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SELECTION CD |
01 mai 2024 |
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Symphonies de Messiaen et Roussel Olivier Messiaen,
Turangalilà symphonie
Yvonne Loriod, piano
Jeanne Loriod, onde Martenot
Toronto Symphony Orchestra
Direction : Seiji Ozawa
Albert Roussel
symphonies 3 & 4
Orchestre Philharmonique de Radio-France
Direction : Marek Janowski
Bacchus et Ariane, suite n° 2
Boston Symphony Orchestra
Direction : Charles Munch
On l'a déjà écrit dans ces colonnes, en plus d'être l'unique symphonie écrite par Olivier Messiaen, la Turangalilà est en quelque sorte " l'Hymne à la joie " du compositeur. Une musique explosive, déferlante, d'une telle complexité rythmique qu'en regard, le Sacre du Printemps ressemble déjà à un exercice de fin d'étude pour chef d'orchestre junior.
Mais déjà en 1967, Seiji Osawa avait l'étoffe d'un maître. Messiaen a donné son aval et ses conseils à de nombreux interprètes et on se souvient de la version Chung (DGG) à laquelle il a participé de près avant sa disparition. Comparativement à cette récente réédition, elle trahit cependant un caractère à la fois plus cérébral et plus serein, à l'image du compositeur lui-même à moins d'un an de ses retrouvailles avec Saint François d'Assise.
Avec Ozawa au contraire, la Joie du sang des étoiles n'aura jamais été aussi passionnée, exubérante. L'indispensable précision rythmique est évidemment là , mais le chef nippon donne en plus une sorte d'impulsion irrésistible qui pousse presque littéralement l'auditeur dans le dos. Pour un peu, il faudrait parler de " swing " comme en jazz
Mais bien avant les jazzmen d'aujourd'hui, Messiaen avait jeté plus d'une oreille dans les traditions musicales asiatiques et peu de version comme celle d'Osawa soulignent cette transformation de l'orchestre classique en gamelan rutilant.
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Toutefois, la vision d'Ozawa ne se limite pas à une apparente extraversion. Par contraste, la sensualité exotique (mais finalement universelle) des Chants d'amour et les hypnagogiques passages modérés affirment d'autant mieux cette cité céleste de couleurs sonores dont Messiaen a emporté le secret.
À côté de cette irréfutable Turangalilà à placer devant les versions Salonen et Rattle, BMG a cru bon de flanquer un deuxième disque dédié à Albert Roussel. Au-delà d'une relative proximité chronologique entre les deux hommes, il y a pourtant la distance d'une constellation de Canyons aux étoiles. Mais surtout, le choix de ces deux symphonies dirigées par Marek Janowski n'offre aucun motif de liesse.
Si l'on doit à dernier d'avoir su discipliner l'Orchestre Philhamonique de Radio-France (l'exploit n'était pas mince), cet enregistrement se restreint à cette unique qualité : la rigueur et la précision rythmique. Jouer la musique colorée et " atmosphérique " de Roussel comme coulée dans le bronze de Bruckner est un splendide contresens. Le Bacchus et Ariane dirigé Charles Munch qui complète cette seconde galette le démontre dès les premières minutes ; cela en serait presque cruel.
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Joie avec mélanges | |
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