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SELECTION CD 26 avril 2024

Cinquantenaire Sibelius
Discographie comparée :
Deuxième Symphonie




5 novembre 2007, loin de Paris. Pour faire écho aux célébrations de la salle Pleyel, Michel Le Naour, Benjamin Grenard et Yannick Millon tiennent à rendre hommage en une table ronde sur la Deuxième Symphonie au grand oublié de 2007 : Jean Sibelius. Le hasard veut que cette discographie comparée fasse émerger un autre oublié de cette année, disparu en 1957 comme le compositeur finlandais.



Le 16/11/2007
Yannick MILLON
Benjamin GRENARD
Michel LE NAOUR

 

  • Sélection
  • Écoute en aveugle (versions n° 1 à 3 (mono))
  • Écoute en aveugle (versions n° 4 à 9)
  • Écoute en aveugle (versions n° 10 à 18)
  • Scherzo
  • Finale
  • Palmarès
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     Scherzo

    Version Toscanini




    MLN : C'est Toscanini dans toute sa grandeur, mais pas dans toute son horreur ! On a le sentiment d'un mouvement perpétuel, implacable. Relief sonore, plans bien répartis, mise en place extrêmement précise. C'est tenu d'une main de fer.

    BG : Furieux dans le fond comme dans la forme, maîtrisé, dionysiaque, c'est l'art de la tension et du discours, avec de surcroît un très beau lyrisme dans le Trio. C'est tout simplement magistral.

    YM : La quadrature du cercle ! Précision diabolique dans les cordes – les violons ont dû répéter des heures et des heures, et se faire enguirlander en conséquence. Sforzandi impitoyables, articulations fanatiques des basses, aussi nettes que des violons, énergie, électricité, crescendi paniques, tout y est. Aussi impeccable et ailé qu'un Scherzo de la Reine Mab ou du Songe d'une nuit d'été.



     
    Version Beecham




    BG : Très grande version également, plus épaisse, moins nerveuse, avec moins de feu d'emblée, mais avec une belle consistance et autant d'impact. Et quel magnifique chant dans le Trio !

    YM : Version qui fait plus ours dans sa tanière. Gare aux coups de griffe si vous vous approchez trop près ! Moins motorique, plus en blocs, accents un peu gros mais beaux éclats. Tutti un peu furtwängleriens.

    MLN : Peu de choses à ajouter par rapport à ce qui a été dit. J'aime particulièrement la tendresse du Trio, plus dans l'héritage des bardes que chez Toscanini, d'un lyrisme fiévreux sans doute plus italien.



     
    Version Segerstam




    YM : Forcément, une prise de son récente comme celle-ci fait que les piano sonnent vraiment piano, ce qui est presque déstabilisant après l'impact tête dans l'orchestre des enregistrements mono. Version beaucoup plus intellectuelle, posée, analytique, comme une toile abstraite. Plus fidèle au texte écrit dans la gradation des sforzandi. Vision plus moderne, au-delà de tout reproche, mais que je ne peux m'empêcher de trouver moins exceptionnelle. Dans le Trio, la pureté d'intonation est miraculeuse chez les bassons et les cors ! Hautbois un rien aseptisé.

    MLN : À l'inverse de Toscanini et Beecham, qui défendent des versions de chef d'orchestre, Segerstam défend une version de compositeur. Beaucoup d'importance donnée à sa propre représentation mentale et intellectuelle. Moins immédiat et plus distant. On n'a pas la même expressivité dans le chant du hautbois du Trio. Mais on a quand même un côté Cygne de Tuonela, avec ces univers liquides et gelés, même si dans l'ensemble cette vision est, dans ce mouvement, moins captivante, et possède surtout moins d'impact.

    BG : Version à prendre dans sa spécificité. Vu les partis pris du premier mouvement, on ne pouvait certainement pas avoir une vision aussi furieuse et transcendante. On ne s'ennuie jamais, et orchestralement, l'originalité des couleurs est toujours digne d'intérêt. Scherzo bien assumé au coeur d'une conception contemplative, ce qui n'était pas gagné d'avance. Début du Trio magnifique, tout en transparence, d'une tendresse moins extérieure, plus rentrée, presque religieuse.



     
    Version Maazel




    MLN : Du grand Maazel, celui d'avant aujourd'hui ! Hormis la virtuosité de l'Orchestre philharmonique de Vienne, on sent une intention d'avancée, une poigne, une manière de provoquer des cataclysmes. Le Trio n'a pas le côté minéral d'autres versions, mais la qualité sonore est stupéfiante.

    BG : Magnifique, tranchant, avec la couleur irréelle de la doublure de bois au début. Sans doute un peu moins habité que les versions Toscanini ou Beecham, encore qu'en studio, difficile de faire plus énergique. Dans le Trio, on tombe dans la plus pure poésie sonore. C'est superbe !

