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SELECTION CD 04 mai 2024

Centenaire Chostakovitch
Discographie comparée :
8e quatuor Ă  cordes




27 octobre 2006, dans les nouveaux locaux de l'Association internationale Dimitri Chostakovitch, au 19 bis rue des Saints Pères dans le 6e arrondissement de Paris. Michel Le Naour, Benjamin Grenard et Yannick Millon poursuivent leur exploration discographique chostakovienne. Après la 10e symphonie, tour d'horizon des grandes versions du 8e quatuor à cordes.


Le 29/05/2007
Yannick MILLON
Benjamin GRENARD
Michel LE NAOUR

 

  • SĂ©lection
  • Écoute en aveugle : versions n° 1 Ă  6
  • Écoute en aveugle : versions n° 7 Ă  12
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     Ă‰coute en aveugle : versions n° 1 Ă  6

    Version n° 1 : [Quatuor Danel]





    MLN : Difficile de se prononcer d'emblée, mais version qui manquerait peut-être un peu de tension rythmique. Contours assez peu marqués. Pas toujours exaltant.

    BG : Au contraire, pour moi, excellente version moderne. Premier mouvement pas le plus marquant, même si phrasé soigné, précis et belle finition. Très belle entrée du violon pianissimo au chiffre 4. En revanche, II et III exceptionnels. Tension continue, beaucoup d'impact. Manière de rentrer dans la corde qui rappelle les Danel. Début de III très tendu. On perçoit idéalement la polyphonie, même dans les passages les plus chargés.

    YM : Je rejoins BG. Beaucoup de précision d'entrée de jeu, notamment sur les accents, qui semblent montrer une pratique accrue de la musique du XXe siècle. Chiffre 2, climat pas très prenant. Dans II, pointe sèche, beaucoup de tranchant, de métal, micro-nuances dans le climax qui relancent bien le discours. Très brillant et virtuose, manquerait peut-être un peu de vécu ?


     
    Version n° 2 : [Quatuor Brodsky]





    MLN : Très différente de la version n° 1 [Danel]. Plus expressif, plus mystérieux, plus d'urgence aussi. Transition II-III étrange, cadence de violon pas du tout intégrée dans la continuité, émergeant tel un solo virtuose hors de propos. Même si plus d'unité dans version n° 1 [Danel], je préfère celle-ci.

    BG : On perd en tension à la fin du II mais travail de masse beaucoup mieux géré que dans le premier mouvement. Sforzandi beaucoup plus lourds et pesants. Sautillement léger, clownesque mais en rien grotesque dans le III. Finalement très fade. Version plus globale, moins fouillée, avec un sens de l'architecture moins prenant. Pas de pierre d'achoppement.

    YM : Je n'accroche pas du tout. C'est un peu épais, vibré par défaut, avec des accents caricaturaux. Gamme au chiffre 2 plutôt scolaire, peu caractérisée. Le tout reste un peu métronomique et appliqué. Dans II, démanchés de violons assez laids, intonation pas très précise, au premier violon notamment, et au centre du mouvement, alto pas assez rugueux. La transition II-III ne fonctionne pas du tout, déconnectée du reste, beaucoup trop droite et au premier degré. Perd du coup tout grinçant.


     
    Version n° 3 : [Quatuor Fitzwilliam]





    BG : Je n'aime pas du tout. Bon métier, mais les partis pris ne sont guère probants. Sur le thème chromatique chiffre 2, démanché peu séduisant du premier violon, gamme sans expression. Pas de nuances remarquables, discours pas habité par une pensée sous-jacente. Scherzo très excité et allégé, voire fluet. Beaucoup d'agitation pour rien. Pas d'esprit, solo d'alto qui court à toute allure, accents dans le grave impuissants. Phrasé outrancier dans III, très loin de l'esprit. Une version bien frigide.

    YM : Critique musical au bord de la crise de nerfs ! Une entrée en matière opulente, symphonique, très loin d'une déploration à la mémoire des victimes du fascisme et de la guerre. Le tempo change sans raison au chiffre 2 sur le thème chromatique. Portamento d'un goût douteux sur les tierces. Prosaïque au-delà de tout sur l'entrée du premier violon en majeur. II ridiculement rapide, bâclé, course au vide qui ne dit rien. Consternant !

    MLN : Savent-ils ce qu'ils jouent ? Cohésion entre eux, mais pas de climat, son très pesant, violon rarement agréable à entendre. Cavale au II qui n'exprime pas grand chose en dehors de la vitesse. Pas de différenciation entre le thème juif et ce qui précède, le piano subito est téléphoné. La transition II-III est également des plus déplaisantes. Dans la version n° 2 [Brodsky], on avait au moins un climat proche de la bataille sur la glace d'Alexandre Nevski.


