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SELECTION CD 07 mai 2024

Centenaire Messiaen
Discographie comparée :
Turangalîla-Symphonie




11 décembre 2008. Loin de l'agitation de la capitale, dans une contrée enneigée, Yannick MILLON, Laurent VILAREM et Thomas COUBRONNE se retrouvent pour une table ronde destinée à y voir plus clair, en cette année anniversaire, sur le plus célèbre ouvrage d'Olivier Messiaen, la Turangalîla-Symphonie. Une discographie comparée qui ne sera pas une mince affaire, notamment en raison de divergences d'opinion assez marquées...


Le 29/12/2008
Yannick MILLON
Laurent VILAREM
Thomas COUBRONNE

 

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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     Deuxième tour en aveugle

    Version n° 1 [Previn]




    YM : Dans les passages fins de Tur1 et CA2, côté lointain, stellaire parfaitement adapté, dialogue aux confins du silence. Duo piccolo-basson génialement timbré, perfection sonore. Version aussi aboutie dans les grands effets de masse que dans le détail. En revanche, JSE lisible mais sans grand élan, avec une accentuation un peu molle et liée. Joie un peu trop tranquille.

    LV : Version claire et lumineuse, JSE assez chantante, magnifique tutti de la fin, le piano est plein d’énergie. Voilà une version qui n’est sans doute pas française au niveau des sonorités, mais qui l’est sous l’angle analytique.

    TC : Le vibraphone est vraiment vilain dans l’ensemble, tout comme le wood-block, mais comme YM, j’aime beaucoup la doublure piccolo-basson. Le timbre métallisé des ondes avec la clarinette est vraiment très beau, dans un climat étale de très belle facture. Suis un peu surpris par la texture des ondes dans JSE, assez originale mais réussie. Par contre, battue un peu statique et lente dans ce mouvement qui demande un surcroît d’énergie.




     
    Version n° 3 [Wit]




    LV : Très surprenant car Tur1 et CA2 sonneraient en soi extérieurs et sans raffinement, mais ils sont rachetés par une prise de son spectaculaire et très flatteuse. À la fois approximatif et précis, précieux et un peu vulgaire, un peu martial. Beaucoup de vie et d’élan, mais on a du mal à y trouver ses marques.

    TC : Version en effet très vivante, assez simple quant au respect du texte, mais toujours efficace. Premiers passages assez suspendus malgré des nuances plus présentes, scansions un peu funèbres. Fin de CA2 vraiment belle, avec des couleurs spectrales, même si je manque encore un peu de la basse – fondamentale dans la quarte et sixte chez Messiaen. JSE plus passe-partout mais mouvant, fluide, plein de pêche.

    YM : Tur1 et CA2 en soi très littéraux, mais plus appliqués, métronomiques et neutres que dans la version n° 1 [Previn], avec une forme de rigidité moins convaincante. Bois moins gourmands à la fin de CA2, et un piano qui commence beaucoup trop fort. Dans JSE, attaques drues, geste roboratif en revanche plus enthousiasmant que dans la version précédente.




     
    Version n° 4 [Janowski]




    TC : Cela continue à me plaire beaucoup. À la fois très séduisant au niveau sonore et plein de caractère, d’implication, d’idées. JSE beaucoup plus engagée, on se situe à un tout autre niveau interprétatif. Quelques coups de patte un peu abrupts qui pourraient être moins assénés, mais la percussion en arrière-plan de CA2 est idéalement inquiétante.

    YM : Onde avec une sonorité désuète d’accordéon rouillé qui convient tout à fait. Hautbois très expressif, magnifiques couleurs orchestrales. Petit côté Musique pour cordes de Bartók grâce à un célesta très présent, côté Klangfarbenmelodie aussi. Dans CA2, excellente scansion du wood-block sous piccolo-basson, belle rectitude. JSE scintillante, mais aucune saturation gratuite comme on pouvait s’y attendre après l’écoute du premier mouvement. Bondissement constant grâce à la percussion. Du grand art.

    LV : Un peu speed et hystérique, très différencié et détaillé, mais en définitive presque trop précis. Je préfère donc la version n° 3 [Wit] mais reconnais de très grandes qualités à celle-ci. C’est sans doute une version moins vaste que les deux que l’on vient d’entendre, mais quoi qu’il en soit ultra professionnelle.




     
    Version n° 7 [Chailly]




    YM : Version de timbres parmi les plus abouties, rien que dans les pizz de contrebasse de Tur1 ! Seules les ondes seraient un peu effacées. CA2 qui retrouve l’esprit que la version n° 1 [Previn] avec beaucoup de caractérisation, des glissés au piccolo qui collent idéalement à la notion de scherzo. Piano très effleuré à la fin, avec des cordes soli de toute beauté en dessous. JSE en quadrature du cercle : définition même de la joie, pulsation idéale jamais matraquée, cordes très présentes. Sur le grand crescendo de la fin, basses absolument jouissives. Orchestre sublime de bout en bout.

    LV : Caractère d’évidence. Version très incarnée, avec une onde Martenot en vrai fantôme sonore. Les percussions sont juste assez tonitruantes, les cuivres juste assez cinglants, tutti de la fin absolument incroyable, avec une sensation d’espace infini dans l’élaboration des plans sonores. Cela laisse le souffle coupé !

    TC : Tout à fait d’accord, même si j’aime beaucoup les ondes, très frémissantes et ténues, fragiles, en ce qui me concerne. Rythme, respiration, conduite idéaux dans l’ensemble des extraits entendus. On trouve aussi beaucoup l’idée de variation. On entend très bien ce qui se prolonge dans l’écriture, et en même temps ce qui est nouveau. Cela n’a jamais été aussi évident que dans cette version. JSE fantastique, rien à redire.




