Emmanuel Chabrier : Espana. Joyeuse marche. Ouverture de Gwendoline. Habanera. Bourrée fantasque.
Maurice Ravel : Valses nobles et sentimentales.
Orchestre des Concerts Lamoureux
Yutaka Sado, direction
(Erato 3984-27321-2).
Jacques Ibert d'abord (un enregistrement paru chez Naxos), Dukas, Bizet, Offenbach ensuite (French spectacular, son premier disque pour Erato), et aujourd'hui Chabrier et Ravel, avec, entre temps, un détour par Leonard Bernstein pour une flamboyante Symphonie n° 3 : Yutaka Sado est un homme fidèle. Fidèle à Bernstein, dont il fut l'assistant dès 1987 ; fidèle à la musique française dont il est, aujourd'hui, l'un des meilleurs champions à travers le monde. Pour Ibert, hier, pour Chabrier et Ravel, il est au pupitre de "son" Orchestre Lamoureux, dont il est chef permanent depuis 1993. On sait les difficultés dont souffre actuellement cette formation, au point d'avoir dû annuler les deux tiers de sa saison. Elle fut, pourtant, dans un passé qui n'est pas si lointain, l'une des phalanges parisiennes les plus fameuses. C'est en 1881 que Charles Lamoureux fonde les Nouveaux Concerts, qui deviennent rapidement un bouillonnant foyer de création. À ses côtés, un ex-fonctionnaire du Ministère de l'Intérieur, qui a décidé de se vouer entièrement à la musique, Emmanuel Chabrier, conseiller avisé et secrétaire indispensable, lui-même compositeur, qui donnera chez Lamoureux une partition destinée à faire le tour du monde, Espana. Chabrier, Ravel, digne héritier du précédent auquel il vouait une admiration sans bornes, Lamoureux (n'oublions pas que l'orchestre fut le premier à enregistrer l'illustre Boléro) : la filiation allait de soi, et l'hommage que rend aujourd'hui Sado à ces maîtres est superbe. Car en quelques années, il a rendu à sa formation tout son lustre. Précision, couleur, rythme : plus encore que les pages de Chabrier, enlevées avec humour et panache, les Valses et le Boléro ravélien, examen de passage redouté pour tout orchestre digne de ce nom, prennent ici une saveur inestimable.
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