The English Songbook
Mélodies de Stanford, Gurney, Dunhill, Warlock
Ian Bostridge (ténor), Julius Drake (piano)`
EMI 5 56830 2
C'est un artiste curieux et attachant que Ian Bostridge, qui, sous ses airs angéliques de collégien, cache bien son jeu. On l'a vu, au théâtre, sensationnel Quint dans Le Tour d'écrou de Britten, rôle redoutable que la jeunesse et la fraîcheur de timbre du jeune ténor rendaient encore plus troublant. On l'a également admiré en amoureux envoûté quittant tout pour les beaux yeux d'une tzigane dans le bref Journal d'un disparu de Janacek. Que sait-on de lui ? Qu'il a publié un très sérieux ouvrage sur la sorcellerie, qu'il est aussi à l'aise dans la musique sacrée que dans la mélodie, bref, que c'est une vraie et passionnante personnalité et un chanteur d'exception, desservi parfois, au disque, comme dans L'Enlèvement au sérail qu'il a gravé sous la baguette de William Christie, par un timbre qui a tendance à blanchir. Ses Schubert, ses Wolf, peuvent quelquefois souffrir de ces couleurs éthérées. Est-ce le fait que, dans ce choix de mélodies anglaises, il s'exprime dans sa langue maternelle qui change tout ? Chaque mot se pare de sa juste couleur, les phrases sont modelées avec un soin extrême, et une pointe de sophistication qui leur donne du corps et de la vie, et l'on sent, sous chacune d'elles, affleurer la plus vive émotion. Il faut dire, aussi, qu'elles sont particulièrement séduisantes, ces courtes pages quasiment inconnues de ce côté-ci de la Manche. Avec la délicatesse des plus subtiles aquarelles, soutenues par le piano sensible de Julius Drake, elles invitent à un voyage au c¦ur de la poésie anglaise, dans une lumière d'une infinie douceur.
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