allegro, j’ai préconisé un tempo bien plus lent qu’on retrouve pour le coucher du soleil.

    Ce sont des mouvements très visuels, des images descriptives, naturalistes et virtuoses plus des sonorités nostalgiques et modernes. Le succès populaire des Quatre saisons tient à ce que, à l’écoute de cette musique très abordable, chacun peut retrouver un peu de soi.

     

    Quelle saison préférez-vous ?

    Il n’y a plus de saison pour moi non plus ! Chaque fois que je travaille cette œuvre, je me dis d’abord que c’est le Printemps ma préférée puis quand j’aborde l’Été, ma préférence va à l’été. Quel dilemme ! La plus problématique, c’est l’Automne, elle est moins abordable. Très descriptive et très expressive, elle est aussi difficile à apprivoiser ! Il faut entrer d’une manière plus approfondie dans la partition avant de la saisir et de l’interpréter. Mais qu’elle est belle !

    La plus écoutée et la plus célèbre est le Printemps. Dans l’Automne, on entend tout, les coups de fusils des chasseurs mais aussi les marrons tomber des arbres. Ce sont des pizz. L’Hiver, je l’imagine très rigoureux avec une petite maison perdue dans la montagne. Mais pour moi, c’est quelque chose aussi de très chaud avec un feu couvant dans le foyer d’une cheminée.

     

    Quelles sont les interprétations que vous aimez des Quatre saisons ?

    Je me sens le plus proche de celle de Janine Jansen : on a l’élégance et une richesse visuelle. J’aime également la version révolutionnaire inimitable de Nigel Kennedy. Mon projet à moi, tel qu’on peut s’en rendre compte via le CD Decca, comporte une cinquième saison, qui consiste en une création, celle de Spring – encore le printemps ! – d’Aleksandar Sedlar, accompagnée cette fois par les Trilles du diable.

     

    Parlez-nous un peu de vos projets.

    Après Gaveau, je pars pour l’Espagne avec la pianiste Susan Manoff pour des sonates de Beethoven puis un programme Ravel, Bach arrangé par Schumann. Je continue avec la pianiste Laure Favre-Kahn et mon groupe les Trilles. En tant que soliste, je joue avec le Philharmonique de Radio France. Je trouve chaque musicien très impliqué. Ils sont formidables. Parmi mes rêves, j’aimerais jouer sous la direction de Dudamel.

     

    Et votre jardin secret ?

    Je suis très éclectique. J’adore Mascarade de Khatchatourian, un chanteur formidable, Tose Proeski peu connu en France, le groupe anglais News et je regrette la chanteuse Amy Winehouse qui vient de mourir. J’aimais sa voix et sa personnalité. Je vais assez souvent au concert et le dernier qui m’a enthousiasmé est celui de Patricia Petibon. Elle a une qualité formidable : elle ose. Je pense, comme elle je crois, qu’il faut vivre la musique avec ses propres convictions.

     

    À 26 ans, vous avez une carrière accomplie et étonnante.

    Je me sens bien. J’ai connu beaucoup de malheurs entre la guerre en Serbie, la disparition de ma sœur l’an passé, la maladie de ma mère, j’apprécie chaque instant partagé avec les gens que j’aime. Je suis juste heureux.




    À voir :
    Récital salle Gaveau, mercredi 7 décembre à 20 h
    À écouter :
    Les 5 Saisons par Nemanja Radulovic, CD Decca

     

    Le 05/12/2011
    Nicole DUAULT


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