     
    Version n° 8 [Ozawa]




    LV : Une version très bien faite, mais je suis frappé par le peu d’emportement qu’elle procure. Finalement, on écoute de loin, sans être vraiment concerné. Gros travail sur le rythme, avec un petit côté haché, mécanique, volontaire, qui engendre à mon avis à la longue un certain manque de vie. Très belle clarinette dans Tur1, et solistes remarquable de manière plus générale. Pour la première fois dans cette version, je ressens une atmosphère de musique contemporaine. Mais pour moi, la fin de CA2 ne fait pas assez fonction d’estuaire, elle ne s’ouvre pas assez. JSE un peu lourde et mettant tout sur le même plan.

    TC : Je suis d’accord sur JSE, un peu bruyante et mastoc, peu fouillée et sans grande stabilité rythmique. Le tout est un peu brouillon. Étrange équilibre des ondes, très présentes dans les tutti et trop timides dans les passages à découvert. Je ne suis pas enthousiasmé par cette version un peu trop assise et posée, qui peine à décoller.

    YM : Au contraire de LV et TC, j’aime énormément cette version qui propose une gestion du temps extrême-orientale, mais je rejoins LV sur la modernité du traitement par bribes des motifs, notamment dans Tur1. Pour la première fois, j’entends vraiment dans CA2 un continuum sonore grinçant et inquiétant, où l’on dépasse le simple côté mécanique, avec des percussions toujours au service de la dramaturgie. JSE équilibrée, un peu pépère, avec un sentiment de force tranquille. Tout comme la version n° 2 [Chung] déjà écartée, je conseillerais celle-ci pour découvrir l’œuvre.




     
    Version n° 9 [Nagano]




    TC : C’est vraiment too much, comme à la première écoute, en pire à cause de l’étalement dans la durée. Quand ce n’est pas boursouflé et baveux (JSE), c’est trop artificiel (Tur1). La prise de son donne en permanence une impression de surdimensionnement. Image sonore très superficielle, qui ne permet jamais de se représenter l’espace. S’enthousiasme sur certains détails avec un zèle effréné, et laisse complètement passer des éléments structurels fondamentaux. Je n’accroche vraiment pas !

    YM : Ce n’est pas une surprise, moi non plus ! Version clinique, sans couleur, sans odeur. Tutti de Tur1 horriblement pompier, avec des cuivres « hĂ©naurmes Â», CA2 complètement survolĂ©e, avec un vibraphone au vibrato Ă©pouvantable, et beaucoup trop de laisser-aller rythmique. Et la fin du mouvement bave, avec de vilaines scories aux cordes solo. JSE forcĂ©e, pas sincère pour un sou, cuivres extĂ©rieurs, machine de guerre et clinquant Ă  la Barnum.

    LV : Après les commentaires de TC et YM, est-il encore possible de dire quelque chose de positif sur cette version ? Un peu trop hystérique, ressemble à la version n° 7 [Chailly], mais effectivement en too much. Sans doute un peu trop impressionnant. La prise de son cherche peut-être à tout mettre trop en valeur. La fin de CA2, bien suspendue, me plaît quand même, j’avoue !




     
    Version n° 10 [Vonk]




    YM : À nouveau, je ne suis pas du tout emballé. Tur1 sans direction réelle, je ne parviens à savoir quel est le parti pris du chef, très aléatoire. Côté spectral approach des ondes qui tremblotent dans le noir. Thème de CA2 cucu et pas dirigé, enflé-désenflé de la fin qui retombe comme un mauvais soufflé. JSE ne fonctionne pas, ondes neurasthéniques, et gling-gling de la percussion à la Mary Poppins, complètement à côté de la plaque.

    LV : Version fragile, avec une onde Danse avec les loups au début, mise en place prosaïque et cracra, on a l’impression qu’il manque des musiciens. Un peu de charme dans l’esprit de comptine enfantine qui peut se défendre. JSE ne fonctionne pas du tout pour moi.

    TC : Beaucoup de scories dans le détail, manque de propreté, justesse largement perfectible. Le plus gros problème reste que l’ensemble n’est pas assez dirigé. Le seul moment où le discours s’anime, dans JSE, la sauce ne prend pas, tout est trop lourd, trop décoratif.



    Avant de dévoiler les noms des interprètes des versions analysées, le procédé d’élimination se voit largement facilité étant donné le peu de crédit accordé aux versions n° 9 [Nagano] et n° 10 [Vonk]. YM fait remarquer qu’il trouve dommage, sous prétexte d’originalité, d’avoir plus ou moins sacrifié la classique et équilibrée version n° 2 [Chung] au tour précédent au profit de ces versions dont les jugements mitigés pouvaient laisser présager un abandon rapide.

    Sans surprise, même si LV aurait de nouveau souhaité conserver la version n° 9 [Nagano], cette dernière et la version n° 10 [Vonk], sont éliminées. Enfin, contre l’avis de YM mais à la majorité, la version n° 8 [Ozawa] est également écartée.

    Sont donc abandonnées les versions n° 8 [Ozawa], n° 9 [Nagano] et n° 10 [Vonk]. C’est avec un sentiment d’étonnement voire d’hébétude que sont dévoilés les noms des interprètes, qui déjouent certains pronostics.

    Pour le dernier tour à versions révélées, sur les mouvements Jardin du sommeil d’amour (JSA), Turangalîla 2 (Tur2) et Finale (F), seront passées au crible les versions n° 1 [Previn], n° 3 [Wit], n° 4 [Janowski] et n° 7 [Chailly].

     

     

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