Villanelles et villottes du XVIe siècle. Doulce Mémoire
Direction : Denis Raisin-Dadre
Astrée (Naïve) E8648
Déjà , au temps des rois d'Aragon (XVe siècle), Naples déclinait sa différence dans le concert italien. Une différence illustrée au coeur de la Renaissance, non seulement par les musiciens autochtones, mais par les "Fiamminghi" (flamands) eux-mêmes. Ainsi Willaert et le jeune Lassus, qui est plus napolitain que tous les autres dans les Villanelles qu'il composa alors qu'il n'avait pas vingt ans. C'est qu'il y a une "exception" parthénopéenne (1) encore plus singulière que l'exception vénitienne. Populeuse (c'est alors la plus grande ville d'Italie) et irrédentiste en dépit de l'occupant espagnol, Naples développe une culture urbaine sans équivalent dans les autres métropoles de la péninsule. Une culture de la rue "métissée" de rencontres et où savant et populaire se mélangent pour le bonheur de la noblesse et de la roture. C'est l'équipe de Doulce Mémoire, à l'instigation des flûtes funambules de son patron, Denis Raisin-Dadre, qui se fait l'irrésistible avocat de cette spécificité napolitaine. Au point de rejoindre dans l'excellence - mais les choix des pièces vocales et instrumentales sont différents - l'album-emblème du collectif Turchini-Micrologus embrasé par le canto de Patrizia Bovi (un disque paru l'an passé chez Opus 111). Aussi bien, l'auditeur ne choisira pas entre ces deux hymnes éperdus à la cité bigarrée et libertaire qui a traversé les siècles. Naples est décidément imperméable à toutes les influences extérieures, qu'elles soient d'hier ou d'aujourd'hui.
(1) Parthénopée est l'ancien nom de la cité Napolitaine.
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