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SELECTION CD |
08 mai 2024 |
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Le jardin secret de Saariaho |
Private Garden de Kaija Saariaho
Lonh pour soprano et électronique, Près pour violoncelle et électronique, NoaNoa pour flûte et électronique, Six Japanese Gardens pour percussions et électronique.
Avec Dawn Upshaw (soprano), Anssi Karttunen (violoncelle), Camilla Hoitenga (flûte) et Florent Jodalet (percussions).
2 CD Naïve M0 782O85
Avant de s'installer à Paris dans les années quatre-vingt, Kaija Saariaho a beaucoup milité pour sortir son pays plongé dans le désert musical depuis la disparition de
Sibélius. Elle avait alors à ses côtés un groupe de jeunes loups où figuraient le compositeur Magnus Lindberg, le futur chef Esa- Pekka Salonen, et le violoncelliste Anssi Karttunen. Aujourd'hui, leurs noms s'inscrivent en haut de l'affiche auprès du sien.
La musique de Kaija Saariaho devrait réconcilier les plus réservés quant aux techniques d'écriture faisant appel à l'électroacoustique, car pour Saariaho l'ordinateur est un outil, et seulement un outil, qui lui offre les mêmes possibilités d'invention et d'intervention qu'ici celles de la voix, de la flûte, du violoncelle ou des percussions.
Son dernier disque le prouve : il constitue un voyage intuitif et sensuel dans un espace-temps sans frontières où se croisent une chanson médiévale (Lonh, ces longs jours de mai
), un souvenir d'une gravure de Paul Gauguin (NoaNoa), un violoncelle dans tous ses états (Près) et la poésie des jardins japonais (Six Japanese Gardens).
Ici, la voix s'enroule en souples mélismes autour de sons électroniques très doux qui la laissent planer et s'évanouir, là le souffle sur la flûte et de la voix se cherchent, s'effleurent et s'affrontent. Ailleurs, le violoncelle déploie des sonorités rugueuses et profondes, ascensions vertigineuses des cordes frappées, pincées, glissées, impérativement rappelées à l'ordre par des accords en rafales ou un trille obstinément présent.
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Le charme mystérieux des jardins japonais
Mais ce sont sans doute les jardins, réminiscence d'un voyage à Kyoto qui fascinent le plus. Pour en recréer la mystérieuse ordonnance, Saariaho cultive un environnement électronique, soutenu par des petites percussions légères et mobiles ;le tout composant une sorte de cérémonial où se mêleraient des sons naturels (vent, feuilles foulées, bruits d'ailes
), transformés par le synthétiseur, des gongs scandant des rituels très anciens, ou des chants venus d'un temple enfoui.
Ajoutons qu'avec des interprètes tels que Dawn Upshaw, Anssi Karttunen, Camilla Haitenga, et Florent Jodelet (tous impressionnants de virtuosité et clairvoyance musicale), Kaija Saariaho s'était assurée d'avance la bienveillance des Muses.
Le coffret recèle également un CD Rom intitulé Prisma qui est l'un des premiers consacrés à un compositeur contemporain. Il contient des témoignages des interprètes, une collection de données multimédias (textes originaux, extraits d'oeuvres, documents vidéos, photos, animations), et un jeu musical interactif basé sur une pièce composée spécifiquement pour le CD, Mirrors< :I>.
Raison de plus pour ne pas négliger de cultiver son jardin.
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Le jardin secret de Saariaho | |
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