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ENTRETIENS 19 avril 2024

Yann Beuron, le ténor caméleon

Élu "Révélation Musicale de l'année 1999" par le syndicat professionnel de la critique et Roméo remarquable au Festival Berlioz de la Côte Saint-André, Yann Beuron est une nouvelle valeur sûre du chant français. On pourra admirer à nouveau son talent ce mois-ci dans la Belle Hélène au Châtelet en compagnie de Marc Minkovski.

 

Le 02/09/2000
Propos recueillis par Michèle LARIVIÈRE
 



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  • Vous chantez Rameau, Mozart, Rossini, Berlioz, Offenbach, Verdi, quelle sorte de ténor êtes-vous donc ?

    Un ténor tout court ! Ce n'est pas par hasard que j'essaye de faire de chanter un répertoire assez ouvert pour ne pas être classifié, surtout pas, " ténor d'opérette " et pas particulièrement " ténor mozartien ". Il se trouve que Mozart me convient, mais récemment, j'ai interprété Iphigénie en Tauride, un nouveau répertoire qui me plaît et j'espère pouvoir continuer à me diversifier.
    À Bruxelles, j'ai chanté Don Ramiro de Cenerentola (Rossini) et le directeur musical de La Monnaie Antonio Pappano me disait " c'est vrai, tu as quelque chose de jeune dans la voix, alors n'aborde pas trop tôt un répertoire lyrique ". J'ai 31ans et pour le moment, je suis son conseil, Je trouve plus difficile de chanter une musique essentiellement pyrotechnique comme Rossini alors que chez Mozart, le texte, les récitatifs aident le discours musical, c'est très important.

     
    Aimez-vous chanter dans votre langue maternelle ?

    Énormément. J'aimerais beaucoup me faire une place dans le répertoire français avec les Pêcheurs de Perles ou Lakmé, mais quand ma voix aura mûri. Le problème, c'est que les grands airs ne sont pas représentatifs de la totalité du rôle. Prenez Gérald de Lakmé, ses airs sont tendres, très souples, mais les ensembles, les duos, sont très lyriques, il faut une voix capable de tenir la longueur !

     
    On vous a d'abord remarqué dans le répertoire baroque, étiez-vous un "baroqueux" de la première heure ?

    Non, je n'ai pas reçu d'éducation, entre guillemets, " baroque ". J'ai rencontré par hasard William Christie au Conservatoire de Paris. Nous avons enregistré Stratonice de Méhul à Cologne et je l'ai retrouvé fin 1999 pour les Indes Galantes à l'Opéra Garnier. C'est ainsi que j'ai appris l'ornementation à la française. Avec Marc Minkowski, à part Platée, j'ai abordé un répertoire plus moderne, comme l'Inganno Felice de Rossini, Orphée aux Enfers et Iphigénie. Les ténors baroques que j'ai interprétés sont plutôt des hautes-contre, et pour moi, c'est difficile de passer ensuite à Ferrando dans Mozart. Je ne veux pas me spécialiser, mais je dois garder une cohésion vocale et le baroque n'est pas mon répertoire de prédilection. Je referais l'an prochain Mercure et Thespis de Platée, des rôles qui mettent en valeur le timbre.
    Par ailleurs les chanteurs que j'aime sont très éloignés du baroque. Ce sont Cesare Valetti, Tito Schipa, Beniamino Gigli, Nicolaï Gedda et Léopold Simoneau. Ce dernier n'était peut-être pas le roi du contre-ut à gogo, mais il avait une élégance, une finesse et en même temps une virilité dans la voix qui reste pour moi inégalée.

     
    Quel est votre rapport à la scène ?

    C'est grisant mais la scène n'aide pas la voix. J'ai rencontré Alfredo Kraus peu avant sa disparition, à ce sujet, il me disait carrément : " la scène, ça sert à détruire la voix ! ". Et il vrai qu'il est très difficile de se contrôler quand on se donne. Il faut revenir au travail technique tous les jours, pour retrouver, je dirais, les bons gestes. Mon professeur Jean-Pierre Blivet, qui a fait travailler Nathalie Dessay, m'aide beaucoup en ce sens.

     
    Et les metteurs en scène ?

    Il faut beaucoup compter sur soi. Mais dans les petits circuits, il y a des gens passionnants comme Patrick Abéjan avec lequel j'ai fait Cosi. Sa technique de travail ressemble à une thérapie de groupe. C'est fantastique de parler ou de faire de la gymnastique ensemble, même dix minutes seulement, j'étais pourtant très sceptique avant d'essayer. J'ai d'ailleurs retrouvé cela avec Trisha Brown sur la production d'Orfeo au théâtre de la Monnaie.
    Dans un tout autre style, je garde un bon souvenir du dialogue des Carmélites à Avignon, avec Jean-Claude Auvray, il sait créer une atmosphère de passion, d'excitation qui est parfois épuisante mais terriblement porteuse.

     
    Quels sont les personnages dont vous vous sentez le plus proche

    Des jeunes hommes un peu torturés, dans des situations de drames. Ferrando est léger tout en se posant plein de questions, Idamante a un rapport avec son père extraordinaire, comme celui que je vis avec le mien, et je me suis nourri de mes relations avec ma soeur pour le Chevalier de la Force. J'aime les rôles dans lesquels on peut exprimer les rapports importants de sa vie ainsi que les jeunes princes comme Don Ramiro.


    Discographie :
    -Armide de Gluck chez Archiv Production
    -Orphée aux Enfers d'Offenbach chez Emi

    À paraître :
    -Iphigénie en Tauride de Gluck chez Archiv Production
    -Trois Cantates de Ravel chez Emi Classics

     

    Le 02/09/2000
    Michèle LARIVIÈRE


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