Le mythique concert du 19 août 1951 CD3 :
Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847)
Les Hébrides (la Grotte de Fingal), ouverture de concert, op. 26
Gustav Mahler (1860-1911)
Lieder eines fahrenden Gesellen
Dietrich Fischer-Dieskau, baryton
CD4 :
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 5 en sib majeur
Wiener Philharmoniker
direction : Wilhelm Furtwängler
enregistrement : 19 août 1951
Ouverture des Hébrides de Mendelssohn
Si le concert Bach-Beethoven de 1950 ne comptera pas parmi les plus inoubliables de Furtwängler, le très long concert du 19 août 1951 est à marquer d'une pierre blanche. Il contient d'abord à nos yeux la référence absolue de l'Ouverture des Hébrides de Mendelssohn, au flux d'abord lent mais animé d'un ressac profond, pulsée ensuite par de véritables secousses architectoniques, en un immense crescendo culminant dans une coda à la tension phénoménale, véritable lame de fond. Qui a entendu ces derniers accords en acier trempé, plantés avec une violence inouïe, avant une dernière envolée de flûte immatérielle, n'en guérira point ! Un témoignage fondamental, infiniment préférable à la version studio antérieure.
Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler
Les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler qui suivent, très sombres, sont bien connus des mélomanes, admirablement burinés par un chef qui ouvre un brasier dans Ich hab ein glühend Messer, déclamés par un Fischer-Dieskau tout jeune et déjà inimitable, qu'on retrouvera au sommet de son art dix ans plus tard en studio avec Kubelik chez DG.
5e de Bruckner
Pour clore ce concert, la 5e de Bruckner dans l'une de ses visions les plus enragées. La liberté rythmique, l'agogique constamment mouvante, pourront en rebuter plus d'un, le tragique exacerbé également. Ces cuivres conquérants et illimités en puissance, notamment ces trompettes insoutenables d'acuité guerrière, c'est bien à ce Bruckner-là – pourtant beaucoup moins noir que celui donné à Berlin en 1942 dans un concert plus célèbre (DG) – s'adonnant au « culte de la puissance », que fait référence Philippe Herreweghe dans le livret de son enregistrement de la 7e symphonie, et que d'aucuns rapprocheront sans doute des habitudes prises, consciemment ou non, sous le National-Socialisme pour défendre la suprématie de la musique allemande, à travers une puissance sonore écrasante qui peut s'avérer tout aussi fascinante que profondément dérangeante.
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