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SELECTION CD 23 avril 2024

Cinquantenaire Sibelius
Discographie comparée :
Deuxième Symphonie




5 novembre 2007, loin de Paris. Pour faire écho aux célébrations de la salle Pleyel, Michel Le Naour, Benjamin Grenard et Yannick Millon tiennent à rendre hommage en une table ronde sur la Deuxième Symphonie au grand oublié de 2007 : Jean Sibelius. Le hasard veut que cette discographie comparée fasse émerger un autre oublié de cette année, disparu en 1957 comme le compositeur finlandais.



Le 16/11/2007
Yannick MILLON
Benjamin GRENARD
Michel LE NAOUR

 

  • SĂ©lection
  • Écoute en aveugle (versions n° 1 Ă  3 (mono))
  • Écoute en aveugle (versions n° 4 Ă  9)
  • Écoute en aveugle (versions n° 10 Ă  18)
  • Scherzo
  • Finale
  • Palmarès
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     Ă‰coute en aveugle (versions n° 10 Ă  18)

    Version n° 10 [Davis]




    MLN : Beaucoup d'émotion et en particulier une belle respiration, même si la lecture est un peu séquentielle. Après le grand élan des violons, magnifiquement sonnant, on sent un côté vieux pays, retour à l'ancien comme dans la Suite Holberg de Grieg. Très beau respect des silences aussi. Une version que je garderais.

    BG : Je n'ai en fait pas grand chose à en dire. Assez ronronnant et rond, et pour le reste, je rejoins l'avis de MLN. Un côté routine, mais très belle routine. Beau legato, belle atmosphère. Je suis assez séduit. Difficile de s'étendre plus pour ma part.

    YM : Se laisse très bien écouter. Suave, comme un accès de douce mélancolie, presque réconfortante. Sonorités on ne peut plus rondes, orchestre somptueux voire voluptueux. Reste un peu sage mais belle ampleur. Volonté de ne jamais en faire trop, une certaine pudeur. Beaucoup de chaleur, pas du tout nordique. Serait un peu à Sibelius ce que Haitink est à Chostakovitch.



     
    Version n° 11 [Karajan]




    BG : En général, je n'aime pas beaucoup quand le louré vire au legato, mais il y a là quelque chose de léger, de digeste. Le phrasé des bois m'a paru rapide et survolé, par rapport à une certaine pesanteur des cors. Beaucoup de relief orchestral, bois bien caractérisés. Reste large sans surcroît d'épaisseur. Version qui respire bien, lumineuse et très aérée.

    YM : Je ne suis pas emballé. Phrasé poisseux des cordes au début. Je n'aime pas du tout le parti pris de hiérarchisation un peu simplificateur de la polyphonie dans le motif des bois : on n'entend rien d'autre qu'un premier hautbois pincé, nasillard et fier comme un paon, le reste est noyé dans la masse. Le chef prend un peu l'auditeur pour un demeuré, incapable d'entendre plus d'une ligne mélodique à la fois. Version monochrome, avec une tendance à sonner comme l'orchestration un peu grise de Brahms. Pâte sonore germanique, cuivres opaques et cordes très en avant dans le climax. Les trilles aussi me font penser nettement plus à la forêt de Siegfried qu'à un paysage du Grand Nord !

    MLN : Une fois n'est pas coutume pour moi aussi, je suis plus de l'avis de YM que de BG. Je suis également gêné par l'omniprésence de ce hautbois Pierre et le loup, qui sonne très musique russe. Thème collé au plancher au départ, aucun envol, pâte sonore opaque et tout sauf aérée justement. Certaine pesanteur. Je ne pleurerai pas si on en reste là pour cette version !



     
    Version n° 12 [Oramo]




    YM : Est-ce le début d'une certaine fatigue auditive ? Se voudrait un peu épuré comme la version n° 4 [Segerstam], mais on nage ici d'emblée dans un gros bain à remous. Motif initial aux allures de vieille rengaine vite insupportable, on n'entend plus qu'elle, même en accompagnement du motif des bois. Version too much dans les écarts dynamiques – palier démesuré entre piano et mezzo-forte. Un peu raide, métronomique, climax très extérieur et guignolesque.

    MLN : Le chef doit beaucoup aimer Ainsi parlait Zarathoustra ! Cela manque d'aération, de finesse, de subtilité, on se demande si le cor ne joue pas le Freischütz. Une version tout en boursouflure, qui ne me plaît pas du tout. Passons vite à autre chose !

