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ENTRETIENS 25 avril 2024

Un David du chant
© Eric Sebbag

En quelques mois, David Daniels est devenu la coqueluche des amateurs de belcanto et de timbres rares. Il est vrai qu'on n'avait pas entendu depuis bien longtemps contre-ténor si rayonnant, si à l'aise (surtout dans l'aigu) et si expressif (depuis quand, d'ailleurs ?). Brève rencontre avec un nouvel astre du chant.
 

Le 15/10/2000
Propos recueillis par Philippe VENTURINI
 



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  • Physique d'acteur, sourire de sĂ©ducteur, allure dĂ©contractĂ©e d'adolescent : on l'imagine sans peine Ă  l'Ă©cran. Mais qu'il se mette Ă  chanter Handel et s'ouvre alors un arc-en-ciel de couleurs et une infinie palette de sentiments. Rien Ă  voir ni Ă  entendre avec les filets de voix blanches ou les politesses de boudoir dans lesquels s'Ă©touffent la plupart de ses pairs.

    Après des études à Cincinnati, David Daniels se fait connaître, à Los Angeles, par son interprétation d'Obéron dans Le Songe d'une nuit d'été de Britten et dans le rôle de Néron dans Le Couronnement de Poppée de Monteverdi. Le public international le découvrit ensuite en 1996 au Festival de Glyndebourne par son interprétation de Dydimus de Theodora de Handel (direction de William Christie, mise en scène de Peter Sellars). À la somptuosité naturelle de la voix s'ajoutaient un formidable talent d'acteur et une présence scénique incontestable. Le public français l'a d'abord découvert, voici deux ans, par un disque récital Handel chez Virgin "Veritas", accompagné par Roger Norrington. Un compositeur qui lui sied à merveille et qu'il a magnifiquement servi dans un enregistrement de L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato, dirigé par John Nelson, qui vient tout juste de paraître.

     
    Avant de chanter dans le registre de contre-ténor quelle était votre voix ?

    Ma tessiture naturelle est celle de ténor léger mais elle ne me satisfaisait pas. Je ne pouvais m'y épanouir ni réaliser mes aspirations musicales, moi qui ai toujours rêvé de devenir chanteur. Mais, aux États-Unis, après la mue, un homme doit naturellement devenir ténor, baryton ou basse. Pas contre-ténor. J'avais pourtant essayé, en amateur, cette technique en chantant des airs pour soprano lors de soirées et je m'y sentais à l'aise. Aussi en ai-je parlé à mon professeur de chant qui m'a dit de m'y mettre sérieusement. Je m'en souviens très bien : c'était le 2 mars 1992.

     
    Votre voix de contre-ténor vous destine tout naturellement au répertoire baroque. Que comptez-vous y trouver ?

    J'aime, dans cette musique, la virtuosité autant que l'intensité dramatique. Opéra et oratorio offrent d'ailleurs les mêmes enjeux dramatiques. Il ne faut pas présenter l'oratorio comme une cérémonie sous prétexte qu'il n'y a pas de mise en scène ou que le sujet est sacré. Je travaille ces deux genres de la même façon avec la même profondeur, la même caractérisation des personnages et y recherche les mêmes émotions. Je ne fais pas différence entre Giulio Cesare et Theodora.

     
    Le public français vous associe essentiellement à Handel, voire au baroque italien. Envisagez-vous de chanter aussi le baroque français ?

    Ce répertoire me pose quelques problèmes : il se montre un peu trop grave pour moi et il me demande de forcer la voix. Il ne me convient pas aussi naturellement que l'italien. C'est pourquoi je préfère plutôt chanter en français Gounod, Ravel ou Poulenc (disque "Sérénade", avec Martin Katz au piano).

     
    N'est-ce pas aussi pour ouvrir votre répertoire et quitter le baroque ?

    Je travaille en effet Mozart (Mithridate) et la musique des XIX° et XX° siècles. Même si aux États-Unis, je chante beaucoup Handel, je ne voudrais passer pour un spécialiste bien que je sache que ma voix m'associe naturellement à une époque particulière. Le récital (Schubert, Beethoven, des Français) se présente alors comme un chemin de traverse. D'autres contre-ténors, tels Paul Esswood ou Jochen Kowalski ont d'ailleurs suivi ce genre de parcours.

     
    Vous venez vient d'enregistrer un second disque Handel, une anthologie d'airs, sous la direction de John Nelson avec l'Ensemble Orchestral de Paris, orchestre "classique", encore peu familier du répertoire baroque. Pourquoi ?

    J'ai choisi un orchestre "moderne" parce que mes deux premiers disques étaient accompagnés d'instruments anciens. Je désirais changer de couleurs sans perdre un style d'interprétation, ce qu'a très bien saisi John Nelson. Je suis sûr que certains de mes pairs se seraient posé des questions
    Il faut de toute façon savoir qu'aux États-Unis la majorité des opéras que je chante sont interprétés sur instruments modernes. Leur diapason plus haut me convient bien.

     
    Que représente pour vous le travail en studio ?

    Je préfère chanter devant un public que devant un microphone. La scène donne une énergie et une concentration que le studio ne peut insuffler. Mais le résultat de ce patient travail me plaît.

     
    Quels sont vos projets immédiats ?

    Une production de Rinaldo de Handel à New York, une tournée Vivaldi suivie d'un enregistrement avec Fabio Biondi et un récital avec piano au Théâtre du Chatelet le 3 avril 2001. Je serai pour la première fois sur scène, en France, à l'Opéra Garnier en 2002, dans Giulio Cesare de Handel sous la conduite de Marc Minkowski.

     


    Lire aussi :
    La critique de son dernier concert parisien
    La critique de son disque récital : Serenade

     

    Le 15/10/2000
    Philippe VENTURINI


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