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SELECTION CD |
03 mai 2024 |
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Tannhäuser de Richard Wagner Choeur et orchestre de l'opéra de Munich
Direction : Zubin Mehta.
Mise en scène : David Alden
Avec René Kollo (Tannhäuser ), Nadine Secunde (Elisabeth), Bernd Weikl (Wolfram ), Waltraud Meier (Venus).
DVD Arthaus Musik 100 014
Zubin Mehta est au pupitre, sa direction souple et cursive privilégie comme à son habitude le beau son et la mélodie ; le côté italianisant de l'oeuvre y gagne nettement en lisibilité. Les choeurs et l'orchestre de Munich possèdent une solide pratique de ce répertoire qui garanti une exécution au-dessus de la moyenne.
Ici, René Kollo reprend un rôle qu'il avait fort bien servi au disque sous la direction de Georg Solti (decca) et son jeu scénique (acquis pour l'essentiel à Bayreuth sous la direction de Chéreau, diront certains
) lui permet de distiller un Tannhäuser névrotique dominé par ses pulsions, torturé par son désir de vertu et avant tout profondément seul, n'espérant que la mort sans savoir l'accueillir.
Son troisième acte est bouleversant, sa narration de la damnation papale criante de vérité, proche de l'identification totale. Et si le chanteur est parfois en difficulté technique, l'incarnation dramatique compense les quelques failles qui sont apparues avec le temps.
Face à lui, on notera l'Elisabeth touchante de Nadine Secunde, expression vivante de la vertu comme du bouc émissaire volontaire, symbole en chair de l'esprit de sacrifice confinant presque au masochisme. C'est une Elisabeth résignée mais dont la douleur touche, tant son jeu paraît naturel et convaincu.
La Vénus de Waltraud Meier ne donne évidemment pas dans le même registre et d'aucuns se demanderont si ce rôle, scéniquement un peu facile pour elle, ne l'ennuie pas. Habituée à explorer les méandres psychanalytiques d'Isolde dont elle sait rendre les moindres nuances, la grande cantatrice allemande n'a aucun mal à camper une " vamp " de grand standing, on se damnerait sans la moindre hésitation
Bernd Weikl apporte pour sa part le supplément d'humanité qui fait de Wolfram le seul véritable juste de la tragédie, celui qui pense que le pardon de dieu peut s'obtenir sans le consentement du pape
La mise en scène de David Alden ne fait que très rarement référence au contexte médiéval de l'oeuvre et insiste en revanche sur le passage permanent d'un monde à l'autre sous la forme de portes omniprésentes. Le passage est ici un état perpétuel de l'homme et la rédemption de Tannhäuser par le sacrifice d'Elisabeth devient purement anecdotique, comme si l'errance et l'absence de certitudes étaient en définitive la vraie nature humaine.
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L'errance est humaine | |
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