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SELECTION CD 23 avril 2024

SĂ©lection CD mars 2012



Belle moisson de fin d’hiver en musique instrumentale chez Universal, qui offre le retour des Debussy de Philippe Cassard et célèbre les soixante-dix ans de Maurizio Pollini avec faste, tandis qu’Abbado trouve ses marques avec l’Orchestra Mozart, que Chung revient de Séoul avec un beau Ravel et que l’Arménie de Khatachurian est fêtée par un violoniste à suivre.


Le 13/03/2012
Yannick MILLON
 

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     SĂ©lection CD mars 2012

    Les clés du Mozart parisien



    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Symphonie concertante pour vents K. 297b
    Lucas MacĂ­as Navarro, hautbois
    Alessandro Carbone, clarinette
    Guilhaume Santana, basson
    Alessio Allegrini, cor
    Concerto pour flûte et harpe K. 299
    Jacques Zoon, flûte
    Letizia Belmondo, harpe
    Orchestra Mozart
    direction : Claudio Abbado
    Enregistrements : Bologne (K. 297), Bolzano (K. 299), 06/2008
    CD Deutsche Grammophon 477 9329




    Depuis sa refondation de l’Orchestre du Festival de Lucerne en 2003, Abbado a retrouvé une place de choix dans la production discographique, à la tête de la formation helvétique, mais aussi du Chamber Orchestra of Europe et de l’ensemble de musique de chambre italien Orchestra Mozart.

    Ses premiers essais avec ce dernier n’avaient pas marqué les esprits outre mesure, notamment ses concertos pour cor bien pâles. Cette fois, dans un programme consacré au voyage de Mozart à Paris en 1778, il trouve d’emblée le ton de l’équilibre, de la conduite du discours, et des couleurs idoines.

    L’orchestre, d’abord, petit effectif, vibrato parcimonieux, a trouvé son rythme de croisière, juste assez présent pour soutenir les solistes, et jamais brutal. La Symphonie concertante pour vents, si délicate à réussir devant l’éventail de climats requis, des atmosphères proches de la Gran Partita au contrepoint majestueux du mouvement lent en passant par les traits de virtuosité effrontés typiques des facéties du jeune Mozart, est passionnante d’un bout à l’autre.

    On y sent un énorme travail de préparation, solistes phrasant absolument en phase, jusque dans le plus infime rubato, sonorités fusionnées jubilatoires – hautbois-basson notamment – et éloquence solistique ne virant jamais au narcissisme. Le discours avance avec une évidence de tous les instants, chaque silence trouvant sa place, chaque intervention des vents dosée au millimètre.

    On craignait dans le Concerto pour flûte et harpe que le généreux vibrato de Jacques Zoon ne devienne vite envahissant. Il s’avère au final très maîtrisé, et de sonorité jamais forcée – flûte Böhm en bois aidant – face à la harpe mordorée de Letizia Belmondo, qui pourrait passer parfois pour une guitare.

    Un Mozart en manteau d’Arlequin, au juste point de convergence entre sourire et mélancolie, porté par une noblesse et une délicatesse qui sont l’essence des deux partitions présentées.



     
    Ravel made in Seoul



    Claude Debussy (1862-1918)
    La Mer
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Ma mère l’oye
    La Valse
    Seoul Philharmonic Orchestra
    direction : Myung-Whun Chung
    Enregistrements : Seoul Arts Center, 05/2010
    CD Deutsche Grammophon 476 449-8




    Patron du Philharmonique de Radio France, avec lequel il a réalisé quelques gravures de musique française au cours de ses douze années de mandat déjà écoulées, Myung-Whun Chung est allé graver cet album Debussy-Ravel en Corée du Sud avec l’Orchestre de Séoul, formation qu’il a ressuscitée en 2005. Force est d’ailleurs de constater l’ampleur du travail effectué tant sur la qualité sonore des pupitres que sur la cohésion du jeu d’ensemble.

    Sommet du disque, la suite de Ma mère l’Oye est un petit bijou de sonorités diaphanes, ouvragées à l’infini – vents délicats, flûte opalescente –, jouant à l’envi des influences orientales – le gong de Laideronnette, son piccolo très couleur locale –, avec une tendresse émerveillée et un très beau fondu orchestral, sans le moindre clinquant. Le Jardin féérique s’achève ainsi sur une apothéose mesurée, sans débordements de décibels, dans une atmosphère quasi debussyste.

    De même, quoique nettement plus problématique, tournant le dos à toute décadence, la Valse, dans son trois temps bien régulier et propret, joue plutôt la carte chambriste, nivelant contrastes et accents, ignorant les arrière-plans, l’ambiguïté et le malaise d’une partition démesurée abordée ici au premier degré.

    Quant à Debussy, Chung y joue de tout le sfumato possible, en rajoutant dans l’opacité impressionniste, floutant ses couleurs et contours autant que faire se peut, au détriment de la vie organique d’une œuvre aux irisations constantes. Tout raffiné qu’il est, ce travail partial conviendrait mieux si la partition s’intitulait l’Étang : il manque pour la Mer tout ensemble le relief, l’éventail dynamique et l’implication physique.