    BG : Le début, hyper legato, est vraiment mauvais, du goût le plus douteux, ce n'est ni plus ni moins que de la soupe ! Après, le discours se fait plus vivant, le thème des bois juste assez sautillant. Plutôt bien mené dans l'ensemble, et un climax tellurique, avec des cuivres assez ronds. Mais vraiment pas de quoi se relever la nuit !



     
    Version n° 13 [Szell]




    MLN : On a affaire à un vrai chef et à un immense orchestre. Il y a du nerf, du jarret même, une lecture à poigne quasi toscaninienne. Cela ne plaisante pas, mais on a une immense clarté, une aération proche des sérénades mozartiennes dans les bois, avec un soupçon de rubato. Beaucoup de couleur, de la tension, le climax est tout sauf complaisant. Limpidité et naturel absolus ; du grand art !

    BG : Très belle version, superbe image orchestrale, en particulier des bois. Orchestre coloré, beaucoup de respiration et de relief. Cuivres un rien trop pointus et criards sur le climax, en comparaison de la version précédente, mais on évolue sur de tout autres cimes.

    YM : De la rigueur dans le beau son en permanence, un rubato infime mais réglé au millimètre, de la poigne et de l'énergie à revendre, un vent d'insolence. Le louré des cordes au début est absolument idéal, rythmique et chanté à la fois. Un maximum de couleur sur les bois. Une version de main de fer dans un gant de velours. On frôle la perfection.



     
    Version n° 14 [Kamu]




    BG : Je suis très étonné par le ralenti sur l'entrée des bois, qui a tendance à ruiner la structure. Guère plus passionnant à partir de l'entrée des violons. Pâte sonore dégraissée, beaucoup d'aigus, mais un manque certain d'arêtes. Joue la carte de l'élargissement sans en avoir les moyens orchestraux. Un peu éclatant et surfait.

    YM : Quelle opacité ! Début neurasthénique, manque d'énergie. Exact inverse de la version n° 11 [Karajan] quant au ressenti polyphonique : ici, le thème du premier cor est complètement mangé par l'accompagnement de ses collègues. Impression globale de fouillis. Ralentis calculés, clarinettes fâchées avec le diapason, pizz mous et silences purement fonctionnels. On entend les syncopes dans le climax, mais elles sont alors tout à fait inexpressives.

    MLN : Version inexistante, où il ne se passe rien. Doux euphémisme que de parler de cors insistants dans le climax ! On n'est jamais dans la nuance. On nage de toute évidence en queue de peloton, tout près de la voiture-balai !



     
    Version n° 15 [Kletzki]




    YM : Très linéaire, avec à nouveau des cors wéberiens, le hautbois est le petit frère de celui de la version n° 11 [Karajan]. L'ensemble est débité avec indifférence, sans couleur. Le climax est bruyant et dénué de tout détail qui retiendrait l'attention.

    MLN : Climax en effet colossal, avec un tuba « hénaurme ». Cette version n'a vraiment aucun intérêt après tout ce que l'on a entendu.

    BG : Si nous sommes à ce point sur la même longueur d'onde, ce n'est décidément pas la fatigue auditive qui est en question ! On n'accroche à rien dans cette version, tantôt le train passe trop vite, tantôt l'on a une sensation de lourdeur. Une lecture très scolaire et indifférente, à écarter au plus vite.



     
    Version n° 16 [Järvi]




    MLN : Ce n'est pas un univers très minéral ! Vision assez terre à terre, poussive d'emblée. Je n'aime pas beaucoup les transitions, cousues de gros fil. Les motifs ne sont pas assez caractérisés, et le chef a tendance à s'appesantir. Clou du spectacle, pardonnez-moi l'expression, le climax est monté comme un gros pâté ! À la fin, tout est épelé, au note à note.

    BG : J'ai au contraire beaucoup aimé. Les bois sont un peu mats, mais la première partie est mesurée, les ralentis sont bien gérés, avec une certaine simplicité. Volonté d'installer des climats et relation assez intuitive avec le silence. J'admets que la poussée des cuivres dans le climax est un peu grasse. Manière de jouer avec le temps et la matière sonore différentes des autres versions et dignes d'intérêt.

