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SELECTION CD |
03 mai 2024 |
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Johann Sebastian Bach
Oster-Oratorium Kommt, eilet und laufet BWV 249
Magnificat BWV 243
Kimberly McCord, soprano I – Julia Gooding, soprano II – Daniel Taylor, alto – Paul Agnew, ténor – Neal Davies, basse.
The Gabrieli Consort & Players
Paul McCreesh, direction
1 CD Archiv Produktion 469 531-2
Toute polémique musicologique mise à part, ce qui intéresse au premier chef reste la qualité de l'interprétation. Au concert comme au disque, Sigiswald Kuijken, n'avait pas convaincu, faute d'une distribution vocale équilibrée. Seul Konrad Junghänel, certes dans quelques cantates minutieusement sélectionnées, avait apporté une contribution marquante.
Avec sa cohésion irréprochable, une fusion des timbres remarquable et surtout une projection efficace du verbe, le Cantus Cölln réussissait réellement à éclairer Bach d'une lumière vocale neuve. Ce groupe vocal rompu au répertoire madrigaliste possède en effet des voix aux couleurs individuelles, volubiles, mais surtout à la souplesse instrumentale si indispensable pour la clarté polyphonique des passages choraux.
C'est ce même équilibre que Paul McCreesh cherche depuis des années d'obtenir, en vain. Dans le présent enregistrement, comme dans les divers Passions qu'il a promenées à travers l'Europe, on est loin du compte, notamment dans le Magnificat.
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Si la soprano Kimberly McCord n'est pas indigne, son vibrato un peu envahissant déstabilise les ensembles vocaux, alors que sa comparse Julia Gooding, inexistante dans le Et exultavit du Magnificat, disparaît corps et âme dans les choeurs. De son côté, Paul Agnew est un excellent ténor, mais cependant incapable de se fondre dans un ensemble, et en outre troublé par le tempo infernal que McCreesh impose dans le Deposuit.
De même, Neal Davis est une basse respectable, mais son timbre engorgé, à l'anglaise, ne convient pas idéalement ici ; du moins est-il vocalement à l'aise dans le Quia fecit magna. Seul Daniel Taylor semble se plier avec honnêteté à l'exercice, mais comment supporter ce timbre aigrelet et minaudant ?
La mise en place instrumentale est des plus correctes, si l'on excepte des cuivres douloureux dès la sinfonia introductive de l'Oratorio de Pâques. Mais l'utilisation des timbres instrumentaux, particulièrement dans les airs, n'est pas réellement aboutie, peut-être faute d'une réelle réflexion sur la signification minutieuse que Bach leur insuffle.
Pour couronner le tout, cet enregistrement verse constamment dans le prosaïsme. Paul McCreesh confond précipitation et élan. Adoptant des tempos invariablement allants, ne ménageant à aucun moment ces instants de méditation intemporelle au cours desquels Bach questionne inlassablement la foi du croyant, le directeur des Gabrieli sombre dans une monotonie d'accents et d'articulations qui finit par lasser l'auditeur.
Comment parler dès lors de rhétorique, notion si consubstantielle à la musique de Bach, dans laquelle pas une note, pas une intention n'est laissée au hasard ? Avec McCreesh, c'est une poursuite triviale.
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Triviale poursuite | |
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