     
    Pour toi, Arménie…



    Mikhail Simonyan – Two Souls
    Aram Khatchatourian (1903-1978)
    Concerto pour violon et orchestre
    Samuel Barber (1910-1981)
    Concerto pour violon et orchestre op. 14
    Mikhail Simonyan, violon
    Adagio pour cordes op. 11
    London Symphony Orchestra
    direction : Krisjan Järvi
    Enregistrements : Londres, LSO St Luke’s, 06/2011
    CD Deutsche Grammophon 477 9827




    Décidément, Deutsche Grammophon a la main heureuse depuis quelques années dans le domaine concertant. Nouvelle recrue du label jaune, le jeune Mikhail Simonyan, né en Sibérie et formé aux États-Unis, est attaché de toutes ses fibres à l’Arménie par son père.

    D’où une affinité évidente avec le Concerto pour violon de Khatchatourian, donné ici dans une vision ébouriffante d’énergie, de rythmes, dansés et propulsés comme le plus ardent des folklores. Le LSO et Kristjan Järvi servent avec la même poigne une partie orchestrale fascinante de réactivité et d’engagement physique. Particularité, la cadence du premier mouvement, sorte de maelström sonore allumé qui ne sera sans doute pas du goût de tous, est due au compositeur Artur Avanesov, hommage supplémentaire à l’Arménie.

    Seconde des Two Souls du titre du disque, le violoniste a choisi d’honorer ensuite la terre où, adolescent, il s’est révélé, en enregistrant en complément le concerto de Barber, dans une optique privilégiant le lyrisme à la course poursuite, notamment dans le Moto perpetuo final, qu’on a connu plus diabolique de virtuosité, mais rarement aussi cantabile et simple d’expression.

    On sera nettement plus réservé sur la prise de son, assez dure, et sur l’inutile complément sans doute enregistré à la va vite d’un Adagio pour cordes de Barber bâclé, sans réelle tension ni arche, conçu aux seules fins de grossir le minutage. Très belle découverte en tout cas que cet archet brûlant, nouveau poulain de choix dans l’écurie des solistes DG.



     
    Un maître en son jardin



    Maurizio Pollini – 20th Century
    Igor Stravinski (1882-1971) : Trois mouvements de Petrouchka – Sergei Prokofiev (1891-1953) : Sonate pour piano n° 7 – Anton Webern (1883-1945) : Variations pour piano op. 27 – Pierre Boulez (*1925) : Sonate pour piano n° 2 – Luigi Nono (1924-1990) : Como una ola de fuerza y luz (Bayerischen Rundfunks / Abbado) ; ….sofferte onde serene… (Berliner / Sinopoli) – Giacomo Manzoni (*1932) : Masse : Omaggio a Edgard Varèse (Berliner / Sinopoli) – Arnold Schoenberg (1874-1951) : Trois pièces pour piano op. 11 ; Six petites pièces pour piano op. 19 ; Cinq pièces pour piano op. 23 ; Suite pour piano op. 25 ; Pièce pour piano op. 33 ; Concerto pour piano et orchestre op. 42 (Berliner / Abbado) – Béla Bartók (1881-1945) : Concerto pour piano n° 1 ; Concerto pour piano n° 2 (Chicago / Abbado) – Alban Berg (1885-1935) : Sonate pour piano op. 1 – Claude Debussy (1862-1918) : 12 Études pour piano ; Préludes : Livre I ; L’Isle joyeuse
    Maurizio Pollini, piano
    Enregistrements : 1974-1998
    6 CD Deutsche Grammophon 477 9918




    Parmi la série de rééditions célébrant le soixante-dixième anniversaire de Maurizio Pollini, plus que le coffret consacré à Chopin qui a de nombreux adeptes (9 CD DG 477 9908), d’une rigueur, d’une épure parfaites dans leur genre mais confinant souvent à la froideur et à la cérébralité, on préférera recommander la boîte de 6 CD dévolue à la musique du XXe siècle, domaine où le pianiste n’a cessé d’exceller tout au long de sa carrière. Dans des pochettes carton aux couleurs des premières éditions vinyle, on retrouve donc le maestro dans son univers de prédilection.

    Outre Debussy – un Premier Livre de Préludes de pure architecture sonore et des Études impeccables d’analyse et de digitalité – sont de retour les deux premiers concertos de Bartók avec Abbado, monument d’articulation et de piano percussion, l’intégrale sur un disque du piano solo de Schoenberg, toute de déliquescence, de climat entre chien et loup, augmentée du Concerto op. 42 avec les Berliner et de nouveau Abbado, la sonate de Berg, référence depuis bientôt vingt ans, la Deuxième Sonate de Boulez, vaste construction ultra complexe rendue limpide, la Septième Sonate de Prokofiev et son martellato forcené, mais surtout l’album consacré à Luigi Nono et son Como una ola de fuerza y luz, manifeste sonore d’une violence expressionniste étreignante.

