Quintessence du trio avec piano |
CD1 :
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Trio avec piano n° 1 en ré mineur, op. 49
Trio avec piano n° 2 en ut mineur, op. 66
Robert Schumann (1810-1856)
Trio avec piano n° 3 en sol mineur, op. 110
CD2 :
Robert Schumann (1810-1856)
Trio avec piano n° 1 en ré mineur, op. 63
Trio avec piano n° 2 en fa majeur, op. 80
Clara Schumann (1819-1896)
Trio avec piano en sol mineur, op. 17
CD3 :
Frédéric Chopin (1810-1849)
Trio avec piano en sol mineur, op. 8
Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Trio avec piano en la mineur, op. 50 « à la mémoire d'un grand artiste »
CD4 :
Bedřich Smetana (1824-1884)
Trio avec piano en sol mineur, op. 15
Charles Ives (1874-1954)
Trio avec piano
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Trio avec piano n° 2, op. 67
Beaux Arts Trio
Daniel Guilet, violon (Mendelssohn)
Isidore Cohen, violon
Bernard Greenhouse, violoncelle
Menahem Pressler, piano
Coffret 4CD Philips Original Masters 475 171-2
A une époque où les trios avec piano étaient souvent la réunion de trois grands solistes – les Thibaut-Cortot-Casals ou encore Stern-Istomin-Rose – l'arrivée du Beaux Arts Trio dans le paysage de la musique de chambre internationale a sonné comme une révélation. Daniel Guilet, premier des violons du trio, qui avait joué sous la baguette de Toscanini au NBC, s'est joint aux quasi inconnus violoncelliste Bernard Greenhouse et pianiste Menahem Pressler en 1955 pour une aventure qui allait durer presque quinze ans, jusqu'à sa retraite en 1969, à l'âge de soixante-dix ans. Mais il n'était pas question que le Beaux Arts Trio mette un terme à son existence pour autant, et c'est Isidore Cohen qui a pris la suite de Guilet pour plusieurs années. Aujourd'hui, seul Menahem Pressler compte encore parmi les membres fondateurs, et le Beaux Arts Trio est à la veille de fêter son cinquantième anniversaire.
Quel amateur de musique de chambre n'a pas dans sa discographie les trios de Schubert, Beethoven, Mozart ou Haydn par ce trio d'exception ? A ces sommes fondamentales, le coffret Original Masters de Philips offre un véritable approfondissement, avec des pièces comme les trios de Ives, de Chopin ou encore de Clara Schumann, mélangées à des piliers romantiques du genre.
Le terme qui revient le plus souvent à l'audition de ce coffret magique est « évidence », tant chaque enregistrement possède un caractère quasi définitif et absolu, tout de justesse et de pureté stylistique, particulièrement dans le romantisme tempéré de Mendelssohn. Dans un parfait naturel et des équilibres miraculeux, les trois musiciens respirent ensemble, sans qu'aucun ne cherche à tirer la couverture à lui. Le legato de Pressler se fond admirablement dans celui, beaucoup plus naturel, des cordes.
Et c'est bien le pianiste qui forme la colonne vertébrale, l'animation et la coordination rythmique de l'ensemble, que ce soit avec la sonorité un rien à l'ancienne, au charme inimitable, de Daniel Guilet, ou l'assurance souveraine d'Isidore Cohen. Mordant des attaques, précision rythmique, fluidité permanente grâce à des tempi toujours exacts, ces gravures bénéficient de surcroît de magnifiques prises de son, chaleureuses et naturelles, réalisées en partie à la Chaux-de-Fonds en Suisse.
Les premier et deuxième CD mélangent rééditions (les 3 trios de Schumann, le 1er de Mendelssohn) et inédits (Clara Schumann et 2e de Mendelssohn), les troisième et quatrième galettes n'affichant quant à elles que des inédits en CD : Trios de Chopin, Ives, Smetana, Tchaïkovski (bizarrement amputé de sa 8e variation), ainsi que le 2e de Chostakovitch. Concernant ce dernier, on ne pourra que se réjouir devant l'édition de cette vision nerveuse, hyper précise et à la rythmique décapante, seule concurrente « historique » au témoignage brûlant et viscéral des Oïstrakh en concert chez Praga.
Un coffret à thésauriser absolument, aux côtés des autres piliers discographiques plus classiques du Beaux Arts Trio. Un immense Coup de Coeur Altamusica.
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