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SELECTION CD 26 avril 2024

1957, Odyssée Bayreuth

© Collection G&K


Le délai légal pour que les bandes tombent dans le domaine public ayant expiré, tout ce que la Radio bavaroise a enregistré de Bayreuth 1957 a été remis sur le marché l'année passée dans d’excellents remasterings par le label ultra-économique Walhall. Avant un prochain dossier sur les rééditions 1958, l’occasion de retrouver déjà un Ring fascinant, un Parsifal de routine, des Meistersinger de belle tenue et un Tristan anthologique.


Le 26/03/2009
Yannick MILLON
 

  • Le Ring (Knappertsbusch)
  • Parsifal (Knappertsbusch)
  • Les MaĂ®tres chanteurs (Cluytens)
  • Tristan et Isolde (Sawallisch)
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     Les MaĂ®tres chanteurs (Cluytens)

    Die Meistersinger von NĂĽrnberg



    Gustav Neidlinger (Hans Sachs)
    Josef Greindl (Veit Pogner)
    Fritz Uhl (Kunz Vogelgesang)
    Egmont Koch (Konrad Nachtigall)
    Karl Schmitt-Walter (Sixtus Beckmesser)
    Toni Blankenheim (Fritz Kothner)
    Heinz-GĂĽnther Zimmermann (Balthasar Zorn)
    Erich Benke (Ulrich Eisslinger)
    Hermann Winkler (Augustin Moser)
    Hans Habietinek (Hermann Ortel)
    Alexander Fenyves (Hans Schwarz)
    Eugen Fuchs (Hans Foltz)
    Elisabeth GrĂĽmmer (Eva)
    Georgine von Milinkovic (Magdalene)
    Walter Geisler (Walther von Stolzing)
    Gerhard Stolze (David)
    Arnold van Mill (Ein Nachtwächter)

    Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : André Cluytens
    préparation des chœurs : Wilhelm Pitz
    Enregistrement : 1957, Festspielhaus, Bayreuth
    4CD Walhall WLCD 0214






    Encore un retour Ă  saluer que celui de ces MaĂ®tres chanteurs de 1957, dont l’éditeur annonce une « first time on CD Â». InaugurĂ©s l’étĂ© prĂ©cĂ©dent, devant le scepticisme et les sifflets d’une partie du public, les Meistersinger rĂ©volutionnaires de Wieland Wagner – ceux de la rĂ©ouverture de 1951, repris en 1952 et dirigĂ©s successivement par Karajan (EMI) et Knappertsbusch (Archipel), Ă©taient le spectacle ultra conventionnel de Rudolf Hartmann –, confiĂ©s dès la première annĂ©e Ă  AndrĂ© Cluytens, avaient dĂ©jĂ  vu leur captation initiale rĂ©Ă©ditĂ©e par Walhall.



    Hans Hotter (Hans Sachs)
    Josef Greindl (Veit Pogner)
    Dietrich Fischer-Dieskau (Fritz Kothner)
    Gré Brouwenstijn (Eva)
    Wolfgang Windgassen (Walther von Stolzing)
    Georgine von Milinkovic (Magdalene)
    Gerhard Stolze (David)


    Le point noir de cette bande radiophonique de 1956 est la qualité très médiocre de la prise de son, au spectre réduit, constellée de bruits parasites et au niveau de gravure démesurément élevé, demandant à la longue de ces quatre heures et demie de musique une écoute appliquée. On peut toutefois y déceler l’énergie si typique des premières, et l’engagement d’une troupe pas impeccable mais investie – Hotter immense en Sachs, de stature patriarcale mais un rien vieux de timbre et parfois court de souffle, Windgassen jamais forcé en Walther, Brouwenstijn ardente en Eva, Fischer-Dieskau agile en Kothner, et déjà Greindl, Stolze, Milinkovic, Schmitt-Walter.

