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ENTRETIENS 28 mars 2024

Julia Fischer, la surdouée
© Uwe Arens / Decca

Elle vient de publier chez Decca un enregistrement des Concertos pour violon de Bruch et de Dvořák. Julia Fischer avait dĂ©jĂ  signĂ© un disque oĂą elle jouait le Concerto pour violon de Saint-SaĂ«ns et le Concerto pour piano de Grieg. Rencontre avec une instrumentiste surdouĂ©e qui jouera prochainement TchaĂŻkovski avec Radio France Ă  Pleyel.
 

Le 10/06/2013
Propos recueillis par GĂ©rard MANNONI
 



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  • Vous avez commencĂ© Ă  travailler violon et piano très jeune. Quelle influence le travail de chaque instrument a-t-elle sur le travail de l’autre ?

    Le piano est un instrument polyphonique et le violon un instrument mélodique. Quand je joue du piano, je cherche toujours le mélodique. Quand je joue du violon, je cherche toujours le polyphonique. C’est pourquoi j’aime bien jouer les Sonates pour violon seul de Bach, car c’est ce qui se rapproche le plus du polyphonique.

     

    Par quel type de musique êtes-vous le plus attirée ?

    Je ne peux pas choisir. Quand je joue Bach, je suis très heureuse. Quand je joue Tchaïkovski aussi. Il m’est impossible de dire ce que je préfère. Tout m’intéresse et me passionne, du XVIIIe siècle à Salonen. Il y a néanmoins certains compositeurs que je n’ai pas encore abordés, notamment dans le répertoire du XXe siècle, comme Britten ou Hindemith. Il y a beaucoup de belles œuvres notamment d’Hindemith pour le violon, les sonates pour violon seul, pour violon et piano. C’est un univers assez particulier mais que j’aime beaucoup.

     

    Combien de concerts par an donnez-vous ?

    Un peu moins maintenant, Ă  cause des enfants ! Mais quarante ou cinquante quand mĂŞme.

     

    C’est tout de même beaucoup. Cela reste-il toujours une fête pour vous ?

    Une fĂŞte ? C’est plutĂ´t un moment très spĂ©cial. Je vais sur scène sans aucune peur. Face au public, je me sens aussi bien qu’à la maison. Je jouais l’autre jour une sonate de Bach Ă  Francfort et au bout de quelques mesures je ne me suis pas senti satisfaite de ce que je faisais. J’allais m’arrĂŞter pour recommencer quand je me suis dit : « Mais non ! Je suis en concert, pas chez moi en train de travailler ! Je ne peux pas faire ça Â».

     

    Vous avez joué avec les plus grands orchestres et les plus grands chefs, mais les concerts se succèdent et les répétitions ne sont pas toujours nombreuses. Avez-vous néanmoins appris beaucoup de certaines de ces rencontres ?

    Je crois qu’il est très important de trouver des chefs avec lesquels on travaille souvent comme David Zinman. Je m’entendais aussi très bien avec Yakov Kreizberg, malheureusement disparu en 2011. Nous avons jouĂ© une centaine de fois ensemble et au moins dix fois le concerto de Dvořák. J’essaie de jouer toujours avec certains chefs, comme Ivan Fischer, Marek Janowski. Quand on n’a pas le temps de travailler beaucoup avec l’orchestre, on peut gĂ©nĂ©ralement le faire avec le chef, sĂ©parĂ©ment. C’est très utile car alors on apprend beaucoup.

     

    Travaillez-vous beaucoup votre instrument en dehors de la préparation des concerts ?

    Je ne travaille pas la technique à part. Pour préparer par exemple le concerto de Tchaïkovski que je vais jouer salle Pleyel et que j’ai déjà souvent joué, je ne vais pas travailler seulement avec l’instrument mais aussi avec la partition d’orchestre. Je viens de jouer pour la première fois le concerto de Salonen, mais là j’ai travaillé l’instrument pendant des heures.

    Ma façon de travailler dépend donc totalement du répertoire que je vais aborder. Je sais ce que je vais jouer dans les trois prochaines années, avec des œuvres nouvelles en 2014, et je peux commencer à les aborder maintenant. Je commence par lire la partition, puis peut-être jouer au piano. Rien que de très normal. Je n’écoute pas les disques des autres. Je ne cherche à copier personne mais à rester moi-même.

     

    La technique du violon semble a priori moins naturelle que celle du piano. Qu’en pensez-vous, vous qui jouez les deux ?

    Cela ne me pose aucun problème. Vous voulez que j’en cherche ? Sérieusement, je joue du violon depuis si longtemps que cela me paraît naturel, tout comme le répertoire que je pratique en permanence. Cela fait partie intégrante de ma vie.

     

    Comment arrivez-vous Ă  continuer le piano Ă  pareil niveau ?

    J’ai toujours fait du piano, mais je suis violoniste d’abord. Le piano me pose davantage de problèmes techniques, mais reste quelque chose de très naturel pour moi. À la maison ou avec des amis, j’en joue beaucoup, mais en concert seulement occasionnellement. Ce n’est pas ma préoccupation première.

     

    Vous jouez un violon du XVIIIe siècle. Est-ce forcément mieux ?

    C’est un instrument que j’aime beaucoup, mais j’ai aussi un violon contemporain avec lequel je donne beaucoup de concerts. Il est vrai que certains violons anciens ont une sonorité magnifique, mais, vous savez, c’est d’abord le violoniste qui fait la sonorité, pas l’instrument.




    À voir :
    Concerto pour violon de Tchaïkovski, avec l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Vasily Petrenko, le 14 juin à la salle Pleyel, Paris.

    À écouter :

    CD Decca Bruch-Dvořák, Concertos pour violon, Orchestre de la Tonhalle de Zurich, direction : David Zinman

     

    Le 10/06/2013
    GĂ©rard MANNONI


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