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| SELECTION CD |
29 avril 2024 |
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La grandeur de Bach de Joël-Marie Fauquet et Antoine Hennion
La grandeur de Bach de Joël-Marie Fauquet et Antoine Hennion
L'amour de la musique en France au XIXème siècle
Collection " Les chemins de la musique "
248 pages, 120 francs
Cet ouvrage rapproche deux disciplines, la musicologie et la sociologie. La première est représentées par Joël-Marie Fauquet qui a publié chez le même éditeur une étude importante sur César Franck ; la seconde par Antoine Hennion à qui l'on doit, par ailleurs, une étude de sociologie du goût intitulée "La passion musicale".
"La grandeur de Bach" propose une archéologie de l'écoute et de la pratique musicale. "Nous écoutons Bach à travers près de trois cent ans de travail collectif. A travers des prothèses modernes que nous avons créées pour l'entendre, mais aussi à son écoute : nous l'avons fait et il nous a fait". Tel est le point de départ, en page 44, de ce livre très excitant qui démonte un réflexe culturel que nous croyions innée : Bach est le dieu de la musique et son "père" fondateur. Qui d'entre nous n'a jamais affirmé cela !
En fait, il aura fallu trois siècle pour que cette idée appartienne à l'inconscient culturel européen. Au long de ces pages écrites dans un style alerte, journalistique au bon sens du terme, on apprend comment chacun s'est incorporé l'oeuvre de Bach. Les auteurs s'arrêtent longuement sur le dix-neuvième siècle. C'est lui qui a sculpté pour l'avenir la figure de Bach. C'est ce siècle qui impose son image quadruple : Bach est le virtuose absolu (aux claviers), un compositeur de génie, un ingénieur exemplaire (il conseille les facteurs d'orgue) et un saint.
Chacun peut y trouver son miel. Les plus grands tels Mendelssohn ou Schumann exhument ses cantates, les dirigent et se laissent inspirer par lui. Les plus humbles le pratiquent : tels les choeurs amateurs qui s'appuient sur des éditions simplifiées. La meute des ignorants servent son icône sans la reconnaître : ils murmurent l'ave maria en admirant l'Angelus de Millet, ou sifflotent un concerto brandebourgeois en se promenant sur les Grands boulevards.
Ce livre vient à point pour rappeler que l'amour de Bach s'est constitué au XIXè siècle sur des critères qui font hurler les "baroqueux" d'aujourd'hui, mais nos auteurs montrent avec sagacité qu'au siècle d'Offenbach on recherchait tout autant l'authenticité qu'à celui d'Harnoncourt. Seule la sensibilité sur le terme distingue les musiciens du renouveau baroque de leurs leurs aînés qui harmonisaient ( !) les chorals. Le regard du XIXè était différent, d'accord ! Parfois même plus iconoclaste que le notre, s'amusent à signaler nos auteurs.
Un exemple parmi d'autres, ils racontent que pour la plupart des musiciens de l'époque, corriger Bach, relever ses défauts, n'était pas un crime : il faudra attendre le XXème siècle pour que chaque note de Bach soit un témoignage de la perfection de l'homme ! Voici un livre qui renverse nombre d'idées reçues avec autant d'impertinence que de sérieux dans la documentation. Bach aurait sûrement aimé le lire
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La grandeur de Bach
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