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SELECTION CD 20 avril 2024

Centenaire Chostakovitch
Discographie comparée :
10e symphonie




29 mai 2006, Association internationale Dimitri Chostakovitch de la Défense. Michel Le Naour, Benjamin Grenard et Yannick Millon se retrouvent pour une table ronde sur la discographie de la 10e symphonie de Chostakovitch. À l'aveugle, treize versions vont être passées au crible
avec quelques surprises en perspective.



Le 29/06/2006
Yannick MILLON
Benjamin GRENARD
Michel LE NAOUR

 

  • SĂ©lection
  • Écoute Ă  l'aveugle : versions n° 1 Ă  7
  • Écoute Ă  l'aveugle : versions n° 8 Ă  13
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     Ă‰coute Ă  l'aveugle : versions n° 1 Ă  7

    Version n° 1 : [Kurt Sanderling]





    MLN : Un orchestre avec une certaine pesanteur, avec de belles basses, une certaine grandeur, mais aussi une certaine lourdeur, particulièrement dans un climax un peu immobile. La conclusion ne meurt pas vraiment comme on le souhaiterait. Manque d'alacrité.

    BG : Sonorités occidentales. Très belle finition, climat de la fin soigné, tout comme le piccolo. Je ne perçois pas la lourdeur qu'évoque MLN, et trouve même la progression du climax très bien réalisée, avec une belle différenciation des phrasés, une bonne manière de soupeser l'orchestre, une bonne sensation du temps.

    YM : Belle version enregistrée à l'ouest. On aurait toutefois besoin que l'oreille soit plus écorchée dans le climax. Le drame n'est pas toujours prenant, le tempo relativement retenu n'en étant pas la cause principale.



     
    Version n° 2 : [Gennadi Rojdestvenski]





    YM : Très bel équilibre entre violoncelles et contrebasses, texture moins propre mais encore assez à l'allemande. J'aime aussi l'inquiétude calme qui se dégage de cette introduction, ses silences habités. Climax un peu en rouleau compresseur, ayant tendance à retomber avant son terme – le coup de tam-tam. À la fin, piccolos inquiétants.

    BG : Un développement beaucoup plus tendu que dans la version précédente, un orchestre beaucoup plus massif, des crescendi mieux conduits. Je trouve au contraire le coup de gong très bien amené. Introduction et conclusion plus sourdes, plus engluées que dans la version n° 1 [Sanderling], moins touchantes. Les cordes notamment, sont trop présentes.

    MLN : Par rapport à la version précédente, meilleure gestion du temps, du développement notamment. L'introduction évoque un mystère, une sorte de prière plus slave, on sent pointer Moussorgski. Plus de densité, de véhémence dans la partie centrale. Conclusion rendant mieux le côté aride que dans la version n° 1 [Sanderling].



     
    Version n° 3 : [Simon Rattle]





    BG : Tempo lent, phrasé bien dessiné, volonté d'appuyer certaines notes expressives. Le développement est moins réussi, avec des bois pas en place avec le reste de l'orchestre. Version séquentiellement intéressante mais où l'on perd beaucoup trop la progression. Piccolos droits et mécaniques à la fin.

    YM : Je suis pour ma part très circonspect. Introduction maniériste dans sa recherche de nuances infinitésimales, volonté de faire de l'original à tout prix. Tics vite agaçants, vacuité du discours comme des silences, totalement inexpressifs. Le climax est laborieux et très flou, avec un orchestre effectivement à deux vitesses, qui sonne de manière grasse et vulgaire. Épisode terminal consternant, carrément non phrasé, où chaque note est laborieusement appuyée.

    MLN : Je suis également YM dans ses réserves. Niveau sonore très faible, presque inaudible au début, pas assez de contrastes, mauvaise gestion des bois et de leur rapport aux cordes, en elles-mêmes plutôt cohérentes. Véritable décalage dans l'écoute. Développement pas assez conduit, et à la fin, désagréable impression d'une lecture exclusivement horizontale. La rythmicité en pâtit beaucoup. Il ne se passe rien dans la conclusion, on entend à peine les pizzicati.



     
    Version n° 4 : [David Oïstrakh]



    ndrl : il s'agit bien de la pochette de la version Oïstrakh, présente dans cet album consacré à Sanderling.



    MLN : Version intéressante qui ne ressemble pas à ce que l'on a entendu jusqu'à présent. Une émotion se dégage de l'ensemble du mouvement, aussi bien au départ où l'on retrouve un côté très slave – l'innocent, Boris – qui me plaît beaucoup. Dégraissage salutaire du développement, volonté d'insister sur les timbres, vision beaucoup plus moderne. Conclusion très sensible, avec beaucoup de retenue.

    BG : J'aime le climat, la lenteur, la souplesse du dĂ©but et de la fin, avec un toujours un cĂ´tĂ© « calme avant la tempĂŞte Â». En revanche, le dĂ©veloppement manque de progression, malgrĂ© l'idĂ©e de retenue vers la fin du climax plutĂ´t bien sentie. Mais justement l'ensemble du climax ne libère pas une charge suffisante et s'Ă©puise vite. Frustrant.

