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ENTRETIENS 19 avril 2024

Le rêve de Tugan Sokhiev
© Marco Borggreve

À 36 ans, le chef ossète Tugan Sokhiev est devenu l’un des maestros les plus recherchés de la planète. Disciple et héritier de Valery Gergiev, il se taille peu à peu un parcours somptueux qui passe par l’Orchestre du Capitole. Profondément attaché à sa culture, il n’était pas évident au départ qu’il s’amourache de la langue française et de Toulouse.
 

Le 16/01/2012
Propos recueillis par Nicole DUAULT
 



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  • Quel bilan dressez-vous de ces six ans à la tête de l’orchestre du Capitole ?

    Nous avons évolué en qualité et en quantité. Grâce à la régie municipale et à Pierre Cohen, maire de Toulouse, le nombre des musiciens a augmenté. Nous sommes désormais cent vingt-cinq. 20% des musiciens ont été renouvelés et nous comptons 15% de jeunes. Ils apportent de l’énergie, de la fraîcheur, un esprit moderne.

    Je préside le jury de chaque concours. Avant le concert de Pleyel en décembre, nous avons eu huit heures de concours pour recruter un contrebassiste. Je cherche des musiciens doués, pouvant réagir vite et possédant une sonorité qui corresponde à la couleur de l’orchestre.

     

    Quelle est-elle cette couleur ?

    La sonorité de l’orchestre est généreuse et riche avec une palette très large, des couleurs impressionnistes dans la musique française – Debussy, Ravel – et des couleurs sombres dans le répertoire russe. Une palette aussi variée est rare et l’orchestre change vite de style. C’est un grand orchestre avec lequel je respire. Avec lui, je peux réaliser mon rêve musical.

     

    Vous êtes courtisé par le monde entier. Qu’est-ce qui vous fait demeurer à Toulouse ?

    Je suis attaché aux musiciens. Il y a entre nous une confiance réciproque qui nous stimule. Nous faisons beaucoup de tournées. Nous allons partir pour l’Angleterre. Ce sera d’ailleurs la première visite de l’Orchestre du Capitole outre-Manche. Nous donnerons huit concerts. Puis nous irons en Amérique du Sud, en Allemagne et nous montrerons partout ce qu’est la culture musicale de Toulouse. Nous venons à la salle Pleyel quatre fois par an, c’est une sorte de résidence.

     

    On dit parfois que, Russe, vous êtes surtout attaché à la musique russe…

    Avec Internet et le streaming , le public non toulousain peut suivre notre saison et voir que je ne me produis pas que dans la musique russe. Si j’en dirige en tournée, c’est parce que l’on m’en demande. Mais je dirige beaucoup de musique française parce qu’elle est le cœur même de l’orchestre. En mars, nous revenons à Pleyel avec tout autre chose, la Symphonie Résurrection de Gustav Mahler.

     

    Comment vous voyez l’avenir ?

    Continuer avec Toulouse, à développer la sonorité et l’image de l’orchestre. Personnellement, je dirige l’Orchestre Philharmonia de Londres avec lequel je collabore depuis 2000. Je vais à la Philharmonie de Berlin d’abord pour de la musique française, Bacchus et Ariane de Roussel puis les Danses symphoniques de Rachmaninov et le concerto de Liszt avec Boris Berezovski. J’ai toujours une collaboration avec le Mariinski. Le lendemain du concert de Pleyel, je suis parti pour Saint-Pétersbourg afin de diriger Aïda.

     

    Quels compositeurs avez-vous envie de jouer davantage ?

    Ceux de notre époque, du XXe et du XXIe siècle. Des œuvres de Chostakovitch et de Stravinski restent à redécouvrir. Nous avons un grand projet Stravinski accompagné d’un enregistrement incluant l’Oiseau de feu et la Symphonie en trois mouvements.

    Je suis en outre l’évolution de la musique contemporaine en France. J’adore diriger les œuvres de Dutilleux. Nous avons programmé son Concerto pour violon avec Renaud Capuçon. Nous avons en résidence à Toulouse le compositeur français Karol Beffa. Je suis passionné par la musique contemporaine quand elle innove, comme celle de Lindberg ou de Mantovani.

     

    Vous avez réalisé un enregistrement de la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski accompagné de l’Ouverture festive de Chostakovitch. Pourquoi ce choix ?

    Nous avons souvent joué cette symphonie. Elle est chère à mon cœur. Et c’est avec Toulouse que j’ai trouvé la meilleure symbiose, la plus profonde osmose. En fait, un secret et un mystère : les musiciens toulousains ont l’âme russe et moi, je suis gourmand de la cuisine du Sud-Ouest.

     

    Le 16/01/2012
    Nicole DUAULT


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