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SELECTION CD 16 avril 2024

Centenaire Chostakovitch
Discographie comparée :
10e symphonie




29 mai 2006, Association internationale Dimitri Chostakovitch de la Défense. Michel Le Naour, Benjamin Grenard et Yannick Millon se retrouvent pour une table ronde sur la discographie de la 10e symphonie de Chostakovitch. À l'aveugle, treize versions vont être passées au crible
avec quelques surprises en perspective.



Le 29/06/2006
Yannick MILLON
Benjamin GRENARD
Michel LE NAOUR

 

  • SĂ©lection
  • Écoute Ă  l'aveugle : versions n° 1 Ă  7
  • Écoute Ă  l'aveugle : versions n° 8 Ă  13
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     Ă‰coute Ă  l'aveugle : versions n° 8 Ă  13

    Version n° 8 : [Kirill Kondrachine]





    YM : Me fait penser à la version n° 6 [Mravinski] – même prise de son préhistorique, même urgence – en un peu plus pressée, moins essentielle. J'aime beaucoup l'énergie du climax, le côté tranchant de l'orchestre, ces sons de cordes poussés très vite au bout de l'archet et coupés de manière très abrupte. Climax sans doute moins paroxystique que celui de la version n° 6 [Mravinski], mais qui tient sans doute mieux l'ensemble de la progression. En revanche, conclusion faible, expédiée sans mystère.

    BG : Pour moi, la fin est vraiment bâclée. Le chef passe beaucoup trop vite sur le développement, et cela manque d'arêtes. On a des violons tantôt insipides, tantôt de phrasés hachés et laborieux. En revanche, le travail de masse est assez intéressant, mais ce n'est pas assez tendu. Introduction et conclusion indifférentes.

    MLN : C'est comme la langue des hommes : il y a la meilleure, et non pas la pire, mais du moins la nettement moins bonne. Beau sens du discours, de la construction. Dommage que la fin soit aussi négligée. Le chef y laisse l'orchestre livré à lui-même. Au début, on est impressionné par les belles basses, qui ronflent bien. Et puis au niveau de la tension du développement, on reste à mon avis en-deçà de la version n° 6 [Mravinski]. Volonté paroxystique moins bien réalisée par le chef.



     
    Version n° 9 : [Bernard Haitink]





    BG : Une version qui avance bien, à l'orchestre assez ample. Cuivres et cordes magnifiques, cors très épanouis. C'est une chose qu'on n'a pas entendu très souvent. Une caisse claire qui se détache bien. On trouve des discours plus conduits, mais on ne manque jamais de tension. Se tient bien dans l'ensemble.

    MLN : Belle construction, très Ă©quilibrĂ©e. Avec ce mystère, ce « il Ă©tait une fois Â», le cĂ´tĂ© lĂ©gendaire de la Russie Ă©ternelle. Climax très bien gĂ©rĂ©, très clair au niveau de l'Ă©tagement des plans sonores. Quant Ă  la conlusion, elle m'a fait me demander si ce chef n'Ă©tait pas aussi un grand sibĂ©lien, car on y trouve une bouffĂ©e du Cygne de Tuonela qui donne un caractère intĂ©ressant. Notion d'Ă©quilibre primant avant tout.

    YM : Du grand art, et une prise de son absolument somptueuse. J'ai eu cette même impression de conte, et ai pensé pour ma part à l'Oiseau de feu. Introduction très colorée, qui ronronne admirablement, pupitre d'alto chaleureux, avec beaucoup de grain. Climax affichant à la fois une tension excellemment gérée et un orchestre sublime, même si d'autres version vont nettement plus loin dans le paroxysme. Tout en étant analytique, ne manque jamais de dramatisme. La conlusion aussi est magnifique, aves des cordes sibélo-tchaïkovskiennes, et un parfait équilibre des pupitres. Un travail d'orfèvre, qui me fait penser à Haitink.



     
    Version n° 10 : [Karel Ancerl]





    MLN : Un tempo rapide, comme pressé par une volonté d'en finir. Mêmes caractéristiques dans la conclusion, elle aussi rapide, avec un très joli piccolo. Le climax est un peu massif, avec une tendance à l'effet. Pour l'instant, je reste un peu sur ma faim, tout en voulant aller plus avant dans l'examen de cette version.

    YM : Une version déroutante, qui semble pressée, et ne cherche aucune métaphysique. En même temps, très moderato, un peu rapide pour du 96 à la noire, mais nettement plus proche de cette indication que beaucoup de version qu'on a entendues jusque-là. Climax dramatique, rapide et pour moi sans effets, juste efficace. Sonorités acérées, pointues, qui me font penser à la Philharmonie tchèque. Manière de trancher un peu toscaninienne. Climat de la conclusion évoquant le cliquetis de petite percussion à la fin du Scherzo de la 4e et du Finale de la 15e symphonie, une petite mécanique.

    BG : Pulsation soutenue dès le départ, tempo qui avance de l'intérieur. Certain manque de climat, et urgence qui apparaît plus dans l'intention que dans la réalisation. J'aime beaucoup en revanche le développement, qui prend une vraie dimension. Je n'ai pas trouvé non plus d'effets gratuits, mais au contraire un son un peu écorché, avec des cuivres particulièrement amples. Finalement, la matière orchestrale est assez incandescente.



     
    Version n° 11 : [Herbert von Karajan]





    YM : Tempo plutôt allant, très bel éventail dynamique dans les cordes. Dans le climax, très impressionnant, par deux fois, le crescendo de trompette fondu dans les cordes, qui transperce la matière orchestrale. On sent un plaisir évident à sculpter le son des cordes. En revanche, bois trop vibrés et opulents dans la conclusion, occasionnant un manque de mystère et d'impalpable. Vision karajanesque, parfois trop hédoniste.

