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ENTRETIENS 29 mars 2024

Anne Gastinel : en toutes lettres
© Maxime Deressy

Cela fait déjà une décennie qu'elle appartient à la génération montante des violoncellistes français. Avec fierté mais discrétion. Elle est à Paris, salle Pleyel, les 20 et 21 janvier, dans le 1er concerto de Chostakovitch, avec l'Orchestre de Paris, dirigé par Kurt Sanderling.
 

Le 14/12/1999
Propos recueillis par Stéphane HAIK
 



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  • A comme Année 2000

    " Outre les deux concerts avec Kurt Sanderling à Pleyel, je jouerai, pour la première fois, " Tout un monde lointain " d'Henri Dutilleux. Un moment d'autant plus fort que les deux concerts prévus en mai devraient être suivis d'un enregistrement. Je croise les doigts. "

     
    B comme Baroque

    " Difficile de contester l'apport du violoncelle baroque. Mais on aurait tort de délaisser le violoncelle moderne, dont les possibilités techniques et expressives demeurent considérables. Je n'ai jamais joué sur un violoncelle baroque et, pour être franche, je n'éprouve pas un empressement particulier, car l'intérêt que je lui porte est celui d'un mélomane curieux, ouvert aux autres voies d'interprétation que celles qui appartiennent à sa culture d'origine. "

     
    B comme Bloch

    " Je conserve un excellent souvenir de l'enregistrement de Schelomo, avec l'Orchestre national de Lyon et Emmanuel Krivine. Dommage que cette oeuvre soit si peu jouée. Il faut dire qu'elle est d'une grande complexité pour l'orchestre. Pour le violoncelle, c'est tout simplement l'un des sommets de la littérature du 20ème siècle, qui transcende l'instrument, détache l'interprète de son violoncelle - au point de l'oublier - et offre une capacité expressive très étendue, grâce au tapis ultra-mélodique qui filigrane la partition d'un bout à l'autre. "

    © Maxime Deressy

     
    C comme Concours

    " Ils n'ont à mon sens pas toujours la vocation qu'on leur prête. Avant tout, je crois qu'ils devraient permettre aux jeunes musiciens de jauger avec plus d'acuité leur style et leur technique instrumentale à l'aune des écoles et des traditions en présence. Remporter coûte que coûte les premiers prix? Bien sûr, c'est important, mais ce n'est pas prioritaire, et les participants ne devraient pas avoir que cet objectif à l'esprit. C'est vrai que j'ai remporté plusieurs de ces prix - Scheveningen, Prague, Eurovision, Rostropovitch -, qui sont autant de coups de pouce dans une carrière de soliste, plus difficile aujourd'hui qu'il y a trente ou quarante ans. Cela dit, le principal défaut des concours est qu'ils vous font connaître dans le petit monde de votre instrument, non dans le milieu musical, au sens large. Ils ne sont, en fait, qu'un cursus possible, jamais un passage obligé. Et l'Histoire est pleine de ces instrumentistes qui ont réussi un brillant parcours sans avoir passé - ou remporté - la moindre épreuve internationale. "

    l'Histoire est pleine de ces instrumentistes qui ont réussi un brillant parcours sans avoir passé - ou remporté - la moindre épreuve internationale.

     
    E comme Elgar

    " Comme tout un chacun, je pense que Jacqueline Du Pré - immense violoncelliste - a marqué le concerto d'Elgar de manière indélébile. Fallait-il pour autant s'interdire de le jouer pendant si longtemps? J'ai le sentiment qu'à la mort de la musicienne britannique, s'attaquer à cette oeuvre prenait souvent des allures de sacrilège. Du moins certains le pensaient. Heureusement, depuis cinq ou six ans, les mentalités ont évolué. "

     
    E comme Enregistrement

    " Terrifiant! La simple présence des micros me trouble. Tout semble alors insurmontable et, à la première anicroche, je perds mes moyens. Une seule solution: enregistrer en live pour sentir la présence du public qui m'est indispensable. Encore faut-il oser! Ce n'est pas pour tout de suite. "

