altamusica
 
       aide















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




SELECTION CD 28 avril 2024

Mortifère testament



Toujours aussi passionnante et homogène, la publication officielle des archives du Nouveau Bayreuth par Orfeo se poursuit avec la parution dans une qualité sonore inédite du tout dernier Parsifal de Hans Knappertsbusch, donné le 13 août 1964 dans le Temple wagnérien. Un témoignage majeur mais exigeant car d'une noirceur souvent suffocante.


Le 20/02/2008
Yannick MILLON
 

  • Mortifère testament
      [ Toutes les parutions ]


  • Les 3 derniers dossiers
  • Les "indispensables" Bach de nos critiques

  • Telefunken Legacy : le nec plus ultra des collections historiques

  • Les dernières parutions pour l'année Bach

    [ Tous les dossiers CD ]


     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)


  •  

     Mortifère testament



    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal (1882)

    Thomas Stewart (Amfortas)
    Heinz Hagenau (Titurel)
    Hans Hotter (Gurnemanz)
    Jon Vickers (Parsifal)
    Gustav Neidlinger (Klingsor)
    Barbro Ericson (Kundry)
    Hermann Winkler (premier chevalier)
    Gerd Nienstedt (deuxième chevalier)
    Ruth Hesse (premier écuyer)
    Sylvia Lindenstrand (deuxième écuyer)
    Dieter Slembeck (troisième écuyer)
    Erwin Wohlfahrt (quatrième écuyer)
    Anja Silja (première Fille-Fleur)
    Dorothea Siebert (deuxième Fille-Fleur)
    Liselotte Rebmann (troisième Fille-Fleur)
    Rita Bartos (quatrième Fille-Fleur)
    Else-Margrete Gardelli (cinquième Fille-Fleur)
    Sylvia Lindenstrand (sixième Fille-Fleur)
    Ruth Hesse (une voix d'en haut)

    Choeur et Orchestre du Festival de Bayreuth
    direction : Hans Knappertsbusch
    préparation des choeurs : Wilhelm Pitz
    Enregistrement : Bayreuth, Festspielhaus, 13/08/1964

    4 CD Orfeo Bayreuther Festspiele Live C 690 074 L


    Knappertsbusch in saecula saeculorum. Le 13 août 1964 à Bayreuth, la Radio bavaroise a le réflexe de diffuser le tout dernier Parsifal qu'y dirige Hans Knappertsbusch, exécuteur testamentaire chaque année de la Grande Messe depuis la réouverture des lieux en 1951 – à l'exception de l'été 1953 où Krauss s'essayait à un tout autre style, et de deux représentations de 1957 conduites par André Cluytens.

    Témoignage fondamental, car représentant l'ultime de 55 soirées de légende à célébrer le dernier ouvrage wagnérien, mais aussi la dernière descente dans une fosse d'orchestre du vieux maître, qui disparaîtra à la fin de 1965 sans avoir pu dévoiler à nouveau le Graal. Disponible pendant quelques années au CD sous le label Golden Melodram, dans une qualité sonore plutôt précaire, cette bande en tous points historique nous revient sous des atours sonores transfigurés dans le cadre de l'édition officielle des archives de Bayreuth supervisée par le festival et son directeur Wolfgang Wagner.

    Négatif du climat magique et émerveillé de 1951, ce Parsifal 1964 distille une interrogation, une noirceur inhabituelles. Dans une finition orchestrale bien supérieure à la moyenne de l'époque, les cuivres semblent sourdre des ténèbres, les cordes errer sans rémission, les bois annoncer le Jugement dernier.

    Jon Vickers donne ici son seul Parsifal sur la Colline. Sans doute trop mûr et instruit pour la virginité du rôle-titre, il se lance dans un dialogue passionnant, de chant inégal mais traversé de véritables nuances expressives, avec le Gurnemanz audiblement fatigué mais aussi plus défaitiste que jamais de Hans Hotter, qui parvient malgré un souffle bien court et sinon avec naturel cette année-là à régler le cas du rôle au disque.

    Supérieure à notre sens à la contrefaçon Mödl d'Irene Dalis les trois étés précédents, la Kundry de Barbro Ericson vaut nettement mieux que le dédain qui lui est généralement réservé. Usant au mieux d'un grave prenant, à la belle couleur, où l'on sent à chaque instant l'emprise du magicien Klingsor et un caractère vénéneux, elle peine à assurer au début de sa scène de séduction une intonation satisfaisante, mais ne se tire pas plus mal qu'une autre des aigus assassins de la fin du II, où elle délivre sa malédiction avec un vibrato d'une vitesse démoniaque.

    Thomas Stewart laisse l'un de ses meilleurs mais aussi de ses plus noirs et douloureux Amfortas, lui le baryton pourtant si clair que révélera quelques mois plus tard Boulez dans sa tentative de désacralisation de l'ouvrage. Le grain idéalement rocailleux de Gustav Neidlinger fait merveille dans l'optique générale, et Heinz Hagenau est l'un des meilleurs Titurel de l'époque. D'excellents écuyers et chevaliers, des Filles-fleurs de choix, dont le jardin semble toutefois bien désenchanté, achèvent de donner un caractère incontournable à cette version qui ne ressemble à aucune autre.

    Un grand Coup de coeur Altamusica pour son originalité, pour son atmosphère en un sens extrémiste et pour le visage inédit d'une conclusion sans apaisement ni sérénité, où toute rédemption semble compromise, comme le laissait présager à la fin du I le Durch Mitleid wissend jamais aussi angoissé de la Voix d'en haut de Ruth Hesse.

     
    Yannick MILLON


     

  • Mortifère testament
     


  •   A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com