Jeudi 11 décembre 2008, soit exactement le lendemain du centenaire de la naissance de l’un des compositeurs majeurs du XX^e siècle musical – Paris proposait la veille un bel hommage à Messiaen à ne pas manquer salle Pleyel, avec l’œuvre qui nous intéresse par l’Orchestre de Paris et Christoph Eschenbach.

Yannick MILLON (YM), Laurent VILAREM (LV) et Thomas COUBRONNE (TC) se coupent du monde loin de la capitale pour passer au crible la discographie de la gigantesque Turangalîla-Symphonie, en ayant opéré au préalable une sélection parmi la petite vingtaine de versions existantes de cette partition pour piano, ondes Martenot et grand orchestre créée à Boston en 1949.

À l’issue d’une phase préalable d’écoutes chacun chez soi, dix versions sont retenues pour leurs seules qualités artistiques, en dehors de toute concession à leur disponibilité actuelle au catalogue français :

– les enregistrements classiques et d’autant plus incontournables qu’il ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des « proches Â» du compositeur, de Seiji Ozawa (Yvonne et Jeanne Loriod, Toronto Symphony, 1970, RCA) et Myung-Whung Chung (Yvonne et Jeanne Loriod, Orchestre de la Bastille, 1990, Deutsche Grammophon) ;

– la gravure britannique de référence d’André Previn (Michel Béroff, Jeanne Loriod, London Symphony, 1977, EMI) ;

– les lectures des années 1980 de jeunes chefs d’alors versés dans la musique du XX^e siècle, Simon Rattle (Peter Donohoe, Tristan Murail, Birmingham Symphony, 1986, EMI) et Esa-Pekka Salonen (Paul Crossley, Tristan Murail, Philharmonia, 1986, Sony) ;

– l’enregistrement luxueux, à fort retentissement à sa sortie, de Riccardo Chailly, réalisé quelques semaines avant la mort du compositeur (Jean-Yves Thibaudet, Takashi Harada, Concertgebouw Amsterdam, 1992, Decca) ;

– la première version, et française, enregistrée après la disparition du compositeur, par Marek Janowski (Roger Muraro, Valérie Hartmann-Claverie, Radio France, 1992, RCA) ;

– l’enregistrement hyper-économique d’Antoni Wit (François Weigel, Thomas Bloch, Radio Polonaise, 1998, Naxos) ;

– la version, en live, de l’un des grands interprètes de Messiaen de notre temps, Kent Nagano (Pierre-Laurent Aimard, Dominique Kim, Berliner Philharmoniker, 2000, Teldec) ;

– enfin, un outsider, avec un live du récemment disparu Hans Vonk (Garrick Ohlsson, Jean Laurendeau, St Louis Symphony, 1999, Pentatone).

Dix enregistrements dont l’ordre d’écoute, en aveugle, est déterminé par tirage au sort. Le premier tour se fait sur le seul premier mouvement, avec des référerences à certains motifs précis, comme le Thème Statue (ThS), grand thème massif et abondamment répété aux cuivres, ou le Thème Fleur (ThF), pour deux clarinettes solo, très piano et enroulé, entrecoupé de silences.