    YM : Les Viennois font des miracles, avec un jeu rond et dru à la fois, tenu d'une main de fer. Vision narrative, qui rejoint assez Toscanini par moments. Éclats très assumés, d'une manière un peu cinglante, mais les coups de boutoir sont délivrés sans une once de grossièreté. Nostalgie infinie du hautbois à balustre dans le Trio, qui tire des larmes. Que le temps a fait des ravages sur Lorin Maazel depuis cette époque !



     
    Version Bernstein II




    BG : Encore une magnifique interprétation, peut-être un peu moins colorée et poétique que la version Maazel, mais avec plus de souffle. La prestation du chef sonne plus hors du commun, dans la démesure. Affrontement en blocs dès le départ. S'il fallait faire un choix définitif entre Maazel et ce Bernstein, je crois que je choisirais ce dernier.

    YM : Contrairement à BG, je trouve cette version plus poétique, moins purement orchestrale que la précédente. Dans le Trio, la timidité du hautbois est touchante. Lecture plus symphonique, moins tranchante et cinglante, mais peignant aussi une nature moins domptée, plus sauvage et imprévisible. Pizz à l'arrachée au milieu, micro nuances très bien vues. Cris de désespoir dans les sforzandi. Festival de timbres de bout en bout.

    MLN : On oublie que Bernstein est un grand chef, alors qu'on n'oubliait pas que Maazel en était un, ce qui veut dire qu'il y a quelque chose de plus ici. Pour le reste, je suis d'accord avec BG et YM.



     
    Version Davis




    YM : Un gros cran au-dessous de toutes les versions précédentes. Cordes charnues, sonorités divines, mais trop impeccable et amidonné, ne fait jamais décoller de son fauteuil. Trio plus récitatif, violoncelle un rien larmoyant.

    MLN : Même si Davis est aujourd'hui l'un des meilleurs sibéliens occidentaux, largement devant Rattle à mes yeux, on retrouve ici une tendance à regarder le spectacle qu'il fait jouer plutôt que de s'y investir. Pas la dimension d'engagement que les autres chefs avaient dans les versions précédentes. Manque d'interprétation.

    BG : Je partage les avis émis. Version bien symphonique, un peu ronflante, moins exceptionnelle, plus sage et retenue, mais surtout plus appliquée, donc degré d'engagement moindre. Excellents dosages orchestraux, mais on décroche plus vite. Solo de violoncelle alangui.



     
    Version Szell




    MLN : Je finis par être ennuyé, au bon sens du terme, car voilà encore une version assez extraordinaire. Grande clarté, un peu plus de détachement, d'objectivité que chez ses concurrents directs, un peu plus de modernité aussi. L'orchestre reste somptueux. Peut-être un rien moins indispensable.

    BG : Supérieure à Colin Davis, mais inférieure aux versions précédentes. On évolue toutefois très haut, les cordes ont un son plus fin, les bois sont sublimes, mais les cuivres restent pour moi trop criards. Moins de tension, plus de fluidité. Trio moins exceptionnel, un peu hâtif.

    YM : Je pense seulement qu'il y a mieux ailleurs. Bonne agitation, un peu de déception par rapport à ce que laissait présager le premier mouvement, sans doute le plus beau de la première confrontation. Trio un rien négligent dans la manière de poser les accords.



     
    Version Bernstein I




    BG : Un peu moins exceptionnel que la version Bernstein II, alors que j'avais préféré le premier mouvement de cette version. Tempérament de feu, magnifiques solos. Je suis un peu embêté quant au choix entre les deux versions Bernstein.

    YM : On dit souvent que le Bernstein new yorkais est plus vif, plus rapide, plus cinglant, plus physique, et le Bernstein viennois plus métaphysique, plus lent, mais dans le cas présent, cela ne se vérifie pas vraiment. Le tempo est identique, mais l'engagement des musiciens est moindre ici, les accents sont un peu baveux, et surtout la finition orchestrale moins soignée. L'impact purement rythmique est aussi supérieur dans la version viennoise.

    MLN : La version Bernstein II est plus aboutie que celle-ci, car plus typiquement Bernstein, et avec un orchestre incomparablement meilleur. Ici, on sent encore une dépendance d'interprétation qui remonte à Koussevitzki. Je garderais pour ma part sans hésiter Vienne plutôt que New York.




    Difficile d'évincer sans états d'âme de nouvelles versions pour l'écoute du Finale, tant le niveau global est excellent. BG se range à l'avis de MLN et YM et se défait volontiers de Bernstein I, qui est donc abandonnée, tout comme la trop sage version Davis.

    Demeure la question de l'élimination ou non des versions Segerstam et Szell. D'un commun accord, nos critiques décident d'abandonner Szell, trop proche d'autres interprétations plus réussies, et de conserver Segerstam pour l'originalité de sa démarche, en en écoutant le Finale après celui de toutes les autres versions.

    Sont donc conservées pour le dernier tour d'écoute les versions Toscanini, Beecham, Segerstam, Maazel, Bernstein II.


     

     

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