     
    Version n° 4 : [Quatuor Eder]





    YM : C'est mieux, mais ça n'est pas encore ça. Tout le début est surnuancé, en contradiction avec l'intériorité de la musique. Phrasé laborieux, assez peu de climat. Alto très lisse dans le II. On se réveille à la reprise du thème juif par l'alto et le violoncelle, et le silence qui précède le III est très bien amené, plein de tension. Le III aurait tendance à se dérouler de mieux en mieux. Un peu tard tout de même.

    MLN : On trouve ici une certaine mise en scène qu'on n'avait pas encore entendue jusque-là. Je suis un peu gêné par les instruments, par le vibrato du premier violon notamment. Souvent assez extérieur, pas de caractérisation chostakovienne. Manque d'unité et d'intériorité. II assez uniforme, pas de différenciations sonores. Je pense comme YM que cela devient intéressant au III.

    BG : Je partage vos avis. Version qui se prive d'un atout au niveau du climat dans le I à cause de tenues trop en retrait sur le thème chromatique. Version honnête, qui ne va pas jusqu'au bout de ses idées. Dans le II, on s'ennuie vite : tout est nivelé, presque éteint au début. Certaines accentuations relancent toutefois l'intérêt, notamment dans une forme de prise en compte de l'écriture spécifique de Chostakovitch pour la formation quatuor à cordes. Contretemps de valse bien incisifs dans le III.


     
    Version n° 5 :
    [Quatuor Borodine (Virgin)]





    MLN : Tempo d'emblée différent des versions précédentes dans le Largo initial. Belle progression, avec ce sentiment de prière, d'humanité. Premier violon très présent, de véritable ampleur. Prise en compte totale des spécificités d'écriture. Côté symphonique qui n'interdit pas une acidité, une crudité dans le II. Engagement, urgence à tout moment. Silence avant le III grandiose. Ils ont tout compris. On a l'impression de voir l'arrachement de la corde de sol du premier violon.

    BG : Version beaucoup plus intérieure que les précédentes. Premier mouvement assez nivelé, mais quelque chose point. Solo de violon d'une magnifique fébrilité. Bonne traduction de l'affect de cette musique. II pas très rapide, mais beaucoup d'impact, son fin, incisif, tendu, chauffé à blanc. Thème juif avec un vrai contraste d'espace – arpèges qui s'opposent au bloc qui précède. Si l'alto manque un peu de jus, le premier violon compense en mordant.

    YM : Authenticité russe d'entrée de jeu, compréhension immédiate du langage, climat présent dès la première note du violoncelle. Portrait de désolation, d'un monde ravagé par la guerre. Thème chromatique au violon très récitatif, qui pleure la misère du peuple russe. Dans le II, léger éraillement du plus bel effet sur la corde de sol du premier violon. Pas très rapide mais scansion d'autant plus impitoyable. Thème juif déchirant pour la première fois. Tout y est !


     
    Version n° 6 : [Quatuor Kronos]





    BG : J'aime beaucoup. Encore plus intériorisé que la version n° 5 [Borodine (Virgin)]. Réelle prise de risque en prenant le thème chromatique de manière aussi impalpable, mais superbe effet plaintif. Accentuations qui s'intègrent parfaitement à la texture. Vision supérieure. Le II est envisagé de manière plus extérieure mais jamais clinquante. Ni flagellation ni écorchure des versions précédentes. Version très graduée.

    YM : Je suis très partagé. D'abord timbres ternes, flou polyphonique, jeu trop vibré, entrées fuguées mécaniques. Le moindre crescendo paraît forcé. Puis au chiffre 2, coup de génie : jeu tout droit, sans vibrato, à la Sigiswald Kuijken, aux confins du silence. Magnifique climat, raréfaction webernienne, kaum hörbar. II à la limite de détoner, sforzandi pas assez balises métriques. Et surtout thème juif caricatural, c'est la danse de Rabbi Jacob les mains en l'air !

    MLN : Je suis aussi partagé. Méditation très bien conduite dans le I, expression de la fragilité face aux événements bien rendue. Logique interprétative très différente des cinq versions précédemment entendues. Mais c'est un peu trop mezza voce dans l'ensemble. On aimerait une expression plus affirmée. II très droit, qui roule sans ruptures, avec des accentuations faibles. Premier violon qui s'égare par moments.




    Arrivé à mi-parcours se pose déjà la question de l'abandon de certaines versions décevantes. MLN, BG et YM sont unanimes sur le rejet de la version n° 3 [Quatuor Fitzwilliam], d'ores et déjà écartée.

    BG et YM évoquent la possibilité d'éliminer également la version n° 2 [Quatuor Brodsky], qui n'avait pas déplu à MLN. Aucune décision n'est prise pour le moment.

    Enfin, malgré d'importantes réserves sur certains partis pris, l'accord est unanime pour pousser plus avant l'audition de la version n° 6 [Quatuor Kronos].


     

     

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