Nikolaus Harnoncourt réveille Vienne
Concert du Nouvel An 2001 :
Radetzky-Marsch (version originale) (JohP), Die Schönbrunner (Lan), Jägers Lust (Lan), Morgenblätter (Joh), Electro-magnetische (Joh), Electrofor (Joh), Eine Nacht in Venedig, ouverture (version berlinoise) (Joh), Harlekin-Polka (Jos), Dorfschwalben aus Österreich (Jos), Steyrische Tänze (Lan), Vergnügungszug (Joh), Seid umschlungen, Millionen (Joh), Der Kobold (Joh), Luzifer-Polka (Joh), bis : Ohne Sorgen (Jos), An der schönen, blauen Donau (Joh), Radetzky-Marsch (JohP).
Wiener Philharmoniker
Direction : Nikolaus Harnoncourt
2 CD Teldec
1 DVD Teldec
Après la sinistrose des années noires, il était grand temps que les choses changent. Le Philharmonique de Vienne décida alors de prendre un risque non négligeable à l'occasion du nouveau millénaire : convoquer au pupitre le plus grand représentant de la remise en question de la tradition : le trublion Nikolaus Harnoncourt.
On pouvait craindre le pire, ayant dans l'oreille les naufrages absolus que sont les deux anthologies Strauss qu'il avait gravées pour Teldec, l'une avec le Concertgebouw d'Amsterdam, l'autre avec le Philharmonique de Berlin. Toutes de raideur, d'éclats brutaux, de vulgarité et de laideur sonore à l'opposé de l'esthétique viennoise, les deux anthologies "m'as-tu vu" du chef autrichien ne pouvaient laisser présager le miracle que fut le concert du 1er janvier 2001.
Avec un programme risqué, constitué de beaucoup de pièces peu jouées, Harnoncourt a pourtant su redonner vie à un Concert du Nouvel An en crise depuis huit ans, retrouvant les cimes atteintes par Karajan et Kleiber. La rage, l'électricité, la vie théâtrale animent toujours son Strauss – les polkas Electrofor, Ohne Sorgen et Luzifer –, mais une incroyable souplesse et des sonorités envoûtantes prennent maintenant la place des énormes défauts précités.
Harnoncourt exalte l'indicible nostalgie des pièces qu'il dirige comme seul Karajan avant lui avait réussi à le faire, empoigne les tutti des valses avec une intuition et une énergie ravageuses – Morgenblätter – et offre un rubato et des sonorités diaphanes, signant sans doute la plus grande version du Beau Danube bleu de l'histoire du disque, ainsi que d'inoubliables Eine Nacht in Venedig et Seid umschlungen, Millionen.
De même, dans les pièces militaires – les deux versions de la Radetzky-Marsch – le rôle dévolu aux cuivres et surtout à la percussion est génialement rendu. Un concert inoubliable, que le CD (Teldec, 2CD, 8573-83563-2) comme le DVD (Teldec, DVD 8573-86347-2) retranscrivent à merveille et tous deux dans son intégralité.
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