    BG : Je suis d'accord. Le très beau climat des premières secondes est vite perdu en raison d'une présence trop grande, du fait que le chef donne trop tout de suite. Le développement donne vraiment à son terme le sentiment d'une déflagration, avec une sorte de bruit dans la percussion. La fin est pour moi un peu droite, dans la direction sinon dans le son.

    MLN : Dans l'ensemble, on perçoit une recherche du beau, un désir de luxuriance qui a beaucoup d'avantages mais aussi quelques inconvénients. Climax bien géré, mais avec en plus, un côté mahlérien dans les cuivres qu'on n'avait pas encore entendu. On sombre hélas à la fin dans quelque chose de plus banal, dépourvu de véritable climat.



     
    Version n° 12 : [Rudolf Barshaï]





    MLN : Je me pose des questions. Belle sonorité, bel orchestre. Pulsation soutenue, belle respiration des cordes. Il y a un côté presque orgiaque dans la manière de gérer le climax. Les piccolos sont très présents, beaux de legato, mais assez mal équilibrés avec les cordes. Et même si du coup, le climat de désespérance et d'espace infini est bien là, l'équilibre n'est pas parfait.

    BG : Une vision intéressante, à rapprocher de la version n° 10 [Ancerl], mais dont le climat du début et de la fin sont pour moi beaucoup plus réussis. L'orchestre sonne avec beaucoup de relief dans le développement, sans l'acidité de la version n° 10 [Ancerl]. Le problème d'équilibre de la fin ne m'a pas dérangé, et j'ai plutôt entendu le côté intemporel de la tenue de cordes.

    YM : Une version de bel orchestre justement, brillante, symphonique, assez grandiose, qui met en valeur les qualités des instruments, avec des cuivres chauffés à blanc dans le climax, mais pas du tout à la manière russe, plutôt à la manière occidentale, très ronde, très puissante. Pas vraiment une version de chef. Pour l'instant, reste un peu une version Hi-Fi, confortable, bien finie et très belle, mais sans grande personnalité.



     
    Version n° 13 : [Mstislav Rostropovitch]





    BG : Un manque évident de vision. Si le début de la version n° 12 [Barshaï] était trop présent, ici, c'est l'indécision qui l'emporte. À la fin, on a l'impression qu'il manque vraiment quelqu'un au podium. On passe un peu à côté du développement. Chef qui pose des éléments à côté les uns des autres, notamment dans un curieux trémolo de trompette. Pas de lame de fond dans la conduite. Un peu décevant.

    MLN : L'orchestre suit son chemin, sans véritablement savoir jusqu'où il ira. Au départ, le chef est peut-être encore là, il s'est présenté, il a salué, et il a même réussi à creuser un peu dans les cordes graves. Ensuite, il s'est agité et à la fin, il a disparu. Les piccolos comptent la mesure, on n'est pas du tout hors du monde. Version pas très intéressante.

    YM : Aucun intérêt majeur dans cette version. Début tout de suite symphonique, avec des cordes vibrées par défaut. Surtout, le passage central sonne très américain, proche de la musique de film, avec des effets à la John Williams : rutilants, extérieurs, qui brassent du beau son. Le chef a l'air très content d'être là, avant de disparaître à la fin. La conclusion paraît interminable et vide, il n'y a plus personne. Y a-t-il un pilote dans l'avion ?





     
    Conclusion


    En plus de la version n° 3 [Rattle] déjà éliminée avant la pause, d'un commun accord, la version n° 13 [Rostropovitch] est abandonnée. La question se pose alors pour la version n° 1 [Sanderling], qui avait plu seulement à BG. Cela dit, la première version écoutée ne bénéficie pas de points de comparaisons. Dans le doute, la version n° 1 [Sanderling] est finalement maintenue.

    Reste le cas de la version n° 4 [Oïstrakh], qui n'avait soulevé l'enthousiasme que de MLN, qui annonce qu'au terme des écoutes, il l'abandonnerait volontiers. La version n° 4 [Oïstrakh] n'est finalement pas retenue.

    Par effet de cascade, YM se demande alors s'il ne faudrait pas abandonner, quand deux versions demeurent assez proches d'esprit, la moins exceptionnelle des deux. C'était le cas de la version n° 8 [Kondrachine], proche de la version n° 6 [Mravinski], mais nettement moins aboutie, et sur laquelle BG avait émis d'importantes réserves, reprises en partie par MLN. Après une courte discussion, la version n° 8 [Kondrachine] est alors abandonnée.

    Quant à la marginale version n° 7 [Kataev], même s'il aurait été intéressant d'en poursuivre l'écoute, ses lacunes de réalisation lui valent aussi l'élimination.

    Sont donc abandonnées après écoute à l'aveugle les versions Rattle, Rostropovitch, Oïstrakh, Kondrachine et Kataev.

    Énorme surprise que l'élimination de la version Kondrachine, dont MLN précise qu'elle ne compte pas parmi les symphonies de Chostakovitch que le chef russe a le plus réussies, même s'il précise que son deuxième mouvement est parmi les plus impressionnants.

    Étape suivante, audition du deuxième mouvement, à partir duquel le nom des chefs est révélé.

    Restent en lice les versions Sanderling, Rojdestvenski, Jansons, Mravinski, Haitink, Ancerl, Karajan et BarshaĂŻ.

     

     

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