Johann Hermann Schein (1586-1630) |
Psaumes de David (extraits) La Capella Ducale, Musica Fiata, Köln
Roland Wilson, direction
Glissando (CD : 168 FF), 1999.
Amoureuse des sigles et des symboles, l'Allemagne s'est longtemps complue dans la contemplation de ses 3 " B " (Bach-Beethoven-Brahms). Une trinité que complète aujourd'hui, à la faveur du retour aux hautes époques, le trio des 3 " S " (Schütz-Schein-Scheidt) qui a donné, un siècle avant Jean-Sébastien l'Universel, comme un premier âge d'or à l'école d'Outre-Rhin. Dans ce trio, si la figure fondatrice reste Schütz, son cadet (d'un an) et ami Schein - mort prématurément à 44 ans - le vaut presque. Ce que révèlent ces Psaumes de David où un maître-musicien s'active, à l'écoute des avancées du style moderne, au tournant de la Renaissance et du Baroque naissant. Plus exactement, Schein y est plein d'un " intense désir d'Italie ", patrie des muses et des affetti. Un désir qu'il ne pourra assouvir sur le terrain - au contraire du Sagittarius Schütz - mais qui vibre tout au long du présent album, ardent hommage à la polychoralité vénitienne. Certes, cette polychoralité est dans l'air du temps, tant dans la péninsule qu'en Allemagne. Reste qu'au delà d'indéniables affinités schütziennes (les Psaumes de David de 1619, évidemment), Schein sait décliner sa différence en vrai stratège de la spatialité, jouant d'un foisonnement d'images dynamiques et festives " pour la plus grande gloire des Chapelles ". En tout cas, s'agissant de motets destinés au temple, ce n'est pas péché d'y céder. Surtout quand le dossier est plaidé comme ici par le stimulant atelier vocal de la Capella Ducale et le " concert " instrumental de Musica Fiata qui font de l'enthousiasme acoustique l'un des ressorts irrésistibles de la relecture " d'époque ".
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