Entre pudeur et expressionnisme |
Schubert par Andsnes et Bostridge Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano N°17, D.850
Lieder:
Der liebliche Stern
Tiefes Lied
Auf der Bruck
Der Wanderer
FĂĽlle der Liebe
Wiedersehen
Vom Mitleiden Mariä
Im Walde
Der Schmetterling
Leif Ove Andsnes, piano
Ian Bostridge, ténor
1 CD EMI 5 57460 2
C'est une pratique tout à fait en accord avec l'esprit « musique de chambre » qui présida à la création de l'essentiel de l'oeuvre du compositeur et l'on regrette d'ailleurs qu'elle ne soit pas plus généralement répandue pour ce répertoire au concert, lequel garde toujours aujourd'hui son caractère d'exhibition purement personnelle. Andsnes et Bostridge sont de la même génération mais il est curieux de voir combien leurs tempéraments sont différents, et pourtant se complètent. Autant le pianiste est d'une nature pudique, réservée, ce qui confère à son jeu une sobriété et une sincérité que d'aucuns trouvent même trop austères, autant le chanteur penche vers un lyrisme qui touche parfois à l'expressionnisme.
Lorsqu'ils sont ensemble, comme dans ces neuf Lieder très bien choisis entre des pages connues – Auf der Bruck – et d'autres qui le sont beaucoup moins, c'est à l'évidence Andsnes qui fait le plus de trajet et qui trouve alors des couleurs et un lyrisme nouveaux. On peut discuter certaines options de l'un ou de l'autre, trouver que l'un en fait trop et l'autre pas assez, mais on ne peut nier qu'il ne s'agisse là d'une approche parfaitement actuelle, différente et passionnante de ce répertoire que nous avons appris, c'est vrai, dans l'esthétique sublime mais toute autre – et encore ne faudrait-il pas trop s'avancer – des grands noms de la génération précédente marquée par la tradition germanique pure et dure.
Schubert n'est plus l'apanage des artistes d'Outre Rhin, et des personnalités comme le danois Andsnes ou l'anglais Bostridge apportent nécessairement l'éclairage d'autres cultures, même s'ils ont été formés dans la tradition la plus stricte.
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