    Précisons toutefois qu’en comparaison de la latinité de son Tannhäuser, de son Lohengrin, les Maîtres de Cluytens, à l’image de son Parsifal en rien désacralisé, ont toujours sonné relativement traditionnels et germaniques, sans manquer de théâtralité, de gourmandise ou de poésie, et avec une retenue dans le début de la Festwiese qui s’accentuera jusqu’à plomber l’ambiance en 1958.

    Dans la captation de 1957 qui nous intéresse ici – agrémentée, petit plus, de l’énoncé de la distribution par la speakerine de la Radio bavaroise –, aucune réserve d’ordre sonore devant une prise de son modèle, admirablement claire et confortable, sans la moindre distorsion. Un réel atout, qui permet de goûter, entre autres, un prélude du III magnifiquement lyrique, chanté jusqu’à la dernière goutte de vibrato des violoncelles.

    La conception de Cluytens, un rien moins porteuse peut-être que l’année précédente – et avec un gros cafouillage dans la rixe nocturne –, se tient tout à fait, pas encore frappée par la routine et la forme de laisser-aller qui s’installeront la troisième année, avant que le chef belge ne cède la baguette à Leinsdorf, Knappertsbusch puis Krips pour les dernières reprises. Partiellement renouvelé, le plateau demeure, considérant que l’ouvrage est peut-être le plus difficile à distribuer de Wagner, tout à fait honorable.

    En voix toujours si noire dans son insurpassable Alberich, Gustav Neidlinger montre en Sachs une facette de sa personnalité qui ne pourra que grandir encore son souvenir. Loin des Wotan ombrageux égarés à Nuremberg, il est un cordonnier sensible et compassionnel, qui s’appuie sur une diction claire et fluide, sur une ligne de chant qu’il sait moduler autant que Wagner module la narration orchestrale, et donc souvent d’une qualité d’allègement et de murmure extrêmement musicales – un monologue du lilas d’une rare expressivité.

    Et même s’il est difficile les premières minutes de ne pas entendre Alberich, le baryton fait oublier cette référence pour en créer une autre, pétrie d’humanité, de bonté, sans le côté bougon et râleur de tant de Sachs à la carrure plus imposante. Une redécouverte qui ne sera peut-être pas du goût de tous les garants de la Tabulatur, mais que nous tenons à saluer.

    De même, on se réjouira de la présence du quasi inconnu Walter Geisler en Walther von Stolzing annonçant, défauts en moins, la couleur éclatante d’un René Kollo, mais défendant un gentilhomme attentif au legato, qui ne timbre jamais dans la largeur de la voix mais toujours dans le masque et forme un couple de rêve avec l’Eva ravissante, claire comme la rosée du matin, d’une Elisabeth Grümmer en état de grâce, et cette année-là pas trop impressionnée par un quintette où on la connaîtra plus fragile. Succédant à la vocalité fébrile et italienne de Brouwenstijn, voilà un authentique soprano blond wagnérien comme on n’en fait plus.

    Après la rigiditĂ© gĂ©nialement calculĂ©e du Kothner fonctionnaire butĂ© de Fischer-Dieskau en 1956, Toni Blankenheim paraĂ®t bien dĂ©risoire, et le sera plus encore quand il reprendra en 1958 Beckmesser, le greffier tenu ici comme l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente par le « comĂ©dien chantant Â» Karl Schmitt-Walter, dont on n’attendra pas une leçon vocale – ni un la aigu acceptable – dans un rĂ´le souvent cantonnĂ© au comique Ă  l’époque.

    Enfin, Gerhard Stolze, même un peu court d’aigu, reste un David percutant, Milinkovic une Magdalene stylée, Greindl un Pogner menhir inamovible – Hotter inventera l’année suivante un tout autre registre – et les chœurs de Bayreuth d’une belle présence, même si on les a déjà connus plus scrupuleux rythmiciens.

    Attendons maintenant que Myto nous rende les Meistersinger de 1958 pour continuer Ă  nous livrer au passionnant jeu des comparaisons.



     

     

  • Le Ring (Knappertsbusch)
  • Parsifal (Knappertsbusch)
  • Les MaĂ®tres chanteurs (Cluytens)
  • Tristan et Isolde (Sawallisch)
     


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