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SELECTION CD 02 mai 2024

La fête continue



Après des années 1990 marquées par l'inconsistance de Mehta, Muti et Maazel, le Concert du Nouvel An a abordé le nouveau millénaire avec des idées neuves et les géniales prestations d'Harnoncourt en 2001 et d'Ozawa en 2002. Le 1er janvier 2003, Harnoncourt reprenait du service, pour le plus grand bonheur des amateurs de musique viennoise.


Le 13/05/2003
Yannick MILLON
 

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     La fête continue

    Concert du Nouvel An 2003



    Concert du Nouvel An 2003
    Kaiser-Franz-Joseph I. Rettungs-Jubel-Marsch (Joh), Schatzwalzer (tirée du Baron Tzigane)(Joh), Niko-Polka (Joh), Scherz-Polka (Joh), Delirien (Joh), Pêle-Mêle (Joh), Aufforderung zum Tanz (Carl Maria von Weber), Secunden (Joh), Hellenen-Polka (Joh), Kaiser-Walzer (Joh), Bauern-Polka (Joh), Lob der Frauen (Joh), Chiniser Galopp (JohP), Ungarische Tänze nr.5 & 6 (Johannes Brahms), Krönungslieder (Joh), Leichtes Blut (Joh), Furioso-Polka (Joh), An der schönen, blauen Donau (Joh), Radetzky-Marsch (JohP).
    Wiener Philharmoniker
    direction : Nikolaus Harnoncourt
    2CD Deutsche-Grammophon (474 250-2)
    1 DVD TDK (DV-WPNK03)


    L'année passée, dans notre dossier sur les grands Concerts du Nouvel An, nous soulignions à quel point il était judicieux de la part des Wiener Philharmoniker de reprogrammer Harnoncourt, après son miraculeux concert du 1er janvier 2001. Pour son deuxième Concert du Nouvel An, le chef autrichien propose un programme copieux, comme toujours extraordinairement agencé, alternant idéalement les genres et les styles. On peut noter dans le programme quelques audaces : l'Invitation à la Valse de Weber dans l'orchestration de Berlioz, et deux Danses hongroises de Brahms, dans des orchestrations inédites de Friedrich Reichert, qu'Harnoncourt a exhumées des archives de la Gesellschaft der Musikfreunde.

    Dans l'Invitation à la Valse, le chef autrichien fait la part belle aux finesses des interventions de la harpe et de ses doublures avec les flûtes et hautbois, dans une vision d'un grand raffinement. Le violoncelle solo de Franz Bartholomey, planant à souhait, se glisse à la perfection dans une conception aussi esthétisante. L'extrême fin de la pièce, avec le retour au calme après la péroraison grandiose de la valse, est envoûtante par la douceur et le sfumato des accords des bois posés avec une délicatesse insoupçonnable.

    Incident peu reluisant

    Au sujet de l'épilogue, on a pu assister à un incident prouvant l'inculture du public guindé du Concert du Nouvel An, qui s'est mis à applaudir après la péroraison de la valse, coupant la parole à l'épilogue. Au CD, Deutsche Grammophon assume son public d'incultes en laissant les applaudissements. Au DVD, TDK essaie de gommer tant bien que mal le malheureux incident en coupant les applaudissements, mais réduit à néant le silence écrit dans la partition, en enchaînant l'épilogue beaucoup trop vite, sans nous laisser le temps de respirer. La solution de TDK est préférable, même si mal réalisée.

    Pour ce qui est des 5e et 6e Danses hongroises de Brahms, Harnoncourt en donne une lecture dérangeante, pas « hungarisante » pour un sou, en jouant la carte du pastiche viennois, avec des tempos plutôt lents et un important rubato. On y perd en spontanéité, mais on y gagne en recherche stylistique.

    Kaiser-Walzer dans le sillon de Karajan

    Dans le reste du programme, le chef autrichien se révèle aussi génialement inspiré qu'en 2001, signant une Kaiser-Walzer de toute beauté, lente et sculpturale, extrapolant comme seul Karajan l'avait fait avant lui cette valse en un poème symphonique brucknérien par l'ampleur de la respiration et la hauteur de vue. De même, il dévoile des trésors de sonorités et de rhétorique dans les valses Krönungslieder et Delirien.

    Dans les polkas, le motorisme insolent du fondateur du Concentus Musicus fait des merveilles, notamment dans Pêle-Mêle, Leichtes Blut, et le premier bis, Furioso ainsi que dans le truculent Galop chinois et la grisante Franz-Joseph Rettungs-Jubel-Marsch. On sait aussi que le chef autrichien a toujours vu dans la musique des Strauss le constat d'une société névrosée et moribonde. Ceci est particulièrement palpable dans la Niko Polka, beaucoup plus inquiète que de coutume, très loin en tout cas d'un simple folklorisme russe.



    Frôlant parfois la caricature, Harnoncourt montre un solide sens terrien quant il s'agit d'évoquer les paysans de la Bauern-Polka. En 1989, Kleiber en donnait une lecture électrique, sautillante, presque impertinente, envisagée au second degré. Le « père du baroque » lui, préfère le premier degré et le martellement gauche des lourds sabots. Il rend les articulations et les phrasés patauds, jouant à fond la carte de la « bonne franquette ». Qui a dit que la musique des Strauss n'était pas de la musique populaire ?

    Enfin, même si la Radetzky-Marsch – beaucoup moins grisante et dans un tempo hélas bien plus rapide qu'il y a deux ans – et le Danube sont moins exceptionnels qu'en 2001, il n'y a rien d'indigne ici, bien au contraire, et peu de chefs savent mener ces pièces avec ce mélange inimitable de panache et de symphonisme grandiose.

    Inutile de préciser que dans l'ensemble du programme, les Wiener Philharmoniker se montrent irréprochables et stylistiquement on ne peut plus adéquats. Quoi qu'il en soit, voici un Concert du Nouvel An de plus à acquérir dans toute bonne discothèque Strauss, et l'on choisira selon ses affinités soit le double CD DG, soit le DVD TDK– soit les deux – tout en sachant que les deux supports conservent l'intégralité du concert.

    Profitons-en, car l'adage « toutes les bonnes choses ont une fin » ne tardera pas à se vérifier. L'an prochain, ce sera Muti, et dans deux ans, Maazel. Voyons le bon côté des choses, pendant deux ans, on pourra réveillonner à loisir sans se soucier de devoir se lever pour regarder le Concert du Nouvel An.

     
    Yannick MILLON


     

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