    YM : Parti pris de lenteur bien assumé. Cela respire, pour afficher une certaine sérénité. En revanche, trop nombreuses imperfections instrumentales, notamment chez des flûtes un peu trop fébriles. Développement où les bonnes idées – une caisse claire bien sculptée dans la masse – sont souvent gâchées par certains détails – un coup de tam-tam trop extérieur et théâtral. Orchestre d'une qualité moindre que dans les versions n° 1 [Sanderling], 2 [Rojdestvenski] et 3 [Rattle].



     
    Version n° 5 : [Mariss Jansons]





    YM : Une version qui avance d'emblée, tant au niveau du tempo que de la conduite des phrases. Urgence dès le départ : un drame est en train de se jouer. Très bel engagement dans le climax – vitesse d'archet des cordes, cuivres aux saillies bien coupantes. Conclusion où l'on sent encore une certaine détermination à lutter, à ne pas s'apitoyer sur son sort. Vision immanente : tout se joue ici et maintenant. Orchestre superlatif.

    BG : Les sonorités sont plus râpeuses, la première entrée des violons est magnifique, très mystérieuse, avec une fébrilité qu'on retrouvera aussi dans la conclusion. Développement avec enfin des cors qui sonnent dans l'espace, et une volonté de phraser, de donner du relief. L'orchestre a tendance à s'apesantir un peu au niveau du tempo, mais cela est toujours compensé par la tension dans les articulations – chez les trompettes par exemple.

    MLN : Un superbe travail orchestral, peut-être le plus fini de ce qu'on a entendu. Je suis frappé par la magnifique qualité des cordes. En dehors des questions d'équilibre, de drame, d'intériorité, le travail sur les coups d'archet, et notamment sur les tirés montre un intérêt accru porté au tapis de cordes. Version qui fait un beau contraste avec la n° 4 [Oïstrakh], surtout par son orchestre infiniment meilleur.



     
    Version n° 6 : [Evgeni Mravinski]





    BG : De manifestes déboires instrumentaux, mais générateurs d'une vraie angoisse. Dès le départ, une certaine instabilité, dans le climat, dans le tempo. Tous les instruments n'ont pas la même assise. Silences parfaitement habités. Une version typiquement russe, avec une conception de la masse et de l'articulation orchestrale qui donne une vraie tension.

    YM : La prise de son fleure bon la Russie soviétique. Cordes à l'affût dès le début, grondements soudains. La dynamique ne demande qu'à être poussée, déjà dans les légers soufflets des cordes qui laissent présager des sommets d'intensité. Climax digne d'une charge de l'Armée rouge, aux bois affolés, sentiment de panique, de course à l'abîme. La fin du climax retombe un rien. Version volcanique, dont le manque de cohésion instrumentale – les impairs des piccolos à la fin – traduit une véritable angoisse et une ambiance de salle pétrifiante. Imperfections oubliées car participant en plein au climat écorché-vif. Urgence comme à la création.

    MLN : On ne sait si l'orchestre est impressionné par le chef ou par le public, mais malgré les déboires, on est frappé par un climat paroxystique qui prend à la gorge. Exacerbation du discours, qui peut rappeler les enregistrements de guerre de Furtwängler. Sentiment d'urgence, de fin du monde imminente. La conclusion nous plonge dans un climat très proche de Tchaïkovski, un peu à l'image de la conclusion de Roméo et Juliette.



     
    Version n° 7 : [Vitaly Kataev]





    MLN : Je suis très partagé. Problème de souffle incontestable chez les vents. Tempo très lent, loin des indications métronomiques. Le grand legato, entrecoupé de silences, peut donner l'impression qu'on est dans un univers éthéré. Climax presque brucknérien – force de la répétition. On sent des problèmes d'attaques des cordes. C'est désorganisé et cotonneux. Dans la conclusion, les musiciens ont du mal à aller au bout tant l'extrême lenteur paraît difficile à tenir.

    YM : Tout à fait d'accord. Je n'étais pas au courant que Celibidache avait enregistré la 10e de Chostakovitch ! Introduction len-ti-ssime, avec de véritables béances en lieu de silences. Somme toute, le début est assez prenant. La suite ne tient pas ses promesses. Développement accéléré sous peine d'insoutenable, sonorités typiquement russes – la trompette – mais multiplication des pains, aux cors notamment. Orchestre carrément dépassé par les événements à la toute fin : démanchés de cordes devenant des glissandi, discours désarticulé, phrasés à plat – avec le même syndrome une note + une note + une note de la version n° 3 [Rattle]. On a pitié pour ces pauvres flûtistes qui s'asphyxient.

    BG : Je suis partagé. Le climat du début n'est pas évident : mystère ou léthargie ? Et pourtant, l'étagement des cordes est intéressant, les basses sont bien en chair. On sent dans le développement une bonne culture du son russe, mais les effets sont gérés de manière très instantanée. Manque une vision globale. Dans la conclusion, où au départ on pense que la fragilité dans le son peut être digne d'intérêt, finalement, la structure s'effondre.




    Arrivé à la moitié des auditions, premier point. On s'interroge déjà de l'abandon éventuel de certaines versions écoutées. On pense d'emblée à la version n° 3 [Rattle], qui a presque fait l'unanimité contre elle.

     

     

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