     
    F comme Fauré

    " Ses pièces pour violoncelle ne font pas partie de ce qui a été écrit de plus significatif pour l'instrument. A force de délayage, sa deuxième sonate finit par lasser. Quand je pense à Fauré, je me dis parfois que j'aurais pu devenir pianiste... "

     
    F comme Feuermann

    " Un génie injustement tombé dans l'oubli, au profit de Piatigorsky. A l'écoute de ses disques, je suis frappée par l'absence totale de superflu. Dans son jeu, jamais on ne trouve d'effets de manche ou de fioritures: Il y a là une manière unique d'aller à l'essentiel. Une pureté instrumentale qui en fait un violoncelliste incontournable pour qui s'intéresse de près à l'histoire de l'interprétation. "

     
    F comme Fournier

    " En allant au coeur de la musique, Pierre Fournier ressemble à Feuermann. A cela s'ajoute une dimension visionnaire qui reste unique: l'écouter, c'est un peu comme flirter avec la notion d'intemporalité. Car Pierre Fournier a eu l'intelligence et le bon goût de ne jamais suivre une mode, un courant d'interprétation. C'est son principal atout. "

     
    G comme Gofriller

    " J''ai eu l'immense chance que Marta Casals-Istomin - par l'entremise du Fonds Instrumental Français - me donne la possibilité de jouer, pendant un an, le Matteo Gofriller de Pablo Casals, violoncelle mythique qui a accompagné le Maître soixante années durant. Cet instrument dispose d'une palette de timbres et de couleurs insoupçonnée, presque illimitée. Un an, ce fut trop court. Mais c'était la règle du jeu. "

     
    M comme Ma

    " Yo-Yo Ma est à notre époque ce que sont Feuermann et Fournier au passé: un musicien plus qu'un violoncelliste, avec ce supplément d'âme qui fait la différence. "

     
    S comme Salle de concerts

    " C'est presque devenu un lieu commun que de dire qu'il n'y a pas de salles de concerts dignes de ce nom à Paris. Cependant, j'ai une affection toute particulière pour le Théâtre des Champs-Elysées, dont j'aime autant l'acoustique - pure, malgré une certaine sécheresse - que l'histoire dont elle est chargée. C'est une exception. Car quand on compare la situation des salles parisiennes à celle qui prévaut en Allemagne, où la moindre ville dispose d'une salle à l'acoustique souvent parfaite, on mesure mieux le fossé. "

    C'est presque devenu un lieu commun que de dire qu'il n'y a pas de salles de concerts dignes de ce nom à Paris.

     
    S comme Sanderling

    " Sous de faux airs de chef autoritaire se cache un homme sensible, un véritable papa poule, doublé d'un musicien hors pair, qui n'hésite pas à prêter une oreille plus qu'attentive à votre conception d'une oeuvre, sans vous imposer ses vues manu militari. A son contact, je dois avouer que mon approche du concerto de Schumann s'est modifiée en profondeur, notamment celle du dernier mouvement: j'avais l'habitude de le prendre d'une manière trop enlevée; en ralentissant le tempo, je lui donne désormais plus de poids. Face à un chef-d'oeuvre du répertoire, les jeunes musiciens ne savent pas toujours à quel saint se vouer, et il leur est difficile de trouver leurs marques de manière certaine. Là, pas l'ombre d'un doute: Kurt Sanderling m'a donné le conseil qui s'imposait."

     
    S comme Starker

    " Il donne l'image d'un professeur inflexible. Une réputation amplement justifiée, vérifiée in vivo, dans le cadre d'une Masterclass qu'il avait donnée à Villarceaux, en région parisienne. Avec lui, rien n'est laissé au hasard: un pédagogue à l'ancienne qui en quelques minutes a parfaitement saisi votre jeu et votre personnalité. C'est presque désarmant. Avant de le rencontrer, j'utilisais une pique assez longue. Sans en être tout à fait consciente, ce choix m'obligeait à me cambrer en arrière; le son n'était pas le plus beau que puisse m'offrir mon violoncelle. En optant pour une pique plus courte, j'ai retrouvé un nouvel équilibre. De Janos Starker, je garderai un étrange souvenir fait à la fois d'émerveillement et de crainte... "

     

    Le 14/12/1999
    Propos recueillis par Stéphane HAIK


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