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SELECTION CD 28 mars 2024

Le pic de Dante



Extraordinaire aubaine que le retour au catalogue chez Warner, à prix littéralement sacrifié, de l’intégrale sibélienne de Sir John Barbirolli à la tête de ses musiciens de Manchester. Un coffret de cinq CD proposant quelques bijoux en plus des incontournables sept symphonies, auxquelles le chef britannique confère une dimension parfois dantesque.


Le 23/04/2014
Yannick MILLON
 

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     Le pic de Dante

    Sibelius Barbirolli



    Jean Sibelius (1865-1957)
    Symphonies n° 1–7
    Finlandia op. 26
    Suite Karelia op. 11
    La fille de Pohjola op. 49
    Valse triste
    Suite Lemminkäinen op. 22 (III et IV)
    Pelléas et Mélisande op. 46
    Scènes historiques op. 25 et 66 (extraits)
    Raskatava op. 14
    Romance op. 42
    Hallé Orchestra
    direction : Sir John Barbirolli
    Enregistrements : Londres, 1966-1970
    5 CD Warner Classics 9 84706 2


    Même si elles n’ont jamais acquis chez nous la large audience qu’elles méritent, les symphonies de Sibelius bénéficient semble-t-il depuis quelques années d’un net regain d’intérêt, alors qu’elles font partie depuis bien longtemps de l’horizon symphonique dans les pays anglo-saxons. Grâce soit donc rendue entre autres à Paavo Järvi, qui ne ménage pas ses efforts depuis son arrivée à la tête de l’Orchestre de Paris en 2010 pour programmer régulièrement ce compositeur clé, auteur de sept joyaux du genre.

    Dans ce corpus de symphonies toujours expressives, souvent audacieuses, parfois déroutantes, et marquant une fulgurante évolution de style des atmosphères post-Tchaïkovskiennes de la Symphonie n° 1 jusqu’à l’ensemble organique, en un seul mouvement hypnotique, de la Symphonie n° 7, du caractère pastoral de la Symphonie n° 3 aux terribles dépressions de la Symphonie n° 4, en passant par le caractère hymnique des Symphonies n° 2 et 5, et la décantation absolue de la Symphonie n° 6.

    Les grandes intégrales au disque ne manquent pas, et par chance dans des options on ne peut plus diverses et variées : Maazel-Vienne (Decca), extraordinaire machine orchestrale ; Berglund-Bournemouth (Warner), enfin de retour au catalogue, version d’évidence, la lecture la plus fidèle des textes ; Bernstein-New York (Sony), l’énergie des pionniers, et une fraîcheur jamais approchée dans la Symphonie n° 3 ; Sanderling-BerlinSo (Berlin Classics-Brilliant), la noirceur, la tension souterraine, dans la lignée de ses Chostakovitch ; Vänskä-Lahti (BIS), la relecture décapante, d'une extraordinaire plastique, saillies orchestrales soudaines et nuances extrêmes ; ou encore Segerstam-Helsinki (Ondine), l’écoute quasi spectrale, l’exploration de terres inconnues, d’une incroyable modernité.

    Barbirolli, lui, expose une conception beaucoup plus classique de ce répertoire, en s’appuyant nettement plus sur le traditionnel couple tension-détente, mais avec une manière de buriner la pâte sonore bien à lui (un Finlandia roide), dans des tempi plutôt modérés, et surtout quelques éclats dantesques extraordinairement dérangeants, ouvrant des abîmes d’une autre modernité.

    Ainsi, on avait rarement entendu un Finale de la Symphonie n° 5 aussi patiemment tendu dans son crescendo final, couronné par deux accords plantés comme au marteau pilon, jamais non plus le soudain crescendo de cuivres glissés à la fin de la Symphonie n° 7 n’a autant donné l’impression de sortir des entrailles de la terre. Exemples parmi des dizaines d’autres.

    Cet art de la tectonique des plaques renvoie parfois à la manière de Furtwängler (qui n’a presque pas touché à Sibelius) et n’a pas d’équivalent à ce degré, surtout au sein de lectures pour le reste très équilibrées, parfois même penaudes et à la facture sonore en rien datée (des vents étonnants de raffinement) grâce à un Orchestre Hallé dont on redécouvre avec joie la superbe et constante tenue, fruit du travail de fond opéré par Barbirolli dans la province anglaise de Manchester, alors quasi désert culturel.

    Ces éructations de cuivres et autres coups de boutoir sont mis en valeur par la prise de son très présente de ces gravures de studio assez admirables étalées entre 1966 et 1970, à la toute fin de la vie de Sir John. Comment ne pas regretter d’ailleurs que le chef britannique n’ait pas eu le temps de laisser à la postérité un enregistrement de Tapiola, qui eût probablement fait des étincelles ?

    Le coffret propose en revanche l’équivalent d’un CD et demi de compléments, dont la Suite Karelia, l’incontournable Finlandia, la Valse triste, les deux dernières Légendes de Lemminkäinen et la suite de Pelléas et Mélisande, parmi quelques raretés (Scènes historiques, Rakastava).

     
    Yannick MILLON


     

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