    Bref, une somme fondamentale du piano du XXe siècle rééditée pour une petite trentaine d’euros. L’une des aubaines discographiques de ce début 2012.



     
    Quelque chose de grand




    Johannes Brahms (1833-1897)
    Concerto pour piano et orchestre n° 1 en ré mineur op. 15
    Maurizio Pollini, piano
    Staatskapelle Dresden
    direction : Christian Thielemann
    Enregistrement : Dresde, Semperoper, 06/2011
    CD Deutsche Grammophon 477 9882




    En marge des rééditions, l’anniversaire Pollini se traduit aussi dans les bacs par l’arrivée d’une nouvelle mouture du Premier Concerto de Brahms, avec la Staatskapelle de Dresde et Christian Thielemann, écho d’un concert qui avait fait forte impression en juin 2010, et qui signait le retour du pianiste à Dresde après plus de vingt-cinq ans d’absence.

    L’Italien n’en est pas à son coup d’essai dans l’œuvre, qu’il a déjà gravée par deux fois chez Deutsche Grammophon, d’abord avec Böhm (Wiener-1979), puis avec Abbado (Berliner-1997). Et ce qui frappe d’emblée ici, c’est la constance du pianiste, qui demeure fidèle à lui-même, sobre, sans effets ni ramollissement de son exigence au fil des ans.

    Ce qui change davantage, c’est l’orientation générale du climat en fonction du dialogue avec l’orchestre. Il passe ici une volonté d’ampleur, une solennité, grande, sérieuse, en un mot très allemande, qui contraste avec la fluidité d’Abbado, avec la tradition viennoise de Böhm.

    Thielemann, qui prendra officiellement les rênes de la Staatskapelle à la rentrée de septembre, semble avoir déjà conquis la formation saxonne, laquelle tendrait sous sa battue large à se rapprocher des couleurs authentiquement germaniques de la Philharmonie de Munich, que le chef allemand vient de diriger pendant sept ans, et menace de perdre au fil du temps ses sonorités de vents encore assez typiques de l’ancien bloc de l’Est.

    Le résultat final ne souffre aucune réserve majeure, mais on ne peut s’empêcher de penser que le témoignage de Brendel-Davis édité l’an passé par Decca, lui aussi écho d’un concert, avait quelque chose de plus stimulant – l’attaque du III, ici un peu pataude.



     
    Un Debussy d’eau pure



    Claude Debussy (1862-1918)
    L’œuvre pour piano
    Philippe Cassard, piano
    Enregistrements : Fontevraud, Nanterre, Grenoble, 1990-2011
    4 CD Decca 476 4770






    Claude Debussy
    Musique pour 2 pianos et 4 mains
    François Chaplin & Philippe Cassard, pianos
    Enregistrements : Grenoble, MC2, 2011
    CD Decca 476 4813




    Naguère disponible chez Accord, la somme du piano de Debussy enregistrée par Philippe Cassard revient sous étiquette Decca, augmentée de deux petites pièces énigmatiques et très attachantes tout récemment enregistrées à Grenoble : Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, et Pour le vêtement du blessé, appartenant toutes deux aux années de guerre.

    Avec le recul, cette intégrale n’en apparaît que plus dans son infinie délicatesse, dans sa souplesse des textures, d’une agogique jamais corsetée, prenant le temps de respirer – Arabesques –, avec un argument fondamental pour Debussy : un merveilleux instrument, sans concurrence, un Bechstein de 1898 superbement capté, tant à l’Abbaye de Fontevraud qu’à l’Auditorium Ravel de Nanterre. Mieux que de n’avoir pas pris une ride, ces gravures du début des années 1990 occupent aujourd’hui une place de choix dans la discographie.

    Leur subtilité, leur camaïeu de nuances, leur toucher lumineux et délicat – des Estampes sublimes –, par petites touches, leur gestion admirable de la pédalisation, prolongeant la résonance mais ne noyant jamais les volumes, apparaissent aujourd’hui dans toute leur justesse de style – Livre II des Images.

    Cassard a compris que le piano de Debussy, même dans ses élans et ses passages de plénitude, ne doit jamais sonner avec dureté, mais garder en ligne de mire la couleur, les dégradés entre ombre et lumière – basses claires et aigus cristallins – typiquement français, et qu’on a souvent qualifiés d’impressionnistes, même si Debussy n’aimait guère cet épithète concernant sa musique.

    Signalons enfin que par souci d’exhaustivité, Decca publie en parallèle un CD de pages pour deux pianos et piano à quatre mains par le même Philippe Cassard assorti de François Chaplin. Lindajara, En blanc et noir et la Petite suite, ainsi que des transcriptions de la Première Suite pour orchestre et du Prélude à l’après-midi d’un faune complètent avec le même souci de transparence, mais sur un instrument beaucoup moins exceptionnel – un Steinway nettement plus clinquant – et dans une prise de son moins intimiste, un panorama parmi les plus séduisants de l’univers pianistique debussyste.

     
    Yannick MILLON


     

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