Johann Sebastian Bach par Robert Hill Original & transcription, volume 110, Hanssler CD 92.110
Harpsichord Music by the Young J.S. Bach I & II, volumes 102 & 103, Hanssler CD 92.102, CD 92.103
Concerto, Fantasia & Fugue, volume 105, Hanssler CD 92.105
Works for Lute-Harpsichord, volume 109, Hanssler CD 92.109
Robert Hill est l'une des révélations de l'intégrale Bach Hanssler. Si l'on se souvient qu'il a un temps collaboré avec Musica Antiqua Köln, son jeu de clavecin semble s'être considérablement transformé loin de l'influence de Reinhardt Goebel. Pour le monument de polycarbonate édifié par Hanssler, Hill est maître d'ouvrage pour les compositions du jeune Bach ainsi que différentes transcriptions. Outre le clavecin, il touche le clavicorde et un luth-clavecin (Lautenwerke). Ce dernier et mythique instrument de Bach (il ne reste aucun exemplaire connu de ce type d'instrument) se distingue du clavecin usuel par des cordes en boyaux. Si la facture est contestable, le jeu dont fait preuve Robert Hill a largement de quoi mobiliser l'attention. Sa variété, sa latitude et sa richesse ornementale " à la française " constituent une réelle surprise. Hill est sans doute le premier claveciniste capable de donner à un instrument mécanique la liberté dont font preuve usuellement les luthistes depuis Hopkinson Smith. Paradoxalement, ce n'est pas au Luth-clavecin que Hill réussit le mieux ce haut fait, mais au clavecin tout court.
Emblématique de cette manière, sa transcription de la suite en ré mineur pour violon est aussi passionnante que questionnante jusqu'à son terme : la sublime et unique Chaconne de Bach. Dans l'Allemande initiale, Hill trace de grandes phrases qui n'hésitent pas à se reposer longuement sur des points de suspension que personne n'avait discerné avant lui. L'ornementation abondante, mais tellement fluide, achève de brosser une Allemande que n'aurait pas reniée le Rameau des nouvelles pièces de Clavessin. Dans la Courante, l'équilibre entre la rigueur rythmique et la souplesse de la conduite renouvelle complètement l'agogique de l'oeuvre. Aucun violoniste ne l'avait osé, ici pourtant cela paraît complètement naturel et dénué d'outrances.
Du côté de la gigue, il y a bien quelques octaves dans la grave qui ne semblent pas cadrer avec le style de Bach mais il s'agit d'un problème de transcription car l'élan du mouvement est incomparable. Même remarque pour la Chaconne, la transcription de Hill n'égale pas celle de son maître Leonhardt mais la ductilité de son jeu surpasse l'enregistrement -déjà très ancien il est vrai- de ce dernier.
De si de la au fil des cinq disques et coffrets qu'il a gravés pour Hanssler, Robert Hill reprend parfois un jeu beaucoup plus rigide et classique, mais sur l'ensemble, ses éclairs sont nombreux et si novateurs qu'aucun amateur ne saurait se dispenser d'une telle expérience : Bach totalement affranchit de la maudite machine à coudre qui a ourlé si étroit tant de ses chefs-d'oeuvre.
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