    YM : Pourrait être une version idiomatique, mais qui trop embrasse mal étreint ! Beaucoup d'excès, et notamment de vent sur le mont chauve au début ! Les soufflets sont énormes, avec un côté karajanesque, voire levinesque – ce qui est tout de même moins flatteur –, même si la pâte sonore du climax possède une belle consistance. Mais le chef se regarde diriger, il se complaît dans le son et tombe dans l'emphase. Tuba gonflé à l'hélium, à la limite du ridicule.



     
    Version n° 17 [Bernstein I]




    BG : Me plaît assez, même si un certain nombre de qualificatifs employés par MLN et YM pour la version n° 16 [Järvi] me paraissent plus adaptés ici. Le début est trop fort, même si les pizz sont bien directifs. Je suis gêné par un surcroît de présence. Très beaux trilles des bois, climat assez dense, certaine retenue et certaine hauteur. Mais le chef narcissique est là, selon moi, même si l'ensemble a beaucoup de tenue !

    YM : Pour moi, cette version réussit exactement là où la précédente échouait ! Il y a de la démesure partout, mais le chef se donne les moyens de réussir. Le début est viril mais bien assumé, les pizz extraordinairement plantés. On ne s'enlise jamais grâce à l'énergie dans la lenteur. Cordes chauffées à blanc, avec un côté Finale de la Pathétique de Tchaïkovski. Le climax est un déchaînement élémentaire, porté par la lame de fond des violoncelles, l'érosion est bien rendue.

    MLN : Véritable agitation, tension tumultueuse, tout à fait bien gérée. L'orchestre n'est pas le meilleur entendu, mais les violons à la corde sont impressionnants. Excellente gestion des strates orchestrales. Décidément, je suis aujourd'hui une fois encore plus proche du jugement de YM que de celui de BG !



     
    Version n° 18 [Kondrachine]




    YM : À en juger par la vieille dame qui tousse à s'en décrocher les poumons, on a affaire à un live. Beaucoup de mouvement, discours vivant, beaux timbres, recherche constante de couleur. Épisode des violons un peu indécis. Dans le climax, volonté de garder quelque chose de souterrain, de tectonique aux cordes. Version sans doute très agréable à vivre en salle, mais rien de véritablement transcendant.

    MLN : Belle version sans plus, qui n'apporte rien de fondamental à ce qu'on a entendu auparavant. Une certaine avancée, mais ne révolutionne pas la discographie, et de toute façon trop juste pour se maintenir en écoute comparative.

    BG : Version un peu rapide au début, avec beaucoup d'immédiateté. Équilibre, fluidité, beau climat, mais on reste un peu sur sa faim au bout du compte. Et on a surtout entendu des interprétations nettement plus abouties, même si le concert devait être de très beau niveau.




    Après cette pléthore de versions sélectionnées pour l'écoute en aveugle, un bilan complet s'impose. La version n° 5 [Ormandy] mise en attente est abandonnée à l'unanimité, tandis que MLN décide de rejoindre ses confrères pour conserver la version n° 4 [Segerstam]. Le problème de la version n° 8 [Bernstein] n'est toujours pas résolu.

    BG rejoint MLN et YM dans leur volontĂ© d'Ă©liminer la version n° 12 [Oramo]. Les versions n° 14 [Kamu] et 15 [Kletzki] sont de mĂŞme abandonnĂ©es Ă  l'unanimitĂ© et sans discussion. MalgrĂ© sa belle avancĂ©e, la concurrence entraĂ®ne aussi l'abandon de la version n° 18 [Kondrachine]. De mĂŞme, pour Ă©viter de multiplier les Ă©coutes sur les mouvements suivants, la version « de base Â» n° 9 [Berglund] est Ă©liminĂ©e.

    Reste alors le litige sur les versions n° 11 [Karajan] et 16 [Järvi], qui n'avaient plu qu'à BG, et sur la version n° 8 [Bernstein II], qui n'avait remporté les suffrages que de YM. BG abandonne volontiers la version n° 11 [Karajan], qui est donc écartée. YM maintient, après la totalité des écoutes, son jugement sur la version n° 8 [Bernstein II], et finalement MLN et BG acceptent d'en pousser l'analyse plus loin, notamment en raison du niveau plus faible de la deuxième fournée d'écoutes.

    Les versions n° 2 [Toscanini], n° 3 [Beecham], n° 4 [Segerstam], n° 7 [Maazel], n° 8 [Bernstein II], n° 10 [Davis], n° 13 [Szell] et n° 17 [Bernstein I] restent donc en lice. Le nom des interprètes est dévoilé, et l'étape suivante peut commencer.


     

     

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